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Projet de Plan de Prévention du Bruit dans l’Environnement de la Métropole du Grand Paris : FNE Ile-de-France donne son avis favorable
Depuis sa création, FNE Ile-de-France s’engage pour la protection des populations et de la biodiversité face aux multiples pollutions sonores de notre environnement. Après avoir émis ses recommandations sur la révision du plan de prévention du bruit de la Métropole du Grand Paris (PPBEM) en septembre 2024, FNE Ile-de-France a déposé sa contribution à la consultation publique pour le futur PPBEM. Grâce aux travaux de Bruitparif, au rapport sénatorial du 25 juin 2025, aux travaux du CESER et à l’implication de ses membres, FNE Ile-de-France a souhaité rendre son avis le plus éclairé possible sur le diagnostic et la quarantaine de mesures proposées par la Métropole.
En effet, le Plan de Prévention du Bruit dans l’Environnement Métropolitain de la Métropole du Grand Paris (PPBEM pour les intimes) de troisième échéance s’est achevé en 2024. La Métropole travaille à présent à un nouveau PPBEM pour couvrir la période 2025-2029.
Le projet de PPBEM soumis à consultation du public intègre un certain nombre de nos recommandations passées, mais souffre toujours de certaines lacunes. Porter un PPBEM ambitieux est crucial, alors que 85% de la population de la Métropole (près de 6 millions de personnes) est exposée à des bruits des transports dépassant les normes de l’OMS et que le coût social du bruit est estimé à plus de 42 milliards d’euros par an pour la région. En effet, les pollutions sonores ont des effets sur la biodiversité et sur la santé humaine : obésité, maladies cardio-vasculaires, baisse de la concentration, diminution de la qualité du sommeil.
Des indicateurs inadaptés aux nuisances réelles
Les indicateurs actuellement utilisés pour mesurer les niveaux d’exposition au bruit ne sont pas pertinents. En effet, ils mesurent l’énergie sonore reçue en moyenne sur une certaine période (jour, nuit ou journée complète, voire année). Les habitants ne perçoivent pas la baisse sonore d’un bruit passant de 65 dB(A) à 62 dB(a) alors que l’énergie sonore a été divisée par 2. Alors qu’ils perçoivent fort bien un bruit de forte intensité sur un temps court ou pic de bruit. L’indicateur énergétique efface l’effet des pics de bruit, subis notamment par les riverains des aéroports et des voies ferrées. De nouveaux indicateurs sont donc nécessaires pour appréhender au mieux les nuisances réellement vécues.
À cela s’ajoute le manque d’ambition de la réglementation en matière de bruit : 10 décibels d’écart entre les limites réglementaires et les recommandations de l’OMS pour le bruit aérien, et près de 20 pour le bruit ferroviaire !
FNE Ile-de-France salue le travail de la Métropole pour mieux prendre en compte ces différences et évaluer les effets du bruit sur les populations en fonction des deux indicateurs. Elle doit maintenant faire passer ce message à l’État, pour que de nouvelles normes réglementaires protègent mieux les habitants.
Pour cela, il faut aussi augmenter le nombre de stations de mesure du bruit, notamment pour le bruit ferroviaire et en dehors de Paris.
Bruits de voisinage : grand absents de ce PPBEM
Les bruits de voisinage nocturnes (cafés, restaurants, salles de spectacle, boîtes de nuit, …) sont une cause majeure de pollution sonore, dont le PPBEM ne tient pas compte. Pourtant, 36% des franciliens considèrent que les bruits entendus depuis le domicile sont les plus gênants. Afin de maîtriser et réduire ces pollutions, nous plaidons pour l’établissement de valeurs limites légales de bruit pour les bruits de voisinage extérieurs, basées sur des indices évènementiels (pics de bruit). Nous demandons également de nouvelles réglementations pour les Établissements Recevant du Public (ERP) et les manifestations festives ponctuelles, en particulier concernant les sons de basse fréquence.
Ainsi, en matière de voisinage, nous suggérons de créer des comités de quartier pour améliorer le dialogue entre riverains et la médiation à l’échelle locale, sur le modèle du comité local de lutte contre le bruit du 17ème arrondissement de Paris.
De plus, le bruit de voisinage, aussi bien extérieur qu’intérieur, doit faire l’objet d’une attention particulière lors de la construction et de la rénovation des bâtiments.
