Muriel Martin-Dupray coprésidente de FNE-IDF
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Biodiversité

Quelle adaptation au changement climatique pour la région Île-de-France ?

Publié le 2 mars 2022

FNE Île-de-France avec ses 400 associations de protection de la nature et de l’environnement réparties sur les 8 départements se fait l’écho des conséquences du changement climatique sur les territoires et de son impact sur les écosystèmes et la biodiversité. Elle joue un rôle de lanceur d’alerte, elle appuie les associations dans leurs mobilisations en faveur de la défense de l’environnement, avec tous les outils disponibles, de la sensibilisation du public, à l’organisation de colloques et de formations et jusqu’aux démarches contentieuses.

Intervention de Muriel Martin-Dupray

1. Quels sont les impacts du changement climatique que nous anticipons sur les écosystèmes?

L’extension urbaine et les constructions sont responsables de lartificialisation des sols, une des premières causes du changement climatique et de l’érosion de la biodiversité.

En Ile de France la densification urbaine excessive est génératrice d’ilots de chaleur, elle se développe au détriment des espaces verts et des espaces de nature, et plus particulièrement au détriment de la pleine terre.

Paris et la première couronne sont concernées par le développement croissant de la construction de logements et de bureaux, l’urbanisation massive se développe autour des gares du grand Paris Express. Les atteintes aux espaces de nature se multiplient, Paris intra muros, avec 3 m2 d’espaces verts par habitant est très loin des normes préconisées par l’OMS (12 m2).

Dans la deuxième couronne c’est l’étalement urbain avec des lotissements souvent dépourvus des transports collectifs adéquats qui menace les terres agricoles, les espaces naturels et forestiers; c’est la multiplication des entrepôts logistiques, et autres data center qui contribue à l’artificialisation galopante des sols.

2. Quelles mesures correctrices prendre?

  • La loi climat et résilience a représenté une véritable avancée en définissant le ZAN.Mais le décret en Conseil d’Etat qui doit prochainement être soumis à consultation doit préciser la méthode de comptabilisation des terres considérées comme artificialisées. Comment prendre des mesures efficaces si les carrières, les golfs, les jardins des particuliers et les terrains de sports sont considérés comme des terres non artificialisées.Une définition rigoureuse des zones artificialisées ou non est primordiale pour une application de la loi préservant la biodiversité en             Ile de France
  • Par ailleurs il faut repenser la place de la nature en ville car la végétalisation des façades et des toits, la désimperméabilisation des sols n’est une réponse ni suffisante, ni satisfaisante pour limiter les conséquences du réchauffement climatique.La pleine terre et son bénéfice pour la biodiversité sont irremplaçables.
  • La sauvegarde des terres agricoles implique aussi le respect du biotope naturel (zéro phyto) et une diversification des productions pour préserver des cultures maraichères favoriser des circuits de proximité et donner une place plus importante à l‘agriculture bio.

3. Quelles attentes vis-à-vis des pouvoirs publics pour accompagner la transition écologique?

Comment restaurer les écosystèmes? c’est une question de choix politiques et économiques.

  • Faire passer réellement l’environnement au rang de premier pilier du SDRIF-E, avant l’économie, constituer volontairement des réserves de biodiversité, developper des trames vertes et bleues pour une continuité des corridors écologiques, préserver les terres agricoles.
  • Imposer dans les règlements des documents d’urbanisme un coefficient de pleine terre à la parcelle tenant compte de la valeur écologique irremplaçable de la pleine terre; la compensation de la pleine terre par des m2 de toitures végétalisées n’a pas de valeur scientifique et relève d’une vision étriquée de la biodiversité.

La MGP préconise 30 % de pleine terre pour tout projet de construction nouvelle.

