Les vieilles campeuses et vieux campeurs de Gonesse lèvent le camp !
Dans ce communiqué du Collectif pour le Triangle de Gonesse, les Vieilles campeuses et les vieux campeurs du Triangle reviennent sur la création de leur Zone d’Imagination pour un Aménagement Concerté, les résultats de leur mobilisation ainsi que les actions à venir:
Au printemps, le Collectif pour le Triangle de Gonesse a adressé à plusieurs ministres du gouvernement une lettre ouverte, cosignée par plusieurs syndicats de l’Éducation nationale, des associations, des médecins, des élu·es, pour dénoncer l’emplacement inadéquat au milieu des champs, sur le Triangle de Gonesse, de la « cité scolaire à vocation internationale avec internat d’excellence » de près de 2400 places (un collège, lycée général, un lycée agricole et un internat) prévue par le « Plan Val d’Oise » .
À la fin de l’été, aucun représentant des ministres, ni le recteur, ni le préfet, n’ayant daigné ouvrir le dialogue, une action de désobéissance civile a été décidée afin de dénoncer le choix de cette localisation. À l’issue de la « ZADimanche exceptionnelle » du 1er octobre, les « Vieilles et Vieux Campeurs », inspiré·es par la BD « Les Vieux Fourneaux », ont ouvert cette « Zone d’Imagination pour un Aménagement Concerté » –ZIAC-, sur un terrain municipal de Villiers-le-Bel, à côté de l’hôpital désaffecté Adélaïde Hautval qui pourrait être un lieu idéal pour accueillir la cité scolaire parce qu’il s’agit d’une friche déjà artificialisée située à proximité d’une gare du RER D, d’une piscine,
d’installations sportives et de terres agricoles.
Après un mois d’existence, la ZIAC a un bilan très positif:
- Notre stratégie de camping illégal sur un terrain municipal a fonctionné. Malgré la demande d’expulsion de la mairie auprès du procureur de la République, celui-ci ne s’est pas empressé d’expulser les vieilles campeuses et vieux campeurs que nous sommes.
- Ainsi, nous avons pu installer notre Quartier Général de la lutte au vu et au su de tous et toutes.
- Cette publicité a permis de jeter une lumière politique, citoyenne et médiatique inédite sur – rappelons-le une fois encore – un emplacement absolument inadapté au projet de cité scolaire:
- Cette « Cité scolaire à vocation internationale » avait été annoncée par le Premier Ministre Jean Castex, lors de sa visite éclair du 7 mai 2021 à Gonesse, dans le cadre d’un « Plan pour le Val d’Oise », avec la localisation en plein champ sur les terres fertiles du Triangle, au plus près des pistes des aéroports du Bourget et de Roissy.
- Ces terres agricoles sont loin de toute habitation et elles sont, par conséquent, impropres à accueillir un établissement scolaire, particulièrement un collège qui, pour des enfants âgés de 10 ans, doit être accessible à pied ou à vélo.
- De plus, le site choisi est situé en zone C du Plan d’exposition au bruit: c’est-à-dire qu’il est interdit à l’habitat permanent parce que non urbanisé, car trop près des pistes des aéroports du Bourget et de Roissy.
- Il est désormais acté que des sites d’implantations alternatifs existent à l’est du Val d’Oise, dont celui à côté duquel nous sommes installés: la friche de l’ancien hôpital de Villiers-le-Bel.
- Durant un mois, une conversation permanente a été initiée avec les habitantes et habitants de Villiers-le-Bel, Arnouville et Gonesse, dans des réunions publiques, sur les marchés, auprès des commerces, à la gare… Elles et ils témoignent de plus en plus leur soutien.
- Une pétition – exclusivement papier – contre la cité scolaire sur le Triangle et pour la préservation des terres a recueilli plus de 1250 signatures des riverains du Triangle. Cela est énorme comparé aux 810 signatures que l’Agglomération Roissy-Pays de France avait recueilli en 2020 contre l’abandon d’EuropaCity, alors que leur pétition était en ligne et que l’Agglomération est forte de 42 communes.
- Le soutien s’est aussi manifesté à travers notre saisine de la Cour des comptes. Avec 650 soutiens, nous sommes parmi les dix premiers (sur 622 contributions). Notre saisine est donc sélectionnable. Espérons maintenant que la Cour des comptes accepte d’évaluer la nécessité d’engager des dépenses pour la gare du Triangle de Gonesse et son projet de Cité scolaire sur ces terres fertiles et qu’il en aille de même pour les lignes 17 et 18 qui ont aussi fait l’objet d’une saisine.
- De nombreux syndicats enseignants nous ont informé qu’ils s’opposaient à l’implantation de la cité scolaire sur le Triangle: CGT Education 95 et URIF CGT, FNECTP 95, FSU, SGEN-CFDT Académie de Versailles, SNETAA 95, SNFOLC 95, SNUDI FO 95, SUD Education 93 et 95, UNSA Education 93, ainsi que La Ligue de l’enseignement nationale et l’Union régionale de la Ligue de l’enseignement,
- Des élu·es Ecologistes et de la France Insoumise, aussi bien départementaux que régionaux et nationaux (Assemblée nationale et Sénat) se sont également exprimés contre la construction de la cité scolaire sur le Triangle et ont interpellé la majorité régionale et gouvernementale.
