Déchets

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1. Préambule.  

À compter du 1er janvier 2024, conformément au droit européen et à la loi antigaspillage de 2020, le tri des biodéchets est généralisé à tous : professionnels et particuliers.  

Sont concernés notamment les déchets alimentaires, aussi appelés « déchets de cuisine et de  table », produits par les ménages ou les professionnels de la restauration.  

Ces déchets, qui représentent une ressource importante en matière et en énergie, doivent être  valorisés spécifiquement, pour garantir une bonne qualité de traitement alors que leur élimination  actuelle par incinération ou par mise en décharge est un gaspillage énergétique et un contresens  écologique.  

Par ailleurs depuis le 1er janvier 2012, les personnes qui produisent ou détiennent une quantité  importante de biodéchets ont l’obligation de trier ces biodéchets et de les faire valoriser dans des  filières adaptées. Cette obligation qui s’est renforcée jusqu’à ce 1er janvier 2024 date à laquelle tous  les acteurs professionnels doivent trier leurs biodéchets sans seuil minimum.  

Dans son état des lieux de juillet 2023 l’ORDIF note cependant la faiblesse du chemin parcouru  depuis les premières incitations au tri des biodéchets, comme dans le respect des échéances  règlementaires. En juillet 2023 peu de collectivités avaient mis en place des actions d’envergure,  même si marginalement certaines d’entre elles avaient mis en œuvre des opérations « pilote » à très  petite échelle.  

De la même manière, à dire d’expert, les obligations imposées aux gros producteurs de déchets  alimentaires n’étaient pas respectées, faute de contrôles et de sanctions, y compris pour les acteurs publics.  

11,5 kg triés par habitant constituent la part méthanisée des biodéchets, dans le cadre de l’objectif de l’ORDIF visant une réduction de 50 % des biodéchets non triés. (Figure-1) 
 

Figure-1 

A l’échelle du SYCTOM et des 5,7 millions habitants de son territoire, ce sont ainsi à minima près de  66 000 tonnes de biodéchets méthanisables qui seraient collectées chaque année par le service  public, Le SYCTOM évaluant par ailleurs ses besoins de valorisation à hauteur de 100 000 tonnes par  an.  

Il appartient ainsi aux collectivités de se mettre enfin en ordre de marche pour atteindre ces  objectifs de collecte. 

 

2. Impact environnemental du projet.  

Pour l’Autorité environnementale, les principaux enjeux concernant l’environnement et la santé  humaine sont les suivants :  

• la protection de la ressource en eau sur les sites d’épandage ;  

• les nuisances (bruit, odeurs, trafic…) ;  

• la gestion de déchets valorisables, les déchets alimentaires ;  

• le bilan des émissions de gaz à effet de serre du projet et l’atténuation du changement  climatique  


2.1. Digestat.  

Les préconisations et questions sans réponse :  

Epandage en  

Normandie 

Il n’est pas donné de justification sur la nécessité de transférer le digestat  en Eure et Eure-et-Loir, alors que le Val d’Oise plus proche de Gennevilliers  aurait pu également le recevoir. 

Qualité agronomique  du digestat 

Il aurait été utile de connaître les retours d’expérience de l’éco-centre Ikos  Fresnoy-Folny (Seine-Maritime) exploité par PAPREC en partenariat avec  NATUP, en particulier pour l’impact du digestat sur la qualité des sols 

Ressource en eau 

Les avis de l’ARS Centre-Val-de-Loire, de l’ARS Normandie, de  l’hydrogéologue sont positifs aussi bien pour les impacts sur les milieux  naturels que sur le périmètre de protection des captages. 

Qualité de la collecte 

Même si la collecte n’est pas de la compétence du SYCTOM, le syndicat doit  avoir un objectif de contrôle de qualité sur les intrants en particulier pour  les déchets ménagers collectés dans le « diffus » (Point d’apport volontaire  et collecte en « porte à Porte »).  

Une caractérisation des flux entrants est à mettre en place pour  « qualifier » des processus de collecte qui seront hétérogènes. 

Processus de  

déconditionnement 

Ce processus est essentiel en particulier pour les flux « Tiers ».  Il est essentiel de préciser l’origine de ces flux qui représenteront les plus  gros volumes de biodéchets encore emballés :  

• rebus de fabrication agroalimentaire,  

• invendus de supermarché ou de plateformes logistiques,  • biodéchets issus de la restauration 


2.2. Bruit.  

2.2.1. Zones d’épandage.  

Lié à l’ensemble des activités agricoles, l’impact de l’épandage n’est pas significatif.  