L’institut Paris Région a estimé qu’il faudrait t 45 % d’espaces de nature en ville  pour assurer la résilience face au changement climatique

C’est en outre une exigence de santé publique (les conséquences de la pandémie ont été plus importantes dans les départements très urbanisés et très denses du Nord Est de l’agglomération parisienne)

  • Préconiser la fermeté des services instructeurs sur la notion de compensation ( dans la séquence ERC) et rejeter les dérogations lorsque le maitre d’ouvrage n’offre pas de solutions satisfaisantes pour la biodiversité.

On constate que les mesures d’évitement et de réduction sont marginalisées dans la séquence ERC au profit de la compensation.

Il est nécessaire d’avoir une marge d’espaces disponibles et de qualité écologique suffisante pour que la séquence ERC soit viable.C’est particulièrement difficile avec la pression foncière en Ile de France.

On a en réalité bcp de difficulté à évaluer la pertinence des mesures compensatoires pour atteindre l’objectif de Zéro perte nette de biodiversité et quand un arrêté préfectoral est pris, il faudrait assurer un vrai suivi de la compensation.
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Muriel Martin-Dupray, co-présidente de FNE Île-de-France.

Programme du 15/02/2022 – Assises régionales de l’adaptation au changement climatique :
Dans la continuité de la première COP régionale d’Île-de-France organisée en septembre 2020, et dans le cadre de l’élaboration du futur Plan Régional d’Adaptation au Changement Climatique, ces assises permettront de partager le diagnostic des effets attendus des évolutions à venir sur le territoire francilien, de définir les principaux enjeux prioritaires pour la mobilisation régionale et d’identifier des actions concrètes pour préparer l’Île-de-France aux changements actuels et futurs.
- Evénement en visioconférence - Animation : Henri Landes
10h00 – Introduction par Yann Wehrling, Vice-président chargé de la Transition écologique, du Climat et de la Biodiversité
10h10 – Intervention de Yann Arthus-Bertrand, Grand témoin des Assises Régionales de l’Adaptation au Changement Climatique
10h20 – Etat des lieux des enjeux et fragilités franciliennes par Robert Vautard, Président du GREC, (Groupe Régional d’Etudes sur les Changements Climatiques et leurs impacts environnementaux)
11h00 – 12h00 - Atelier écosystèmes et biodiversité - Introduit par Yann Wehrling, Vice-président chargé de la Transition écologique, du Climat et de la Biodiversité

Présentation : le changement climatique a des impacts divers sur le vivant (modification des aires de répartition des espèces végétales et animales, modifications dans la phénologie bouleversant les interactions entre espèces – éclosions précoces, avancement du cycle de vie –, développement d’espèces exotiques envahissantes). L’accumulation et l’interaction de ces changements peut avoir des impacts irréversibles sur le vivant.
Intervenants :
- Maud Lelièvre, Présidente UICN France
- Magali Charmet, Directrice Régionale de l’Office français de la biodiversité
- Emmanuel du Chérimont, Responsable de la délégation LPO Île-de-France
- Xavier Houard, Président de l’Office pour les insectes et leur environnement
- Muriel Martin-Dupray, Co-présidente de France Nature Environnement Île-de-France
- Claire Grisez, Directrice de la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de
l’aménagement et des transports
- Sylvain Berrios, Vice-président de la Métropole du Grand Paris


12h00 – 13h00 - Atelier Aménagements Urbains et Construction - Introduit par Jean-Philippe Dugoin- Clément, Vice-président chargé du Logement, de l’Aménagement durable du territoire et du SDRIF Environnemental
Présentation : les milieux urbains sont particulièrement sensibles au changement climatique. On y observe une intensification du phénomène d’îlot de chaleur, notamment dans les espaces les plus urbains où la température peut être 10 degrés plus élevée la nuit qu’en zone rurale en période de canicule. Les espaces urbains font également face à une augmentation du nombre d’inondations pouvant se produire par écoulements d’eaux ruisselées, qui n’ont pas été absorbées par les réseaux d’assainissement superficiels ou souterrains et qui se concentrent aux points bas.
Intervenants :
- Fouad Awada, Directeur général de l’Institut Paris Region
- Luc Monteil, Président du Conseil International Biodiversité et Immobilier
- Fabien Gantois, Président de l’Ordre des Architectes
- Jérémie Almosni, Directeur de l’ADEME Île-de-France