- Mathieu Gérard – dessinateur pour « Alternatives Economiques » et pour « l’Association des maires de France » –, Thierry Paquot – philosophe et urbaniste –, Philippe Meirieu – chercheur et spécialiste des sciences de l’éducation et de la pédagogie –, ont apporté leur soutien à notre demande d’un site plus adéquat pour la cité scolaire. Wilfrid Lupano – scénariste des « Vieux Fourneaux » – nous a apporté le sien lors de riches et chaleureux échanges sur la ZIAC.
Malgré tout cela, les responsables politiques se murent dans le silence. Ni le ministre de l’Éducation nationale, ni le préfet de région, ni le recteur de l’académie de Versailles, ni la présidence de la région, ni le département, ni le président de la communauté d’agglomération, ni le maire de Gonesse, n’ont répondu à nos sollicitations.
La raison d’être du projet de cité scolaire sur le Triangle de Gonesse est -elle vraiment d’améliorer l’avenir des jeunes des quartiers populaires ? Ou de combler le vide abyssal qui entoure le projet de la gare du Triangle de Gonesse de la future ligne 17 nord ? Le vrai but de l’implantation de la cité scolaire sur le Triangle de Gonesse ne serait-il pas d’y attirer des investisseurs pour le bétonner ?
L’est du Val d’Oise et le Triangle de Gonesse ressemblent de plus en plus au Triangle des Bermudes des Grands projets inutiles, imaginés par des élu·es en manque de vision d’avenir pour leurs territoires.
Cependant, la cité scolaire de l’Est du Val d’Oise ne doit pas allonger la liste à la Prévert des projets annoncés avec tambours et trompettes, puis abandonnés: le Stade de France, une annexe de la philharmonie, un centre pour journalistes, la délocalisation du tournoi de tennis de Roland Garos, un circuit de formule 1, une exposition universelle, une administration centrale, les archives nationales…
sans parler d’Europacity avec sa piste de ski !
L’Est du Val d’Oise a besoin d’établissements scolaires. Et la Région Ile-de-France a besoin d’un lycée agricole public… MAIS AU BON ENDROIT !
Que cela soit sur un plan écologique, agricole, éducatif ou de santé publique, la perspective de cette cité scolaire sur le Triangle est un scandale absolu.
Préserver les terres du triangle de Gonesse, limitrophes des zones urbaines du Val d’Oise et de la Seine-St-Denis, à 15 km de Paris, c’est se donner la possibilité d’avoir des terres nourricières en Île-de-France, c’est préserver la biodiversité, c’est maintenir des îlots de fraîcheur indispensables aux populations alentour et ce d’autant plus avec le dérèglement climatique.
Dans ce contexte, les perspectives sont claires. Il faut continuer à réclamer au ministère de l’Éducation nationale l’organisation d’une concertation publique sous l’égide de la commission nationale du débat publique (CNDP) sur l’emplacement de la cité scolaire à l’Est du Val d’Oise. Nous sommes conscients que cette concertation n’est pas une obligation légale. Elle relève de la volonté des porteurs de projet de faire preuve d’esprit démocratique. Cette revendication n’en est pas moins impérieuse, car motivée par le respect des habitantes et habitants de l’Est du Val d’Oise et par le souci d’offrir les meilleures conditions de formation à la jeunesse valdoisienne. Il s’agit donc d’une décision politique dans le sens noble du terme.
Pour l’heure, les Vieilles et Vieux Campeurs de la ZIAC de l’Est du Val d’Oise vont lever le camp:
- Non sans remercier vivement les habitantes et habitants de Villiers-le Bel pour leur accueil chaleureux.
- Non sans la promesse de poursuivre leur mobilisation par d’autres formes d’action.
- Non sans vous appeler à les rejoindre, jusqu’à ce que la cité scolaire soit déplacée et la gare du Triangle de Gonesse abandonné
LES MOBILISATIONS À VENIR
Des prochaines dates de mobilisations sont déjà fixées, pour l’implantation de la Cité scolaire sur un meilleur emplacement, plus propice aux enseignements scolaires que sur le Triangle de Gonesse et pour la préservation de ses terres particulièrement fertiles.
- le 6 novembre prochain à 18h30, nous serons présents à un rassemblement devant la mairie de Gonesse avant le conseil municipal, afin de protester contre la quatrième modification du Plan local d’urbanisme qui vise à permettre la construction d’un équipement public sur la ZAC du Triangle.
- le 7 novembre à 19 h, nous organisons une réunion publique d’informations et de mobilisation à Villiers-le-Bel salle Boris Vian (4 rue scribe)
- À noter 2 dates importantes au Conseil régional d’Île-de-France;
le 9 novembre, Réunion de la Commission Lycée;
le 16 novembre, Séance plénière du Conseil régional qui, selon Le Parisien, devrait officialiser le passage en phase opérationnelle du dossier « cité scolaire » - Enfin, le 13 décembre, projection de l’œuvre cinématographique de Catherine RADOSA «Campagne de Paris, paysage triangulaire» à l’Académie du Climat