Projet de Méga-complexe à Argenteuil : Première victoire pour l’île Héloïse
En juillet dernier, la municipalité d’Argenteuil a renoncé au projet immobilier Fiminco. Le promoteur attaque les associations et la mairie en justice, il réclame 28 millions d’euros !
En mars 2016, la municipalité d’Argenteuil annonçait au centre de l’ancienne île d’Argenteuil, dite « île Héloïse », un « pôle de loisirs ». En fait, l’île est un pôle de loisirs et d’événements depuis le temps des Impressionnistes ! Sa partie centrale, jadis place des Fêtes, accueille la salle des fêtes municipale Jean-Vilar, un square avec des platanes, sans doute plus que centenaires (ensemble arboré remarquable selon l’association ARBRES), et un parking servant tant à la salle des fêtes qu’au conservatoire qui lui fait face et au marché voisin.
Depuis quatre décennies, l’île est coupée de la Seine par une 2 x 2 voies, ce qui l’a bien dégradée ; les projets pour la renaturer et retrouver la continuité se sont succédé sans se concrétiser.
À l’inverse, le « pôle de loisirs », annoncé en 2016, devait comprendre :
156 logements, dans des tours jusqu’à 30 m de haut
un centre commercial avec un hypermarché… à 400 m d’un autre centre commercial, Côté Seine, de taille similaire ;
une nouvelle salle de spectacles, de même format que Jean-Vilar, et un multiplexe de neuf salles, empilées jusqu’à près de 45 m de haut… à 400 m du cinéma municipal Le Figuier blanc récemment reconstruit (voir Liaison n° 176, avril-mai 2017).
Le tout sur 20 000 m2 de terrain inondable, vendus quelques millions sans appel d’offres au promoteur Fiminco.
Des pouvoirs publics sous pression citoyenne
Face à ce projet absurde, climaticide, spoliateur du bien commun, lancé sans la moindre concertation et à l’opposé des orientations d’aménagement antérieures, une association s’est créée : le comité Jean-Vilar.
Le comité a recueilli à Argenteuil une immense adhésion, avec une pétition de plus de 9 000 signatures, une participation nombreuse et quasi unanime aux enquêtes publiques, plusieurs manifestations sur la voie publique. FNE Ile-de-France, FNE Val-d’Oise, notamment, et de nombreuses associations locales et régionales (culturelles, environnementales, cyclistes…) se sont associées à ces manifestations et à des recours, gracieux ou contentieux, qui sont toujours en cours.
La Mission régionale d’autorité environnementale a rendu un avis très critique ; le commissaire enquêteur chargé de « l’enquête publique unique » a donné un double avis défavorable, à l’autorisation environnementale et au permis de construire.
En 2019, le maire a suspendu deux ans sa décision sur le permis de construire… puis, les élections de 2020 passées, a validé un projet un peu augmenté ! Mais avec un parking divisé par deux – on n’aurait qu’à pousser son Caddie dans les rues du centre-ville.
Trois années de lutte plus tard, coup de théâtre : le 4 juillet 2024, le maire reçoit le comité Jean-Vilar et lui annonce l’abandon du projet : la Ville cesse de proroger la promesse de vente, qui devient donc caduque.
Victoire totale, sans aucune concession de notre part ; au contraire, la Ville annonce un aménagement futur fondé sur « la nature et l’eau » ! Immense merci à celles et ceux qui y ont contribué, dans toute la région !
Une victoire qui reste fragile…
Fiminco poursuit et nous poursuit : il prétend que la promesse de vente, même non prorogée, reste valide. Que ces années de retard lui coûtent… plus de 28 millions. Et il assigne devant le juge judiciaire, pour « recours abusifs », FNE 95, le comité Jean-Vilar et toutes les associations et les personnes physiques requérantes, sans oublier Casino ni la Ville.
Le combat continue donc. Toutes les contributions restent précieuses !
Frédéric Lefebvre
Pour le comité Jean-Vilar