Aménagement de l’île Seguin : Nouvelle consultation du public !
Le maire de Boulogne-Billancourt a organisé, au mois de juillet, une procédure de participation du public par voie électronique portant sur un permis d’aménagement de l’île Seguin et de sa partie centrale en une « île jardin ».
Un protocole transactionnel, signé le 6 avril 2023, fruit de plusieurs mois de négociations entre six associations, Bouygues Immobilier et la société publique locale (SPL), porte sur une réduction substantielle du volume et de la hauteur des bâtiments projetés et l’augmentation de 1,5 à 3,5 hectares minimum de la surface des espaces verts en pleine terre réalisés sur l’île. Un comité de suivi composé des représentants des parties a été créé pour l’exécution de ce protocole et réuni une seule fois : le 23 novembre 2023.
Le Non-respect du protocole d’accord
Les associations n’ont pas été associées aux études préalables du permis d’aménager mis en consultation publique. Le protocole stipulait pourtant très clairement leur participation en amont aux études du nouveau projet de végétalisation de l’île.
Plusieurs questions méritent cependant un vrai débat, notamment :
- La pollution des sols laissée par l’ancien propriétaire Renault qui pourrait remonter au travers de la couche de terre végétale qui recouvrira le sol : quelles garanties sont apportées par l’aménageur sur la dépollution des sols ?
- Le sujet très sensible de la réversibilité des 45 000 m2 de bureaux en logements annoncé dans le permis d’aménager : cette proposition a été émise par le préfet pour l’obtention de l’agrément bureau, condition préalable à la délivrance d’un permis de construire. La ville de Boulogne présente, en effet, un mauvais équilibre logement/bureau et est carencée en logements sociaux (loi SRU). Outre le fait que le PLUi interdise le logement sur l’île, la transformation de bureaux en logements est techniquement possible, mais doit être anticipée. Rien n’est surtout prévu pour les équipements publics et commerces nécessaires au fonctionnement d’un quartier d’environ 550 à 600 logements, ce qui représenterait environ un millier d’habitants.
- De façon générale, la superficie concrète des différents ensembles annoncés et leur statut domanial (jardin public clôturé, berges hautes et basses, rue centrale, rue intérieure du lot Emerige, places et parvis) n’apparaît pas chiffrée, évinçant en conséquence la question de la pleine terre et de sa superficie minimale de 3,5 hectares.
- Le planning : il est prévu une ouverture au public avant 2026. Est-ce que les espaces publics seront réalisés et ouverts dans le cas où Bouygues, dans le contexte économique très difficile pour l’immobilier tertiaire, ne donnerait pas suite à son projet ?
Les associations ont, en conséquence, émis un avis défavorable sur la forme et le fond à cette demande de permis d’aménager, rejoignant sur de nombreux points les recommandations émises par la MRAe consultée sur ce permis.
Irène NENNER
Au nom des associations : Environnement 92, La Seine n’est pas à vendre, Nous Sommes Boulogne, France Nature Environnement Ile-de-France, Association Rives de Seine.
Pour aller plus loin :
- L’Avis délibéré de la Mission Régionale d’autorité environnementale (MRAe) sur le projet d’aménagement de l’île Seguin – Rives de Seine à Boulogne-Billancourt (92)
- Le numéro n°204 de notre magazine Liaison : «Pour une écologie populaire»