Plan régional Santé Environnement 3 (PRSE3)
La santé est, selon la définition de l’OMS, le complet bien-être d’un individu et non juste l’absence de maladies ou d’infirmités. C’est une notion complexe, prenant en compte de nombreux critères allant de la situation de l’individu (matérielle, logement, formation, relations sociales…) à l’absence de maladies. L’environnement au sens large, c’est-à-dire tout ce qui entoure l’individu (air, eau, sols, nature, faune, flore, activités humaines…) et aussi ce que consomme l’individu, est le facteur primordial définissant sa santé.
L’État et la Région veulent diminuer l’effet des nuisances environnementales (pollutions des milieux naturels) sur la santé de la population. Le PRSE3 est une déclinaison adaptée à la Région Île-de-France du plan national Santé Environnement 3. Un tel plan implique que des actions concrètes soient mises en place afin d’améliorer ou, encore mieux, de régler les désordres environnementaux. FNE Ile-de-France se félicite que deux des trois points sur lesquels elle avait insisté dans son avis sur le PRSE2 – à savoir la pollution de l’air et les nuisances sonores – aient été mieux pris en compte. Elle regrette que la qualité des produits alimentaires, prise en compte dans le PNSE3, ne le soit pas dans le plan régional. Quand l’échantillon de la population à laquelle s’adresse ce plan représente 20 % de la population nationale, on ne peut que s’étonner de ce parti pris sachant que les maladies nutritionnelles (pathologies cardiovasculaires et cancers, athérosclérose, diabètes, obésité…) sont impliquées dans plus de la moitié de la mortalité francilienne.
Le PRSE 3 se développe autour de quatre axes :
- Préparer l’environnement de demain pour une bonne santé.
- Surveiller et gérer les expositions liées aux activités humaines et leurs conséquences sur la santé.
- Travailler à l’identification et à la réduction des inégalités sociales et environnementales de santé.
- Protéger et accompagner les populations vulnérables.
FNE-Ile-de-France a émis trois réserves importantes
Réserve n° 1
Trop d’études nuisent à l’efficacité du plan en ralentissant le traitement des points noirs environnementaux
Les différents axes du plan s’encombrent de multiples demandes d’études alors que depuis plus de trente ans en France comme aux États-Unis, au Canada, en Angleterre, en Allemagne… il y a eu suffisamment d’études concordantes pour éviter de perdre du temps à refaire des études dont on connaît, par ailleurs, les conclusions générales. Nous dénonçons par-là une maladie de notre société de vouloir toujours se couvrir via des études qui, bien souvent, ne font que reproduire des études antérieures et donnent fort heureusement les mêmes résultats.
Réserve n° 2
Le saucissonnage des risques et les multiples plans proposés pour les diminuer nuisent grandement à l’efficacité du PRSE3 et à la cohérence des actions
La multiplication des plans – plan climat, air, énergie territoriale, plan de protection de l’atmosphère, plan santé environnement, plan nutrition santé, plan de l’habitat… – et des schémas – schéma régional climat, air énergie, schéma de cohérence écologique, schéma éolien… – sont devenus, au cours du temps, plus de l’affichage et de la communication que des objectifs à atteindre. S’ajoute à ce défaut caricatural l’absence de prise en compte dans un plan Santé Environnement régional de l’alimentation, facteur santé et principal élément de l’environnement humain alors qu’il est pris partiellement en compte dans le plan national. Sachant que plus de la moitié de la mortalité dans notre région est liée aux maladies nutritionnelles cette absence est incompréhensible et laisse penser que des lobbys ont agi efficacement pour protéger leurs activités.
FNE Ile-de-France demande que, à défaut de surveiller les facteurs alimentaires dans leur globalité, leur qualité et leurs contenus en substances nocives (pesticides, métaux lourds, perturbateurs endocriniens) soient surveillés à la fois pour les produits français et les produits importés. Notamment les produits bio importés car la définition du bio est souvent moins stricte que dans notre pays.
FNE Ile-de-France espère, en outre, que les excellents critères de qualité appliqués à l’eau potable pourront être transposés aux aliments solides et liquides consommés par les Franciliens.
Réserve n° 3
Les quatre axes choisis sont trop encombrés de demandes d’études et pas assez par des actions concrètes sur le terrain
La préparation de l’environnement de demain pour une bonne santé doit se focaliser sur une urbanisation soutenable de nos villes : analyse par bassin de vie en rapprochant habitat-travail ou en favorisant le travail à distance, pas de densification urbaine sans transport lourd, pas d’immeubles trop hauts qui limitent le renouvellement rapide de l’air, désimperméabilisation des sols et plus de nature en ville (arbres d’alignement et parcs et jardins, toits et balcons végétalisés…).
La nature en ville joue un rôle protecteur sur la santé, elle doit être développée et sauvegardée. L’exposition de la population aux nuisances générées par les activités humaines doit être mieux surveillée et les actions mieux ciblées.
On ne peut dénoncer l’usage des herbicides en ville et dans les jardins des particuliers en oubliant les milliers de tonnes déversé sur les surfaces agricoles de notre région.
FNE Ile-de-France demande le réajustement à la réalité du terrain de cette partie du PRSE3. La réduction des inégalités sociales et environnementales ainsi que l’accompagnement des personnes les plus vulnérables doivent là aussi aller plus vite. La connaissance des points noirs et zones de populations vulnérables a fait l’objet d’excellentes études rassemblées dans le SDRIF 2013.
Pourquoi ne pas partir de ces travaux très clairs pour agir véritablement ? Des zones où les nuisances s’additionnent ; bruits, qualité de l’air, éloignement des transports, peu d’activités… sont connues, en particulier, autour des trois grands aéroports franciliens au voisinage de centres d’activités (Les Mureaux) ou de dépôts de déchets (les quatre cantons du nord-ouest de la Seine-et-Marne).
Alors pourquoi ne pas agir dès à présent plutôt que de redemander des études qui, coûtent beaucoup moins cher que la résolution des problèmes.
En conclusion, FNE Ile-de-France reconnaît les efforts et les éléments à retenir de ce PRSE3 et, de ce fait, ne donne pas d’avis défavorable. FNE Ile-de-France dénonce l’absence de bilan sur la santé des plans précédents et le fait que les axes du PRSE3 l’étaient déjà dans le PRSE2 (2012) et le PRSE1 (2006).
FNE Ile-de-France demande qu’un comité de suivi du PRSE3 comprenant des représentants de la société civile soit mis en place et qu’un bilan d’étape soit publié chaque année. FNE Ile-de-France demande que les principes fondateurs de notre République soient respectés et que chaque Francilien puisse bénéficier des mêmes aménités environnementales.
Michel RIOTTOT
Président d’honneur de FNE Ile-de-France