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Communiqué de presse
Climat
Transports

Développement de Roissy CDG - Les associations accusent : « Pour défendre son modèle économique, 
ADP invente des emplois et sacrifie notre santé »

Publié le 1 juillet 2025

Le 1er juillet 2025

 

ADP a ouvert une concertation publique du 8 avril au 8 juillet 2025 sur le projet de développement de l’aéroport de Roissy CDG. Ce projet traduit une volonté d’augmenter le trafic aérien en Ile-de-France :

+ 19 % de trafic en nombre de mouvements d’avions en 2050, soit 592 000 avions contre 505 000 en 2019. ADP fait part de son incertitude sur la progression du trafic, elle pourra être inférieure ou supérieure.

Les promesses d’emploi sont régulièrement mises en avant pour tenter de justifier les conséquences désastreuses sur le climat, la pollution de l’air et les nuisances sonores, donc sur la santé des Franciliens.

Mais qu’en est-il réellement ?

  • Un secteur d’emploi en récession :

Une hausse de trafic ne se traduit pas par une hausse du niveau d’emploi direct.

En 2010, l’étude BIPE commandée par ADP comptabilisait 86 000 emplois directs sur la plateforme aéroportuaire de Roissy, pour un trafic annuel de 58 666 034 passagers.

Début 2025, ADP affiche dans son dossier de concertation près de 90 000 emplois directs, pour un trafic annuel 2024 de 70 290 260 passagers. Soit un nombre d’emplois directs stagnant malgré une augmentation de trafic annuel de passagers de 20%.

On devrait à l’avenir observer une baisse sensible des effectifs au sol par million de passagers, et ce pour des raisons structurelles : emport moyen des avions de plus en plus élevé (nombre de passagers à bord par appareil), développement des vols low-cost moins intenses en emplois et utilisation croissante des technologies numériques, notamment sur les procédures d’enregistrement et d’embarquement.

Cette baisse tendancielle des emplois dans le secteur aérien a été confirmée par Dominique-Jean Chertier (PDG LUSKAN Expertise stratégie d’entreprise) devant Madame la Ministre des Transports, lors de la clôture des assises du transport aérien le 8 mars 2019, soulignant un recul des emplois de 2% par an.

  • Les emplois bénéficient peu au bassin d’emploi de Roissy

En raison du caractère hyperspécialisé de ses activités, concentrées sur quelques filières (Transport aérien, Logistique, Commerce international et en boutiques, Hôtellerie restauration, Tourisme) qui couvrent une palette de métiers très restreinte, le pôle de Roissy doit effectuer son recrutement sur une aire d’influence gigantesque, couvrant à la fois le sud de l’Oise, l’ouest de l’Aisne et une grande partie de la banlieue nord d’Île-de-France (Étude d’impact socio-économique des aéroports PARIS-CHARLES DE GAULLE, PARIS-ORLY et PARIS-LE BOURGET - Utopies – 2017).

  • Une énorme tromperie sur le nombre d’emplois indirects :

Dans la partie 1 du dossier de concertation - Les apports socio-économiques de Paris-Charles de Gaulle – page 19 nous trouvons cette affirmation :

En prenant en compte l’ensemble de la chaîne de valeurs (fournisseurs, sous-traitants, services périphériques), le nombre total d’équivalents temps plein (ETP) générés par l’aéroport s’élève à près de 230 000 emplois indirects, dont plus de 160 000 en Île-de-France.

La référence indiquée est l’étude BDO 2023 sur la base de données de 2022. Or cette étude finalisée en 2024 indique les chiffres ci-dessous :

ADP affiche 160 000 emplois indirects ETP générés par Paris Charles de Gaulle en Ile de France, alors que l’étude BDO indique 50 900 emplois ETP indirects et induits pour l’ensemble des plateformes aéroportuaires franciliennes. L’écart est plus que considérable.

