Quels usages pour les déblais ?
Le secteur du BTP génère plusieurs dizaines de millions de tonnes de déchets et de terres excavées par an qui doivent s’inscrire dans une dynamique d’économie circulaire de valorisation et de réutilisation.
Pour parler de ces enjeux, France Nature Environnement a proposé une formation le 11 janvier 2023 : une visite d’un site de l’entreprise Tersen dans le but d’échanger avec elle sur les «bonnes pratiques» à adopter, de découvrir un centre de stockage d’amiante, une installation de stockage de déchet inerte, une installation de recyclage de béton, mais également des mesures de prise en compte de l’environnement naturel, agricole, forestier et paysager.
Depuis une trentaine d’années, Tersen travaille à l’amélioration des cycles de vie de ces matériaux et traite chaque année plus de 1 600 000 tonnes de matériaux issus de chantiers ou réceptionnés directement dans ses déchetteries Eco Tri et plateformes de recyclage. En moyenne, sur le territoire francilien, 80 % des matériaux collectés sont recyclés et remployés pour des travaux de construction ou d’aménagement.
Afin de promouvoir une meilleure gestion environnementale des déchets du BTP, Tersen et FNE Ile-de-France ont établi une convention, en 2022, qui cible, en particulier, la lutte contre les dépôts sauvages, le suivi du Plan régional de prévention et de gestion des déchets (PRPGD) et, enfin, la promotion de l’économie circulaire et la mise en avant des bonnes pratiques.
Dans ce cadre, Tersen a permis à une douzaine de nos adhérents de découvrir son site de stockage d’amiante de Saint-Martin-du-Tertre, le 11 janvier dernier. Les déchets de matériaux de construction contenant de l’amiante doivent être déposés dans des installations de stockage de déchets non dangereux (ISDND). Toute entreprise qui souhaite évacuer des déchets amiantés doit appliquer rigoureusement les dispositions réglementaires existantes concernant les déchets qu’elle produit ou détient, car elle en est responsable. Elle doit impérativement posséder, avant même le démarrage des travaux, un certificat d’acceptation préalable de l’installation de stockage des déchets. Un bordereau dématérialisé, sur la plateforme réglementaire Trackdéchets, accompagne chaque lot depuis son lieu de production jusqu’à son élimination pour une traçabilité totale.
À toutes les étapes, la manutention des déchets doit être organisée de façon à éviter la libération de fibres. Les déchets contenant de l’amiante sont soumis à de strictes conditions d’emballage et de transport. Ils doivent être enfermés dans un double emballage totalement étanche, sur lequel doit figurer l’étiquetage « A » amiante et, ensuite, être acheminés dans le respect des règles liées au transport des matières dangereuses. Des mesures de sécurité s’appliquent au site : emballage des déchets dans des bennes réservées aux déchets d’amiante, examen de l’intégrité des emballages à la réception, dépose sur l’alvéole de stockage, recouvrement quotidien de la zone de stockage « à l’avancement », etc.
Le site s’établit sur une zone isolée, reposant sur du sable de Fontainebleau qui sera excavé sur une profondeur de 25 à 30 mètres, l’alvéole ainsi créée sera protégée par un géotextile bentonitique et remplie de « big bags » sur 20 à 25 couches. L’extraction du sable est de 180 000 tonnes par an, le stockage de déchets amiantés est limité, lui, à 80 000 tonnes par an. Lorsque l’alvéole est remplie, une couche de 3 à 5 m de limon est déposée, sur laquelle la terre végétale initiale est étendue pour un retour à l’exploitation agricole initiale ou replantation en zone forestière. Les eaux pluviales sont drainées sur le géotextile du fond de l’alvéole dans un puisard pour analyse quotidienne à la recherche de fuites d’amiante éventuelles. La durée de traitement d’une alvéole est d’environ huit ans. En somme, un site qui se veut exemplaire.