Bruits des transports : quelques pistes à explorer
Les transports sont des causes majeures de pollution sonore, avec près d’un million de personnes gênées dans la Métropole.
Le bruit du trafic routier est malheureusement toujours le plus important et celui affectant le plus de métropolitains. Mais les effets sonores du trafic routier sont plus grands dans les trois départements de petite couronne qu’à Paris : il faut donc que la régulation de ce trafic soit plus importante et que les efforts pour changer de mode de transport soient en liaison avec les améliorations des transports en commun.
Nous encourageons aussi la Métropole à poursuivre l’étude de la propagation des bruits et vibrations causés par le transport ferroviaire.
Concernant l’aviation, FNE Île-de-France et ses associations membres préconisent plusieurs mesures : allongement de la durée des couvre-feux, généralisation de la descente continue, interdiction des appareils les plus bruyants, réduction et plafonnement du trafic.
Réduction du bruit à la source
Le meilleur moyen de limiter les pollutions sonores est d’utiliser des transports ou des outils peu bruyants. Pour cela, de nombreuses actions sont possibles : amélioration de la circulation routière, application d’enrobés phoniques, utilisation de modes de transport doux pour les livraisons et le travail des agents des services publics (ramassage des déchets, nettoyage des rues), … Sensibiliser tous les acteurs (habitantes et habitants, services municipaux, gestionnaires des établissements recevant du public et maîtres d’ouvrage) permet aussi de réduire les risques liés au bruit.
Les zones végétalisées permettent elles aussi de limiter la propagation des sons et d’en diminuer la perception (effet psychique).
Lorsque le bruit ne peut pas être évité, alors des actions de réduction des impacts du bruit sont nécessaires : isolation phonique des bâtiments (en priorité les établissement recevant des publics sensibles, comme les crèches, écoles et hôpitaux), végétalisation des rues, … Notre outil Cartovégétation permet aux municipalités d’identifier les zones idéales pour réduire les pollutions sonores tout en favorisant la biodiversité.
Et en cas de dépassement des seuils, le principe du pollueur-payeur doit être appliqué, que cela concerne des nuisances causées par des transports, des travaux ou des activités de riverains.
Conclusion
En définitive, le projet de PPBEM propose plusieurs avancées : par exemple, il identifie bien les populations souffrant de dépassement des valeurs de l’OMS et la nécessité de réviser les réglementations. Le document soumis par la Métropole du Grand Paris propose aussi de mener conjointement les travaux de rénovation thermique et acoustique des bâtiments, notamment ceux accueillant des personnes sensibles (écoles, hôpitaux, …).
Les efforts de la MGP sont continus depuis 10 ans, il faudra qu’à la fin de ce nouveau PPBEM, un bilan puisse être tiré afin d’évaluer les actions les plus efficaces et trouver des solutions pour celles qui l’ont moins été.
Il sera donc essentiel, pour le bien-être des métropolitains et métropolitaines comme de la biodiversité, que des mesures ambitieuses soient prises, en particulier concernant le bruit de voisinage et les nuisances causées par les différents transports. Les dynamiques socio-économiques à l’œuvre au sein de la Métropole doivent aussi permettre de cibler au mieux les actions.
FNE Île-de-France recommande en priorité :
Revoir les indicateurs de mesure du bruit pour mieux prendre en compte les pics sonores, notamment pour les riverains d’aéroports ou de voies ferrées, et ne plus se limiter à des moyennes énergétiques peu représentatives.
Augmenter le nombre de stations de mesure du bruit, en particulier pour le bruit ferroviaire et hors Paris.
Intégrer le bruit de voisinage dans le plan, avec l’établissement de valeurs limites légales et la réglementation des ERP et événements festifs, notamment sur les basses fréquences.
Favoriser la réduction du bruit à la source, via des matériaux phoniques, des transports doux pour les services publics, et des livraisons silencieuses.
Appliquer le principe du pollueur-payeur en cas de dépassement des seuils réglementaires, qu’il s’agisse de transport, travaux ou nuisances privées.
Les populations les plus défavorisées étant souvent les plus touchées par les pollutions, elles doivent faire l’objet d’une attention particulière et pouvoir prendre pleinement part aux travaux de réduction et de protection contre le bruit.
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