Lors de la concertation du projet T4, la CNDP avait sollicité l’INSEE pour analyser les surprenantes estimations d’emplois affichées à l’époque. Dans son analyse N° 2019_13622_DR78-SED du 5 avril 2019, l’INSEE s’étonnait des 85 310 emplois indirects estimés par UTOPIES pour ADP, alors que l’étude BIPE de 2012 indiquait 49 084 emplois indirects. L’INSEE expliquait cette différence par de probables doubles comptes d’emplois. Cette fois il n’est plus question de 85 310, mais de 160 000 emplois indirects.

  • Un argument trompeur, l’impact économique du tourisme :

La majorité des touristes étrangers en France en 2024 vient d’Europe, représentant près de 80 % des visiteurs, notamment en raison de la proximité géographique et des liens culturels. Parmi eux, les pays les plus représentés sont les pays frontaliers : Allemagne, Royaume-Uni, Belgique, Suisse, Pays-Bas, Italie, Espagne (chiffres économie.gouv.fr).

Pour ces touristes des pays voisins, l’usage de l’avion est une aberration climaticide. La priorité est d’améliorer l’offre ferroviaire internationale, de mettre en place une tarification attractive et des passes européens, de mettre en valeur les trains de nuit et le slow tourisme.

Par ailleurs il ne faut pas oublier que les dépenses des Français à l’étranger représentent autour de 80% des dépenses des étrangers en France (balance des paiements du tourisme). Le solde est positif, mais pour améliorer la balance des paiements, inciter les touristes français à privilégier leur propre pays pour leurs vacances est un moyen beaucoup plus écologique que de multiplier les vols internationaux. C’est également un fort potentiel, les résidents français représentaient environ 50 à 54 % des nuitées dans les hébergements collectifs de tourisme en 2023.

Un plafonnement à 440 000 mouvements annuels est largement compatible avec l’accueil des passagers des autres continents.

  • Une attitude anticonstitutionnelle, le sacrifice de la santé au nom des emplois :

Dans la constitution française, « la Nation garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs ».

La charte de l’environnement adossée à la constitution stipule dans son article 1er « Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé ».

Ces droits constitutionnels ne peuvent pas être ignorés au prétexte de créer des emplois. Bien sûr il ne s’agit pas de sacrifier les emplois, l’investissement financier doit être dirigé vers des secteurs à la fois respectueux de la constitution et plus créateurs d’emplois.

Conclusion :

Non seulement la protection de la santé n’est pas une menace pour l’emploi, mais choisir de sacrifier la santé au nom des emplois pour favoriser un secteur d’activité est anticonstitutionnel.

L’avenir de l’emploi sur ce territoire ne se trouve pas dans l’extension de l’aéroport de Roissy qui ne ferait qu’aggraver une situation climatique et sanitaire déjà préoccupante. La région doit promouvoir la création d’emplois non délocalisables au cœur des villes touchées par le chômage, et dont les services sont utiles aux habitants et à l’environnement. La transition écologique est une formidable opportunité pour créer de l’emploi durable sur notre territoire, saisissons-la. A l’échelle nationale, selon l’ADEME (Combien d’emplois grâce à la transition écologique ? - 2019), la transition écologique permettrait de créer 340 000 emplois net d’ici 2035, et 900 000 emplois net d’ici 2050, chiffres tenant compte des pertes d’emplois dans les secteurs en récession à cause de cette transition, notamment le secteur des énergies fossiles.

Les associations signataires exigent d’ADP l’annulation du projet de développement de Roissy CDG, la mise en place d’un couvre-feu de 8 heures consécutives, de 22h00 à 6h00, et d’un plafonnement à 440 000 mouvements annuels. Elles demandent à l’Etat de faire respecter la loi et d’assurer son rôle de protection de la population en faisant appliquer cette exigence.

 

  • Lire également notre communiqué du 13 mai 2025 :

Développement de Roissy CDG – Les associations accusent : 
“Un projet à contresens de la protection de la santé et du climat”

 

Contacts presse :

Charles PAURON - Vice-président de l’ADVOCNAR    06 85 04 65 06

Catherine BOUVIER - Secrétaire ADVOCNAR    01 39 89 91 99

Patric KRUISSEL - Administrateur ADVOCNAR   06 08 04 28 25

Françoise BROCHOT - Présidente de l’ADVOCNAR   06 79 51 25 60

 

 

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