2.2.2. Site de Gennevilliers. 

L’Autorité environnementale rappelle que Les principales sources sonores actuelles sont le trafic  routier, les entreprises voisines et le trafic aérien. Les seuils réglementaires de nuit en limite du site  (60 dB(A)) sont déjà dépassés sur trois des quatre extrémités de la parcelle d’implantation (62,5 à  65,5 dB(A)).  

Le mémoire en réponse à l’Autorité environnementale (Ae) apporte en particulier les réponses aux  justifications demandées par l’Ae concernant les émergences en ZER (Zones à Emergence  Règlementée).  


2.3. Odeurs.  

Deux niveaux de contrôles sont à mettre en œuvre :  

• Les jurys de nez, seuls capables de mesurer l’impact sur le cadre de vie des riverains et  pouvant déclencher un arrêt de l’exploitation dans le cadre de procédures contraignantes.  
• Les contrôles technologiques de performance en particulier pour l’hydrogène sulfuré et les  composés organiques volatils.


2.4. Transport  

L’étude d’impact (Tome-9/Partie-4) donne un aperçu du trafic de poids lourds aux horizons 2025 et  2035. La livraison des intrants est uniquement organisée par voie routière.  

En Comité d’administration du SIGEIF du 21 mars 2022, Mr Césari (SYCTOM) avait pourtant  annoncé : « Le transport est prévu par barges avec une double sécurité de caisson hermétique. Les  chargements à Ivry, à Romainville se feront sous des sas à pressurisation. L’utilisation des camions  est limitée au strict minimum pour approvisionner l’unité. Les barges de digestat n’attendront pas à  quai trop longtemps. »  

Pour rappel le centre de transfert du SYCTOM à Romainville est dimensionné pour le transit de  40 000 tonnes de déchets alimentaires par an, et participera pour une grande part au  fonctionnement de cette usine. Le transport par voie fluviale vers Gennevilliers est un mode de  transport qui ne peut être écarté.  

Alors que les alternatives au transport routier par la voie fluviale doivent être favorisées, en  particulier pour les unités de traitement et de transfert à proximité des axes tels que la Seine et le canal de l’Ourcq, l’approvisionnement par voie routière doit être revu pour le projet de  Gennevilliers.


2.5. GES.  

2.5.1. Unité de traitement.  

La qualité de la collecte des biodéchets issus des ménages est importante à mesurer pour éviter les  indésirables qui retourneront vers l’incinération et dévalueront l’impact du tri des biodéchets.  Les biodéchets issus des tiers apporteront une part d’emballages très supérieure à celle des  ménages. Cet impact doit apparaître dans l’évaluation des GES issus du processus mis en place à  Gennevilliers. 

L’étude d’impact (Tome-9/Partie-4) indique que les fuites de méthane pour l’ensemble de l’unité de  Gennevilliers correspondent à 1% du méthane produit, avec une incertitude de 300%.  Cette incertitude doit être levée pour une mesure concrète du méthane émis sur le site et la mise  en œuvre des mesures adaptées pour réduire le taux annoncé de 1%. 

2.5.2. Digestat.  

Le digestat issu de la méthanisation contient encore de l’ammoniac et du méthane. Le compostage  du digestat, pratiqué dans certaines unités de méthanisation, permettrait d’éliminer ces émissions.  Pourquoi ce mode de traitement n’a-t-il pas été retenu sur le site de Gennevilliers, ou celui de  Limay ?  


2.6. Implantation de l’usine.  

Le traitement des biodéchets au plus près de leur lieu de production est essentiel, en particulier pour  éviter les nuisances liées au transport. L’implantation sur des sites déjà artificialisés est par ailleurs  tout aussi essentielle dans l’application du ZAN (Zéro Artificialisation Nette). Le site d’HAROPA Port est tout à fait adapté à ce type d’activité.  


2.7. Risques technologiques.  

2.7.1. Avis de la BSPP (Préfecture de Police)  

Le projet de méthaniseur se situe dans un environnement très dense de sites ICPE et SEVESO. Cette  proximité doit être prise en compte, en particulier en fonction des effets « domino » associés à la  présence des activités industrielles du port, du stockage de substances dangereuses, d’erreurs  humaines ou actes de malveillance.  

Après un premier avis défavorable la BSPP a émis un second avis favorable sur les bases suivantes.  