14h00 – 15h00 - Atelier mobilités et infrastructures de transport - Introduit par Stéphane Beaudet, Vice-président chargé des Transports.
Présentation : les phénomènes extrêmes en augmentation (vagues de chaleur, pluies extrêmes) peuvent avoir des conséquences pour les transports et les infrastructures (route et voie ferrée), créant potentiellement des ruptures de réseaux et des dommages dans les infrastructures, et impactant le confort des usagers.
Intervenants :
- Elodie Hanen, Directrice générale adjointe (Prospection) Île-de-France Mobilités
- Marie Geschwind, Chargée de mission RATP Opération de transport et maintenance
- Virginie Bordage-Gressier, Responsable du centre de compétence en développement durable, SCNF
Réseaux Île-de-France
- Anaïs Watbled, Référente RSE / Direction gare et connexion Île-de-FranceProgramme 15/02/2022 – Assises régionales de l’adaptation au changement climatique 3
- Christophe Hug, Directeur général adjoint maîtrise d’ouvrage et environnement chez VINCI
- Antoine Berbain, Directeur général délégué HAROPA PORT, en charge de la direction territoriale de Paris
et de la multimodalité à l’échelle de l’axe Seine


15h00 – 16h00 - Atelier Agriculture et Forêt - Introduit par Valérie Lacroute, Vice-présidente chargée de l’Agriculture et de l’Alimentation et Yann Wehrling, Vice-président chargé de la Transition écologique, du Climat et de la Biodiversité
Présentation : l’agriculture francilienne, et avec elle, son économie, les écosystèmes dans lesquels elle s’inscrit, ses producteurs, et ses consommateurs, est de plus en plus sujette à des crises climatiques, avec des conséquences importantes sur les rendements, les systèmes de production et la viabilité des exploitations. Réduire la vulnérabilité du système alimentaire et agricole francilien passe par une stratégie d’action intégrée de l’amont jusqu’à l’aval.
Intervenants :
- Christophe Hillairet, Président de la Chambre d’Agriculture Île-de-France
- Damien Greffin, Président FRSEA
- Anne-Claire Vial, Présidente ARVALIS
- Jacques Frings, Président du Groupement des agriculteurs biologiques
- Benjamin Beaussant, Directeur de la Direction Régionale Interdépartementale de l’Alimentation, de
l’Agriculture et de la Forêt d’Île-de-France
- Eric Goulouzelle, Directeur territorial de l’ONF Seine-Nord
- Paul Jarquin, Président de Fibois


16h00 – 17h00 - Atelier Entreprises et Economie - Introduit par Alexandra Dublanche, Vice- présidente chargée de la Relance, de l’Attractivité, du Développement économique et de l’Innovation.

Présentation : les impacts climatiques sur les activités économiques en Île-de-France s’exprimeront à la fois sur la santé des travailleurs, sur les modes et pratiques associées aux métiers et sur le cadre dans lequel s’opère ces activités économiques. Certains secteurs se trouvent particulièrement exposés (construction, collecte des déchets, tourisme, agriculture, sylviculture, énergie, eau et assainissement, secteur financier, etc.). Par ailleurs, les solutions qui permettent de s’adapter étant en partie développées dans les entreprises franciliennes, il s’agit de renforcer les conditions pour que l’innovation en réponse à ces enjeux se développe.
Intervenants :
- Nathalie Lemaitre, Déléguée territoriale Réseau de Transport d’Electricité Île-de-France
- Pauline Jacquemard, Directrice RSE et Innovation Rungis
- Daniel Weizmann, Président MEDEF Île-de-France
- Bernard Cohen-Hadad, Président CPME Île-de-France
- Eric Marty, Managing Partner DEMETER
- Vincent Gollain, Directeur du département économie à l’Institut Paris Région

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