Les JO 2024 à Paris : un satisfecit à nuancer
Le Comité d’organisation des JO Paris 2024 a rendu public hier son bilan financier, se félicitant d’un excédent de 27 millions d’euros. Il a aussi publié les résultats du bilan carbone (1,59 millions de tonnes de CO2 ) conforme à son engagement de réduction de moitié par rapport aux Jeux de Rio et de Londres. Derrière le satisfecit général, FNE Ile-de-France tire son propre bilan environnemental et social.
Certes des héritages positifs sont visibles pour la Seine Saint Denis : changement d’image, nouvelles infrastructures, nouveaux équipements sportifs, amélioration de l’accessibilité par les transports en commun. Si la transformation urbaine liée à la reconversion des villages olympiques et des médias va créer de nouveaux logements et des espaces verts publics, elle accélère aussi le mouvement de gentrification d’un département qui souhaite pourtant faire perdurer la mixité sociale dans le logement et concrétiser l’héritage des Jeux pour la vie quotidienne des habitants.
Certes la baignabilité de la Seine dans 32 sites est annoncée pour les années à venir mais la qualité de l’eau reste encore liée aux aléas climatiques facteurs de pollution, à l’achèvement des nombreux raccordements aux installations d’épuration et à l’accélération de l’électrification des bateaux.
Certes les bénéfices liées à la billetterie seront, nous dit on, « réinvestis dans le sport » mais le budget de l’Etat a supporté les frais (1,4 milliard d’euros) de la sécurité, et le soutien des collectivités locales aux associations sportives et culturelles sera grevé par les réductions budgétaires annoncées par l’Etat pour les années à venir.
Le recours, pour 95 %, à des équipements et infrastructures existantes était un atout pour ces Jeux qui se voulaient exemplaires en matière « d’excellence environnementale » sur tous les plans. Mais pour FNE Ile-de-France le bilan carbone présenté reste à approfondir car si de vrais efforts en terme de sobriété énergétique et d’économie circulaire (par exemple réemploi des matériaux pour la construction, raccordement des sites par ENEDIS au réseau électrique pour éviter le recours aux groupes électrogènes) ont été réalisés, les émissions de gaz à effet de serre du transport des visiteurs ont explosé représentant 53% de l’empreinte carbone globale.
L’objectif de réduction des plastiques à usage unique enfin est entaché par les pratiques d’un des principaux sponsors des Jeux, elles ont été dénoncées par FNE au niveau national qui a porté plainte contre Coca Cola.
Le concept actuel des JO dans un monde où le réchauffement climatique s’accélère nous semble dépassé.
Certes un nouvel outil « coach climat » a été élaboré dans le cadre des Jeux pour aider à concevoir à l’avenir, des manifestations sportives et culturelles exemplaires en termes de sobriété et de bilan carbone mais les prochaines grandes rencontres internationales de football ne semblent pas s’inscrire dans cette dynamique. Et la candidature de la France pour des Jeux d’hiver dans les Alpes où la neige se raréfie nous paraît erronée.
A l’heure où les progrès technologiques inondent notre quotidien il convient de faire évoluer le concept des JO, dans sa forme et son contenu (explosion du nombre des disciplines, impact croissant des déplacements aériens internationaux) et d’innover en ciblant, dans chaque continent, des possibilités de retransmissions de rencontres sportives plus ciblées et très encadrées en terme d’impact environnemental.
Contact presse :
Muriel Martin-Dupray, co-présidente de FNE Ile-de-France
muriel.martin-dupray@fne-idf.fr