Les modélisations réalisées pour l’étude de danger démontrent que des effets thermiques et de  surpression sortent du site et atteignent la parcelle exploitée par la société Mazeau. Cependant, au  vu de type d’activité exercée sur cette parcelle (tri de déchets inertes) et de sa densité d’occupation  qui est moindre, la situation semble acceptable quant aux conditions d’intervention des sapeurs pompiers. Cet avis est toutefois subordonné au maintien en l’état des aménagements et de l’activité  exercée par la société Mazeau.  

Pour la BSPP  

• Aucun effet domino interne ou extérieur au site n’est à redouter  

• Les effets générés par les accidents majeurs retenus sont estimés acceptables selon la grille  d’évaluation des risques qui tient compte des probabilités de survenue de tels accidents 

2.7.2. Avis de l’Autorité environnementale.  

Compte tenu de la configuration du site (surplomb du site par un viaduc routier à fort trafic) et de la  nature des dangers (nuages de gaz toxique, inflammable ou explosif), il est nécessaire de considérer  les zones de danger dans un espace à trois dimensions et non deux comme calculé dans l’étude  d’impact. Une appréciation de la cinétique des phénomènes dangereux permettrait de mieux  évaluer la vulnérabilité de certains enjeux et en particulier, des conducteurs des véhicules  empruntant le viaduc, pour en déduire des mesures spécifiques de maîtrise du risque.  La recommandation de l’Ae nécessitant de « déterminer les zones de danger dans un espace à trois  dimensions centré sur l’unité de méthanisation et d’évaluer la cinétique des phénomènes  dangereux considérés », n’a pas été fourni dans l’étude d’impact.  


3. Impact financier du projet  

3.1. Investissement  

Le tableau ci-après fait une comparaison entre le projet de Gennevilliers et l’unité de traitement de  la SEM (Société d’Economie Mixte) Sem’Soleil à Montbrison1.  

Figure-2 

 

L’investissement à la tonne traitée est 46% moins élevé à Montbrison qu’à Gennevilliers, alors que  le coût du MWh produit est pour sa part 73% moins élevé. Ces écarts de coût supportés par le  service public doivent être explicités.


3.2. Coût pour les collectivités.  

Le compte d’exploitation prévisionnel du projet (Figure-3) fait une différence entre le tarif appliqué aux biodéchets issus du SYCTOM et les biodéchets issus des tiers.  

Ce tarif doit être changé pour favoriser la collecte par le service public. Le tarif facturé au SYCTOM ne  peut être au dessus de celui facturé aux flux issus des tiers, qui par ailleurs sont pour la plupart  préemballés, nécessiteront plus d’énergie pour le déconditionnement, génèreront plus  d’indésirables.  

Figure-3 

Par ailleurs :  

En premier lieu alors que le SYCTOM traite à ce jour par incinération la quasi-totalité des OMR de  Paris, des départements de Seine-Saint-Denis et des Hauts-de-Seine, la mise en œuvre de la collecte  sélective des biodéchets a diversifié les opérateurs de collecte et de traitement par compostage ou  méthanisation. Il n’y a aucune certitude pour affirmer que la part « captive » du SYCTOM sera  entièrement traitée à Gennevilliers. En particulier ces nouvelles dispositions seront mises en  concurrence avec les filières organisées à ce jour pour la collecte et le traitement qui garantissent  des coûts de traitement inférieurs à 90€/tonne. Un déséquilibre entre les collectivités va s’installer  qui ne peut être acceptable.  

En deuxième lieu, en 2027 ce sont près de 28 000 tonnes de biodéchets des tiers qui seront traités  sur l’usine de Gennevilliers :  

• Aucune perspective n’est annoncée pour déterminer comment seront traités ces déchets à partir de 2031, alors que l’unité de Gennevilliers est particulièrement adaptée à leur  traitement.  

• Aucune perspective ne peut garantir que la loi du marché incitera les collectivités à faire  traiter leurs propres déchets à Gennevilliers plutôt que sur les autres sites de traitement qui  se seront développés à cette date, spécifiquement pour des motifs financiers.  

• Aucune perspective ne permet d’affirmer que le mix « biodéchets du SYCTOM/flux tiers » ne  persistera pas à Gennevilliers après 2031.  

Le tarif facturé aux collectivités doit se rapprocher du tarif pratiqué par le SYCTOM pour  l’incinération qui était de 103€/tonne en 20232 . Ce tarif doit tenir compte des alternatives déjà présentes sur le marché Francilien. 

