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Révision du Schéma directeur de la région Ile-de-France : intervention de Luc Blanchard au comité des partenaires

Publié le 15 avril 2022

Intervention de Luc Blanchard, co-président de FNE Ile-de-France, au comité des partenaires de la région pour la révision du SDRIF-E

Dans le cadre de la révision du Schéma directeur de la région Ile-de-France environnemental (SDRIF-E), le Conseil régional a décidé de donner la parole à ses partenaires au sein d’un « Comité des partenaires ». Dans ce cadre, Luc Blanchard a abordé les sujets de préoccupation des associations de protection de l’environnement franciliennes, dont la protection des ressources naturelles et agricoles.

« Les alertes du GIEC sur le réchauffement climatique et sur la perte de biodiversité montrent l’extinction massive des espèces animales. La nôtre est menacée. Il importe plus que jamais de s’appuyer sur les services éco-systémiques rendus par la nature : les solutions fondées sur la nature.

Mais nous sommes là pour co-élaborer le nouveau SDRIF-E : cela implique de faire le bilan du SDRIF en vigueur. En particulier, nous demandons :

  • Un moratoire sur les projets d’urbanisation non réalisés, incompatibles avec les objectifs du SDRIF-E.
  • Les deux premiers termes de la  Séquence éviter, réduire, compenser (ERC) doivent être recherchés en priorité et les compensations doivent être réalisées au plus près des atteintes.
  • Il importe de développer les services publics pour bâtir des villes cohérentes, des villes du quart d’heure, pour atteindre un polycentrisme 

SDRIF-E : Hiérarchisation des priorités, la nature avant l’économie

Les ressources naturelles sont agricoles et forestières mais elles sont également présentes en ville et même dans la zone dense. La cartographie dont nous disposons à l’heure actuelle, c’est-à-dire le Mode d’occupation des sols (MOS) ne rend pas compte de la réalité des espaces de nature en ville. Environnement 92, notre fédération des Hauts-de-Seine, a montré qu’en établissant des cartes plus précises, à l’échelle de l’arbre, de nombreux espaces de nature apparaissent. Pour une commune comme Bourg-la-Reine, ces cartes démontrent qu’il existe 30% d’espaces de nature qui ne sont pas pris en compte. Nous avons donc besoin de cartes plus précises pour protéger tout les espaces de nature. L’institut Paris Région en a bien conscience et tente d’y remédier avec les cartes MOS +. Bien sûr, au-delà de la préservation de la nature « à la parcelle », il faut adopter une vue d’ensemble, embrasser plusieurs communes pour préciser le tracé des trames vertes et bleues. Il faut aussi modéliser les déplacements de plusieurs espèces animales afin de créer, en ville, de réels couloirs de biodiversité. Ces nouvelles trames vertes et bleues devront être représentées dans le SDRIF-E et protégées par lui.

Irriguer la ville en espaces de nature nécessite de préserver du foncier à cet effet. Toutes les friches n’ont pas vocation à renforcer l’offre de logements ou la réindustrialisation de l’Île-de-France. Certaines doivent être identifiées comme maillons de la trame verte. L’institut Paris Région estime qu’il faut 45% d’un territoire laissé à la nature pour que la biodiversité ne s’effondre pas ! Nombre de villes denses en sont très loin, elle n’atteignent même pas le seuil de l’OMS qui préconise 12 m2 d’espaces de nature par habitant.

Pour que les trames vertes soient fonctionnelles et permettent à la faune de se déplacer, elles doivent s’appuyer sur de grands espaces agricoles ou forestiers. Tous ceux qui existent encore doivent être sanctuarisés. C’est le cas  par exemple du triangle de Gonesse ou du plateau de Saclay.

Des mesures prescriptives sont également à prendre en matière de pleine terre. Un débat a eu lieu, lors de l’élaboration du SCOT de la Métropole du Grand Paris, sur le pourcentage de pleine terre exigé sur les opérations de promotion immobilière. Ce minimum a finalement été arrêté à 30 %. Il s’agit bien là de pleine terre et non pas de plantations en pot, de toitures ou de façades végétalisés. La pleine terre n’est pas compensable. Dans de nombreux territoires très artificialisés il faudra faire mieux, mais ce minimum nous semble pouvoir être repris dans le SDRIF-E.

Les ressources agricoles : pour un développement de l’agriculture de conservation, du maraîchage, des circuits courts, du bio.

Préserver les ressources agricoles c’est d’abord préserver la terre. Le SDRIF de 2013, en vigueur à l’heure actuelle, autorise l’artificialisation de 1 300 hectares par an. L’Île-de-France n’en artificialise que la moitié, mais nous sommes déjà la région la plus artificialisée de France.

Ensuite, parce que nous avons besoin de terres vivantes FNE Île-de-France soutient l’agriculture de conservation. Ces techniques culturales reposent sur trois piliers : la réduction du travail du sol, la diversification des espèces végétales ainsi que la couverture permanente.

Nous soutenons également le maraîchage bio et les circuits court. Le SDRIF-E devrait délimiter des zones dans lesquelles intervenir pour encourager ces pratiques. C’est ce que fait la mairie de Paris qui subventionne une agriculture biologique au-dessus de ses points de captage d’eau.

Les ressources forestières : pour une réduction du bois-énergie et la gestion patrimoniale des forêts urbaines.

En ce qui concerne les forêts, qui souffrent des sécheresses et de maladies, leur protection est essentielle. Cela doit nous amener à revoir à la baisse la production de bois-énergie qui par ailleurs est très polluant. Les forêts sont des puits de carbone et des réservoirs de biodiversité, c’est leur fonction première, elle passe avant les questions de rentabilité. Le SDRIF-E devra permettre d’atteindre l’objectif fixé par le GIEC en augmentant de 25% la surface forestière.

En milieu urbain, les lisières sont trop souvent mises à mal, la bande de 50 m qui doit préserver l’intégrité de la forêt est très mal respectée. Les forêts elles-mêmes sont trop souvent la variable d’ajustement des réseaux de transport. Le SDRIF-E doit clairement proscrire ce type de pratiques.

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