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La transition agroécologique grande perdante

Publié le 18 avril 2024
La « pause » du plan Ecophyto annoncée par le Premier ministre, Gabriel Attal, contredit l’objectif de réduction de l’usage des produits phytosanitaires, ambition promise par Emmanuel Macron au début de son quinquennat. Alors que d’autres États membres de l’Union européenne connaissent eux aussi d’importantes mobilisations d’agriculteurs, comment celle-ci va-t-elle orienter sa politique ?

Les conclusions des expertises scientifiques collectives* menées en 2020-2021 à la demande du gouvernement dans le cadre du plan Ecophyto ont démontré l’ampleur des impacts des pesticides sur la santé humaine et l’environnement et mis en évidence des alternatives agroécologiques capables de répondre aux enjeux environnementaux tout en préservant la production agricole.

Dans son rapport rendu public le 21 décembre 2023, une commission d’enquête parlementaire révèle l’échec des plans successifs de réduction de l’usage des pesticides, sans aucune baisse significative depuis 2008 : alors que le plan Ecophyto devait permettre une réduction de 50 % à l’horizon 2018 et qu’aucune baisse n’avait été amorcée en 2015, le plan Ecophyto 2 repoussait l’échéance à 2025 et on passait, en 2018, au plan Ecophyto 2 +, fixant cette fois-ci 2030 comme horizon.

Des annonces alarmantes

Alors que le productivisme agricole est remis en cause (atteintes à la santé et à l’environnement, protection due aux animaux, appauvrissement des sols, épuisement et pollution des nappes phréatiques, etc.) et que les normes environnementales sont, il faut le reconnaître, inintelligibles et peu efficaces sur le plan écologique, on assiste à une instrumentalisation particulièrement détestable du débat, consistant à opposer monde agricole et mouvements écologistes, agriculture et environnement.

Les agriculteurs sont mobilisés pour revendiquer des revenus et des conditions de travail décents, ils souffrent de la faible rémunération de leurs productions, de la concurrence déloyale des importations. Manque de cohérence ou complaisance de l’exécutif lorsque, pour répondre à la crise, il annonce des mesures signifiant un recul pour la transition agroécologique ? Pourtant, il est démontré scientifiquement que celle-ci constitue une réponse structurelle qui contribuera à sortir le monde agricole de la crise qu’il subit aujourd’hui, et on dispose des leviers financiers et réglementaires pour la favoriser.

Des alternatives

Il est indispensable que les financements visent une convergence entre écologie et agriculture. L’agriculture biologique étant une des formes les plus abouties de l’agroécologie, FNE Ile-de-France soutient les revendications de la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB) demandant :

  • Un plan d’urgence pour maintenir les 60 000 fermes bio en bio et les aider à passer la crise économique,

  • La revalorisation des aides PAC pour les agriculteurs bio pour assurer la rémunération des services environnementaux qu’ils rendent,

  • Le maintien des ambitions environnementales, sans suspension du plan Ecophyto.

On se pose aussi légitimement des questions au sujet de la future Loi d’orientation agricole (LOA) et du pacte en cours d’élaboration…

Rassemblement FNAB le 7 février « Pas de pause pour la bio »

Les quinze pistes proposées par FRANCE NATURE ENVIRONNEMENT pour un système agricole et alimentaire plus juste et plus durable ont pour objectif de

  • Protéger le foncier agricole et augmenter massivement le nombre d’agriculteurs et d’agricultrices portant des projets agroécologiques,

  • Généraliser l’agroécologie, dont l’agriculture biologique,

  • Accompagner la transition de l’élevage et la réduction de la consommation de viande, dans une trajectoire du « moins et mieux »,

  • Reconnecter l’agriculture et l’alimentation, notamment par la territorialisation des systèmes agricoles et alimentaires, pour les rendre résilients face aux risques climatiques, économiques ou géopolitiques et sécuriser des débouchés à la transition.

*Travaux coordonnés par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer). 

Jane BUISSON

Pilote du groupe de travail 
Agriculture-Forêt à FNE Ile-de-France

Cette article est issu du Liaison n°202 - biodéchets : quelle collecte pour quelle valorisation : Consulter le Liaison 202.


 

Info-clé
60 000
Fermes concernées par un plan d’urgence pour les maintenir bio et les aider à passer la crise économique

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