FNE Ile de France émet un avis favorable à ce projet accompagné des préconisations suivantes :  

• Mieux mettre en œuvre le transport fluvial.  

• Mettre en place l’ensemble des moyens évitant les nuisances, en particuliers olfactives.  

• Adapter le tarif appliqué aux collectivités associé à la qualité de la collecte.  

• Il appartient aux collectivités de bien se mettre en ordre de marche pour atteindre les  objectifs de collecte. 

Sources : 

1https://montbrison.cvegroup.com/

2https://www.syctom-paris.fr/fileadmin/user_upload/37685_Syctom_RA_2023_et_Financier.pdf

Thématique
Climat, Air & Energie
methaniseur
Paragraphes
11,5 kg
triés par habitant constituent la part méthanisée des biodéchets, dans le cadre de l'objectif de l'ORDIF visant une réduction de 50 % des biodéchets non triés.

2024 NE BAISSONS PAS LES BRAS ! 

L’année commence mal ! L’environnement est sacrifié sur l’autel de l’agriculture productiviste. L’Europe revoit ses objectifs à la baisse pour la sortie des pesticides. 

La guerre en Ukraine entre dans sa troisième année. Celle en Palestine s’enfonce dans l’horreur… L’année commence même très mal, mais nous ne baisserons pas les bras pour autant. Les associations de défense de l’environnement qui se battent en Ile-de-France sont au cœur du système. C’est dans notre Région « capitale » que s’élaborent, souvent, les politiques publiques qui façonnent notre environnement. 

C’est là que se concentrent nombre de nuisances et d’inégalités, là aussi que s’expérimentent de nouvelles formes de gouvernance. Nous y participons activement afin de faire entendre la voix des citoyens et de trouver des solutions concertées avec tous les acteurs du territoire. Nous forgeons également de nouveaux outils tels que nos cartes de paysages afin de peser sur l’aménagement du territoire. Nos prises de parole sont attendues, notre fédération se renforce. 

Liaison est un atout de taille pour faire connaître nos positions et rendre compte de nos combats. C’est un rendez-vous régulier qui nous permet de faire le point. Le dossier de ce numéro est consacré aux biodéchets, il pointe l’importance de ce gisement et les manquements à l’obligation de collecte qui devait être généralisée en janvier 2024. Comme toujours, au fil des pages, nos fédérations départementales racontent leurs combats, lancent des alertes. 

Alors que nous nous préparons à fêter nos cinquante ans, le 14 mai prochain, nous sommes plus déterminés que jamais à faire entendre la voix de la société civile organisée. 

Souhaitons que nos mobilisations se traduisent également dans les urnes lors des élections européennes de juin prochain.

 

Sommaire
 

4 CRISE AGRICOLE La transition agroécologique grande perdante

5 HAUTS-DE-SEINE À Chaville, un pacte pour un urbanisme de dialogue 

6 HAUTS-DE-SEINE La cour de cassation met fin à une procédure «bâillon»

7 VAL D’OISE Une rocade routière inutile au détriment du climat et de la santé 

8 YVELINES A104 Bis, un projet anachronique

9 ESSONNE Les enjeux de la chute d’une compétence et d’une tradition industrielle

10 ESSONNE Le tram T7 va enfin pouvoir arriver à la gare de Juvisy 

11 SEINE-ET-MARNE Une colline de déchets toxiques à la place d’une réhabilitation environnementale

12-16 Dossier Pourquoi trier les biodéchets ? 

17 DÉCHETS Carrière de Guitrancourt un remblaiement problématique 

18 DÉCHETS Condamnation spectaculaire d’in trafic international de déchets

19 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE L’avenir de la Région se joue aujourd’hui 

19 EAU 2024 sera-t-elle l’année du grenelle de l’eau ?

20-21 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE CPER Mobilités : des petits pas en avant, des pas d’éléphant blanc en arrière

22-23 POLLUTION Un quatrième plan pour l’air en 2024

À lire

24 Mesure contre nature et Exploiter les vivants

Thématique
Magazine Liaison 202 France nature environnement Ile de France posé sur une surface de bois. On y voit une poubelle à compost et le symbole des trois flèches du recyclages au centre. Il s'agit de biodéchets à valoriser
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Le jeudi 29 février 2024 FNE Ile-de-France a organisé une conférence-débat sur le thème « Tri et valorisation des biodéchets : freins et leviers » à l’Académie du climat en présence de plusieurs acteurs de la chaîne des biodéchets. 

