Sécuriser l'approvisionnement
FNE Ile-de-France n’a pas attendu la crise du Covid-19 pour mettre en avant le lien entre biodiversité, alimentation, agriculture et changement climatique et la nécessité, pour maintenir ou reconquérir la première de préserver les terres agricoles et d’y développer une culture paysanne locale et biologique.
En nous contraignant à revenir aux besoins fondamentaux dont le premier est l’accès à la nourriture, la pandémie a mis en exergue les failles de notre modèle d’alimentation et d’approvisionnement, que ce soit au niveau de la production, de la transformation, de la distribution. Elles ont fait l’objet d’une prise de conscience par le grand public et les avantages de la proximité et des circuits courts ont été fortement médiatisés. Des questions ont été soulevées concernant les liens de la crise sanitaire avec, entre autres, l’érosion de la biodiversité et la destruction des milieux naturels, les systèmes de production agricoles et alimentaires et, bien sûr, les transports internationaux des denrées.
Le cas particulier de l’Ile-de-France
Avec plus de 12 millions de consommateurs, et, malgré nos 569 000 hectares de terres agricoles, nous importons 90 % de notre alimentation ! La crise du Covid a révélé notre dépendance et la menace d’une pénurie alimentaire résultant du blocage des circuits. Or, au niveau régional, ce sont les milieux agricoles qui sont les plus impactés par l’urbanisation alors que leur préservation est la condition sine qua non pour une agriculture nourricière locale. Si le développement d’une agriculture urbaine a son rôle à jouer, il est néanmoins vital pour la région de stopper l’étalement urbain périphérique et de ne plus empiéter sur les espaces ruraux, en y préservant les espaces naturels, agricoles et forestiers. Aucun hectare ne doit plus être soustrait à l’agriculture !
Les capacités d’acceptation et d’absorption par notre territoire et ses écosystèmes des impacts de nos comportements et modes de consommation ne sont pas illimitées. Cela a des répercussions sur l’environnement, la qualité de vie, la santé des Franciliens qui sont nombreux à éprouver un sentiment de saturation de leur région. C’est non seulement dans le domaine du foncier qu’il va falloir devenir sobre, mais aussi dans celui de la consommation des ressources, de l’énergie, des déchets…
Mettre en œuvre les outils existants
Il faudra faire jouer à fond le développement de l’agriculture urbaine et les dispositifs d’aide à la reconquête des friches franciliennes mis en place par la région. Vérifier la traduction sur le terrain de l’objectif zéro artificialisation nette (ZAN), nous attendons beaucoup des mesures gouvernementales pour la sobriété foncière. Dans les projets d’aménagement, n’utiliser la compensation de la logique Éviter – Réduire - Compenser qu’en dernier recours et s’assurer qu’elle ne soit pas pervertie par une absence de désimperméabilisation des sols.
Aller plus loin
La crise va-t-elle avoir des répercussions durables sur les comportements des consommateurs ? Il ne faudra pas oublier que la nourriture est le premier des besoins, que c’est l’agriculture qui répond à ce besoin, les circuits courts assurant autonomie et sécurité. Le remaillage du territoire et la relocalisation de certaines productions seront donc indispensables. La relocalisation industrielle sera l’opportunité de reconquête du bâti existant et d’utilisation d’anciennes usines désertées, en évitant ainsi la disparition de terres agricoles.
C’est une réelle volonté politique que devront montrer l’État et les autres institutions pour que les plans de relance soient des accélérateurs de transition écologique et que l’on ne revienne pas au « monde d’avant ». Il faudra que la PAC post 2020 soutienne une agriculture paysanne vertueuse et non plus une agriculture intensive polluante.
Jane BUISSON
FNE Ile-de-France