L'agriculture a besoin de la nature : notre position sur la crise actuelle
Réconcilier protection de l’environnement et agriculture
Les récentes déclarations du gouvernement visant à annuler un grand nombre de dispositions protectrices de l’environnement nous affligent, tout comme notre fédération nationale et nos homologues en région.
Nous tenons à rappeler l’importance, pour la biodiversité, le climat, la santé des habitant.e.s et des agriculteurs, et l’agriculture elle-même, de concilier agriculture et protection de l’environnement.
Un peu d’histoire
En 80 ans l’agriculture française a subi une mutation qu’aucun autre secteur économique n’a vécu. Dix millions d’agriculteurs en 1945, et aujourd’hui moins de 400 000 exploitations et 250 000 ouvriers agricoles. L’île-de-France a suivi encore plus rapidement ce mouvement puisqu’elle n’abrite plus que 4425 exploitations, dont 79 % en «grandes cultures». Seuls 6,8 % de la surface agricole utile sont cultivés en agriculture biologique, ce qui représente 14,9 % des exploitations.
La course au machinisme et l’agrandissement des parcelles cultivées dans les plaines et plateaux franciliens ont entrainé la diminution de tous les types d’élevage (moins de 10 000 bovins en Ile-de-France) donc moins d’amendements naturels, la suppression des haies pour le passage des machines et le recalibrage des rus pour un drainage des sols. La polyculture s’est transformée en une monoculture quasi industrielle basée sur le tryptique : céréales, oléagineux, protéagineux auxquels s’ajoutent betteraves et pommes de terre.
Le maraichage intense qui permettait de nourrir en partie les grandes villes franciliennes a disparu, les sols ayant été bâtis. Heureusement, un groupe d’agriculteurs s’est tourné vers des modes de cultures plus respectueuses de la nature et près de 700 exploitations bio sont actuellement en activité auxquelles se joignent des exploitations en agriculture de conservation.
Les méthodes de cultures actuelles hors bio entrainent une intense perte de la biodiversité (48 % d’oiseaux en moins), les sols perdent une partie de leur microflore (bactéries et microchampignons), ils sont compactés par les lourdes machines et l’eau de pluie y percole moins (croute de battance). Ajoutés à cela les excès d’utilisation des engrais dont on retrouve les nitrates dans toutes les eaux de ruissellement et dans les nappes phréatiques ainsi que les produits phytosanitaires qui polluent les plantes, les sols et l’air.
De manière générale, l’agriculture francilienne s’en sort plutôt bien, mais les agriculteurs bio sont à la peine ; une nouvelle révolution agricole se fait attendre, et elle doit être agroécologique.
Pourvoir aux besoins du plus grand nombre dans le respect du vivant
Au total, si la révolution chimique et phytosanitaire a permis une augmentation très forte des productions végétales, elle a eu une contrepartie qui actuellement interroge. Ce n’est pas en s’affranchissant des règlementations sur les usages de la chimie agricole et de la disposition des eaux que se règleront les soucis actuels de l’agriculture, mais en protégeant les agriculteurs bio, les terres menacées par la bétonisation comme à Gonesse, Saclay, Val Bréon et tant d’autres, et en soutenant les projets d’avenir comme Grignon 2026.
Auguste Comte disait déjà au XIXème siècle « Savoir pour prévoir afin de pourvoir », nous savons grâce aux sciences agricoles et médicales où nous en sommes, nos technologies permettent les prévisions alors essayons de pourvoir au plus grand nombre dans le respect du vivant.
Nous avons dès lors signé la tribune « Agriculteurs et écolos : nous refusons d’être catalogués comme ennemis » de Terre de luttes.
Et partageons les communications de FNE national :
- Un communiqué de presse Colère des agriculteurs : la transition agroécologique comme modèle de sortie de crise pour exprimer son soutien aux agriculteurs.trices qui demandent à pouvoir vivre dignement de leur travail, et qui se font exploiter par un modèle agroindustriel soutenu par les gouvernements successifs et la FNSEA. Y est dénoncée l’instrumentalisation du débat qui consiste à opposer monde agricole et mouvements écologistes, et y est proposée la transition agroécologique comme réponse structurelle de sortie de crise.
- Un dossier présentant les 15 propositions de FNE pour un système agricole et alimentaire plus juste et plus durable.
- Un décryptage des annonces faites par Gabriel Attal vendredi 26/01 sur les normes environnementales agricoles, sous forme de vrai/faux.
- Un communiqué de presse Gabriel Attal tire à côté de la cible une fois sur deux suite aux annonces du jeudi 01/02
Suite à ces publications, FNE a été sollicitée par de nombreux médias, ce qui a été l’occasion de défendre sa vision de l’agriculture et de la nécessaire transition agroécologique. Une liste non-exhaustive des interviews des derniers jours :
- Antoine Gatet (président FNE) sur France Info et de nouveau ici et ici
- Antoine Gatet (président FNE) et d’autres ONG dans le Monde-
- Antoine Gatet (président FNE) sur France 3
- Arnaud Clugery dans France Info
- Antoine Gatet au 20h de France 2
- Raoul Leturcq sur France Info
- Laure Piolle sur BFM Paris Ile de France
- Thibault Leroux sur RMC