Depuis le 1er janvier 2024, les collectivités ont l’obligation de proposer à leurs habitants un système de collecte des biodéchets afin d’une part, de procéder à leur valorisation et d’autre part, de se mettre en conformité avec les objectifs européens de collecte des biodéchets. 
 

Les biodéchets, qu’est-ce que c’est ? 

Les biodéchets, également appelés déchets organiques, regroupent plusieurs types de déchets définis à l’article L. 541-1-1 du code de l’environnement dont : 
 

  • Les déchets de jardins et de parcs (dits déchets « verts »)

  • Les déchets alimentaires (des ménages, des bureaux, des restaurants, du commerce de gros, des cantines, des traiteurs ou des magasins de vente au détail ainsi que les déchets comparables provenant des usines de transformation de denrées alimentaires)

C’est sur les déchets alimentaires des ménages et assimilés (petits restaurants, petits commerces par opposition aux gros producteurs) qu’a porté la conférence car ils représentent une part significative de nos déchets (environ 1/3 de nos poubelles) et parce que ce sont eux qui sont visés par l’obligation de collecte mise en place en 2024. Aujourd’hui on estime à environ 1 million de tonnes, le nombre de déchets alimentaires des ménages et assimilés à collecter en Ile-de-France, or nous n’en captons qu’environ 15 000 tonnes aujourd’hui. Ce type de biodéchets constitue pourtant, par la possibilité de retour au sol qu’il offre, une ressource importante pour le compostage et la méthanisation.

 

Des solutions existent et ont été expérimentées : 

  • Depuis 2010, la ville de Paris s’est dotée d’un plan compost qui a permis de financer des composteurs individuels et collectifs pour les Parisiennes et les Parisiens. Aujourd’hui, Paris compte près de 1000 composteurs collectifs. Il y a, dans le 14ème arrondissement par exemple, une soixantaine de composteurs dans des lieux publics. 

  • De plus, la ville de Paris a également expérimenté la mise en place de points d’apports volontaires dans les différents quartiers de la ville et sur les marchés depuis 2020 avant de les généraliser début 2024. 

  • Enfin, la ville de Paris a souhaité collecter l’ensemble de la production de ses propres déchets alimentaires et a mis en place un système de collecte depuis 2018 pour les plus gros producteurs qu’elle a généralisé début 2024 pour collecter tous les producteurs. 

  • Un autre exemple de réussite de la collecte des déchets alimentaires a été réalisé par Plaine Commune en Seine-Saint-Denis car depuis le 11 janvier 2024 la totalité des déchets alimentaires des cantines du territoire est collectée

  • Pour sa part toujours en Seine-Saint-Denis Est-Ensemble, qui n’a pas pu être présent au colloque, a mis en place depuis longtemps le compostage collectif, et depuis le 1er janvier la collecte en point d’apport volontaire et la collecte en porte à porte avec l’entreprise Moulinot comme prestataire, également impliqué en méthanisation

Là où des solutions ont été testées, le bilan est plutôt positif car le geste de tri est bien réalisé. Cependant, pour envisager une généralisation de ces dispositifs, des freins persistent. 
 

Les défis liés à la généralisation de la collecte des déchets alimentaires : 

  • L’un des enjeux majeurs est l’impréparation de beaucoup de collectivités au 1er janvier, pour une « obligation sans contrainte », est aussi une lacune majeure pour une pratique jugée pourtant nécessaire à la transition écologique.

  • La sensibilisation : sensibiliser la population sur l’intérêt de trier ses déchets, notamment alimentaires est un chantier permanent. Discuter avec les citoyens et citoyennes du pourquoi et comment trier est nécessaire afin de développer une habitude du geste de tri. Plusieurs acteurs associatifs tels que PikPik Environnement ou le Réseau Compost Citoyen sont activement engagés sur ces questions de sensibilisation et forment des référents et référentes sur ces enjeux mais peinent à mesurer l’impact de leurs actions. 

  • La morphologie du territoire : La généralisation de la collecte des déchets alimentaires des ménages fait face à la diversité des territoires ce qui nécessite d’adapter les solutions de tri à chaque situation. Selon qu’une zone est rurale, pavillonnaire ou très densément urbanisée en habitat collectif, les solutions à mettre en œuvre ne sont pas toujours les mêmes. A titre d’exemple, le SIREDOM a mis en place un système de collecte des déchets alimentaires expérimental en Essonne afin de vérifier si le système mis en place fonctionnait aussi bien dans les zones pavillonnaires, habitat dense ou zones rurales. 

