Projets de data centers à Rungis et à Aulnay-sous-bois : notre avis

L’Île-de-France concentre déjà plus de 30 % des capacités de data centers françaises. Ces infrastructures, bien que nécessaires au stockage et au traitement des données numériques, représentent des équipements industriels extrêmement consommateurs d’énergie, de foncier et de ressources naturelles, tout en générant d’importantes émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, de nouveaux projets continuent de voir le jour, sans réelle stratégie de planification écologique à l’échelle régionale.

France Nature Environnement Île-de-France a récemment émis deux avis défavorables dans le cadre de consultations publiques sur deux projets emblématiques de cette dérive :

• un projet de data center porté par la société ICADE, au sein du parc d’affaires Paris-Orly-Rungis (Val-de-Marne) ;
• un projet de data center porté par la société SNC Data Hills, boulevard André Citroën à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), en bordure du parc du Sausset.

Deux projets industriels énergivores et peu compatibles avec les objectifs climatiques

Dans les deux cas, les consommations énergétiques annoncées sont démesurées et les émissions de gaz à effet de serre très élevées. Le data center de Rungis atteindrait un bilan estimé à 891 000 tonnes équivalent CO₂, et représenterait à lui seul plus de 20 % de la consommation électrique de l’EPT Grand-Orly Seine Bièvre. À Aulnay-sous-Bois, le projet entraînerait une augmentation de 7 % des émissions de GES du territoire Paris Terres d’Envol.

À cela s’ajoute une valorisation très partielle de la chaleur fatale produite, et l’absence de stratégie énergétique globale à la hauteur des enjeux climatiques actuels.

Des impacts locaux majeurs sur l’air, l’eau, la biodiversité et le cadre de vie

Les deux projets présentent de nombreux effets environnementaux préoccupants :

• dépassements des seuils de polluants atmosphériques (NO₂, PM10) déjà constatés dans les études d’impact ;
• pressions supplémentaires sur la ressource en eau (1300 m³/an à Rungis, 4380 m³/an à Aulnay), dans un contexte de tension hydrique croissante ;
• nuisances sonores importantes pour les riverains, notamment liées au fonctionnement continu des groupes électrogènes ;
• effets cumulés ignorés, malgré la proximité d’autres installations sensibles : sites Seveso à Aulnay, Espace Naturel Régional de la Plaine de Montjean à Rungis.

Du point de vue de la biodiversité, les deux projets sont situés à proximité immédiate d’espaces naturels sensibles (Natura 2000, ZNIEFF, ENS) et abritent des espèces protégées. À Rungis comme à Aulnay, les inventaires écologiques sont partiels, souvent limités à une seule saison.

Des dossiers incomplets, sans réelle logique de sobriété

FNE Île-de-France déplore l’incomplétude manifeste des études d’impact déposées : absences d’analyse du cycle de vie des équipements, d’alternatives de localisation, ou encore de mesures de compensation crédibles. Dans les deux cas, les mesures ERC (éviter, réduire, compenser) sont imprécises, peu chiffrées et sans mécanismes de suivi clairs.

Ces projets ne répondent pas aux objectifs fixés par les documents de planification territoriale (SNBC, PPE, PCAET), et s’inscrivent à rebours des ambitions portées par les politiques de sobriété énergétique et de résilience écologique.

FNE Ile-de-France s’oppose à ces deux projets

Face à ces constats, FNE Île-de-France a rendu deux avis défavorables dans le cadre des procédures en cours. 
Nous demandons :

• le refus en l’état de ces projets,
• la remise à plat de leur opportunité et de leur localisation,
• et la mise en place urgente d’une régulation écologique de l’implantation des data centers en Île-de-France.

Consulter les avis complets :
→ Avis défavorable – Data center ICADE à Rungis 
→ Avis défavorable – Data center Data Hills à Aulnay-sous-Bois