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Deux paumes de main portent des épluchures et restes de légumes et fruits, cela au dessus d'une terre labourée. Cela évoque le tri et la valorisation des biodéchets
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Le mardi 26 septembre 2023 FNE Ile-de-France a organisé un webinaire sur les enjeux, les freins et les leviers de la méthanisation en présence de GRDF et l’ORDIF, partenaires experts sur ce procédé d’avenir. Les intervenant.es ont échangé sur ces différents points, voici ce qu’il faut en retenir : 

LA MÉTHANISATION, C’EST QUOI ?

C’est l’utilisation d’un processus biologique naturel qui transforme la matière organique par une fermentation bactérienne et anaérobie (sans présence d’oxygène) ; elle est chauffée et brassée un à deux mois dans le digesteur et produit le digestat, fertilisant des sols et des cultures, et le biogaz, mélange de méthane, de CO2, d’hydrogène, d’eau et de quelques traces de gaz malodorant.
Les origines les plus courantes de cette ressource sont :

  • les cultures dédiées : les CIVE (cultures intermédiaires pour la valorisation énergétique),
  • les produits agro-industriels sans emballages issus de la première transformation,
  • les produits agricoles (fumier, lisier, résidus de céréales),
  • les biodéchets des ménages, des collectivités et des entreprises agroalimentaires,
  • les boues de stations d’épuration.

Enjeux de la méthanisation 

  • La méthanisation est un processus clé de décomposition anaérobique des matières organiques, produisant du digestat utilisé comme fertilisant et du biogaz, ce qui contribue à l’économie circulaire et à la valorisation des déchets.
  • Les intrants des méthaniseurs, comprenant une variété de déchets agricoles, industriels, urbains et les cultures intermédiaires à valorisation énergétique (CIVE), sont essentiels pour réduire la pollution et soutenir la production d’énergie renouvelable.
  • La méthanisation présente des avantages environnementaux, tels que la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la lutte contre la pollution des nappes phréatiques et la séquestration du CO2, renforçant ainsi la durabilité des pratiques agricoles et industrielles.

Freins à la méthanisation 

  • Malgré ses avantages, la méthanisation rencontre des défis, notamment en ce qui concerne la collecte et le traitement des biodéchets en milieu urbain et rural, ainsi que la qualité des intrants et des digestats.
  • Des problèmes techniques et réglementaires entravent parfois la mise en place de projets de méthanisation, ce qui nécessite une coordination efficace entre les acteurs et les autorités pour assurer la conformité aux normes environnementales et sanitaires.
  • La méthanisation agricole et industrielle soulève des questions sur la gestion des déchets et des polluants, notamment dans le cas des stations d’épuration, où la qualité du digestat peut être compromise par la présence de substances nocives.

Leviers pour promouvoir la méthanisation 

  • Des initiatives telles que le dispositif Prometha en Île-de-France soutiennent le développement de la méthanisation en accompagnant les porteurs de projets et en favorisant la cohérence avec les plans climatiques régionaux.
  • Des entreprises comme Moulinot proposent des solutions innovantes pour la collecte et le traitement des biodéchets, mettant en avant des principes d’économie circulaire, d’impact social et de collaboration entre les zones urbaines et rurales.
  • Malgré les défis, la méthanisation est envisagée comme un pilier essentiel de la transition énergétique en France, avec des objectifs ambitieux de production de biogaz, nécessitant une réglementation efficace, une surveillance constante et un engagement continu des parties prenantes pour garantir sa durabilité et son efficacité.

En conclusion, les réglementations doivent être appliquées rigoureusement pour limiter les impacts environnementaux de la méthanisation, avec une vigilance constante des acteurs et un dialogue territorial soutenu. Des outils tels que le méthascope de FNE fournissent des ressources pour évaluer les projets de méthanisation et promouvoir les bonnes pratiques.

Pour approfondir sur le sujet : 

Article FNE Seine et Marne : La méthanisation une filière vertueuse 

Article : Méthanisation : définition, atouts et enjeux 

Outil d’aide au positionnement sur les projets de méthanisation : Méthascope 

Liaison n°186 : La méthanisation en Ile de France | FNE Île-de-France 

Article : FNE Ile-de-France visite un méthaniseur agricole

 

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