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Rencontre/Débat autour du Grand Paris : le recap
Le 3 juin 2025, FNE Ile-de-France et FNE Paris ont organisé une rencontre autour de la métropole du Grand Paris.
Où en est la métropole du Grand Paris ? Comment ré-introduire le débat dans l’espace public ? Comment sortir du Petit Paris et faire face aux défis environnementaux ?
En prenant appui sur l’ouvrage «Pour en finir avec le petit Paris» et «L’imposture du Grand Paris Express, un éléphant blanc qui trompe énormément», les intervenants ont pu nous éclairer.
1ere séquence : Présentation de l’ouvrage «Pour en finir avec le petit Paris»
Explication de la genèse de l’œuvre “Pour en finir avec le petit Paris” par Bernard Landau :
La volonté d’écrire un livre sur le Grand Paris est venue d’un constat simple :
- Dans les années 2000, la politique parisienne change de cap et ouvre le dialogue avec les collectivités voisines. L’objectif est de travailler sur des thématiques communes (transports, logement, urbanisme, gestion des déchets…).
- Après les élections présidentielles en 2014, l’engouement autour de la métropole du Grand Paris est retombé ; le dialogue Paris/collectivités connaît un vrai retour en arrière, les décisions sont prises par les maires, à l’intérieur des communes.
Un objectif :
L’œuvre “Sortir du Petit Paris” témoigne et documente cette époque du Grand Paris et de ses grands sujets de travail : le logement et la question sociale, l’urbanisme avec un PLU qui doit prévoir l’adaptation au changement climatique, le dialogue avec les autres acteurs du territoire…
Le livre se veut support de débat : il dresse l’hypothèse d’une métropole qui se construit autour d’un Paris figé. Pourtant de nombreuses problématiques ne peuvent être résolues intra-muros.
Réactions dans la salle :
- Le PLU est encore un grand sujet, comment faire pour l’adapter aux enjeux contemporains ?
- En faisant face au réchauffement climatique et en prenant en compte des réflexions qui adoptent la densification, la résilience et l’environnement.
Simon Ronai est revenu sur la construction historique du Grand Paris :
- Retour chronologique (cf présentation en pièce jointe) qui remonte à l’année 1965, marquée par la création des 7 départements composant l’Île-de-France actuelle.
- Historiquement, faire de Paris une métropole n’est pas envisageable, de peur qu’elle concurrence l’Etat.
- S’ensuit un long mouvement de coopération et de projets fondateurs qui ont abouti à la mégalopole du Grand Paris dans les années 2010.
- Malgré des caractéristiques impressionnantes (démographie, économie, atouts culturels…) l’EPT du Grand Paris est difficile à piloter : la métropole ne profite pas des ressources économiques qu’elle génère, puisqu’elle les redistribue aux communes.
- Cette réflexion nous pousse à réfléchir à la pertinence du périmètre d’action pour Paris et l’île-de-France en général : Communes ? EPT ? Départements ? Région ? Secteur urbain ?
Réactions dans la salle :
- Le nombre d’élus sur le territoire du Grand Paris est trop important, coûteux et ralenti les processus de décision
- La démocratie a un coût
2eme séquence : La nécessité d’une gestion commune avec les exemples de la gestion de l’eau, les continuités écologiques et la mobilité
Trois thématiques ont été prises comme exemple pour illustrer la nécessité de coopération entre Paris et collectivités : la gestion de l’eau, les continuités écologiques et les transports.
La réalité de gestion de l’eau en Île-de-France, par Joël Rosso, responsable de la Coordination eau Île-de-France :
La gestion de l’eau, c’est-à-dire la diffusion de l’eau potable et son assainissement, pour toute l’Île-de-France est entièrement prise en charge par les grands syndicats (SIAAP et SEDIF) et dans l’intérêt de Paris. Cette centralisation est :
- anti-démocratique (car aucune concertation dans la gestion de l’eau et dans son approvisionnement)
- ne tient pas compte du besoin réel des Franciliens en eau
- va à l’encontre des enjeux environnementaux
- peut conduire à de graves risques sanitaires
Pour comprendre le fonctionnement de cette gestion, il faut porter un regard historique sur la situation :
- Jusqu’au XIXe à Paris, la Seine était la seule source d’eau douce disponible. C’était aussi l’unique égout.
- Sur 2 millions de mètres cubes d’eau sale, la moitié repartait directement dans la Seine, 500 mètres cubes étaient nettoyés et le reste était répandu dans les champs d’épandages, dans les Yvelines et dans l’Oise. Aujourd’hui les sols des champs sont encore pollués.
- Par la suite, d’autres sources ont diversifié les apports (ex : Canal de l’Ourcq). La captation d’eaux lointaines (150km) a permis à Paris de démocratiser son accès à l’eau
- Création des grands syndicats de la gestion de l’eau, le Sedif (1923) et le SIAAP (1970), ce dernier est dirigé majoritairement par des élus parisiens qui ne laissent pas la parole aux autres élus. Induit des prises de décisions différenciées entre Paris et le reste de la petite couronne.
- Il y a 6 grandes usines d’assainissement à Paris. Elles sont souvent confiées à Veolia et Suez : éloigne la capacité des élus à prendre des décisions = rôle uniquement technocratique
- Ce système ne permet pas de traiter les polluants à la source.
La gestion des eaux franciliennes est opaque, détenue par une poignée d’élus et de grandes entreprises. Cette opacité empêche de remettre en cause le système et favorise la dissimulation et minimisation des scandales sanitaires.
Une solution : se mobiliser et travailler en coopérative de ville et revoir la gouvernance des Grands syndicats, trop imperméable dans leur fonctionnement.
Les continuités écologiques avec Irène Nenner et Jean-Pierre Moulin ; la nécessité de travailler avec les maires sur l’outil Cartovégétation :
Nous devons être conscients de ce que représente la métropole en termes de biodiversité et la maintenir : continuer à créer des espaces naturels, forestiers, agricoles, les relier entre eux pour garantir le déplacement des espèces dans les corridors écologiques.
- Les espèces ne s’arrêtant pas aux limites administratives entre les départements, la coopération entre les associations et les différentes communes franciliennes se veut essentielle.
=> Par exemple, de nombreux obstacles (éléments majeurs de fragmentation du paysage) se dressent entre Paris et les départements frontaliers : périphériques, grands axes routiers, zones urbaines denses… Alors, les communes doivent s’entendre pour installer des passages à faune et revoir leur politique d’aménagement à travers leurs documents d’urbanisme et leurs stratégies locales.
Comment faire comprendre cet enjeu aux élus locaux sans contraindre leur politique de construction de logement et les amener à modifier leur PLU ?
- L’outil Cartovégétation mesure précisément la végétation à partir d’images issues de l’IGN et de nombreuses autres données (COSIA, BD TOPO, RPG…). Il permet de surveiller l’évolution des espaces urbanisés mais aussi de répertorier la disparition des espaces forestiers et agricoles.
- Les cartes issues de Cartovégétation permettent aux villes de conscientiser l’impact des projets d’artificialisation, mais aussi de sensibiliser les collectivités sur les mesures à prendre
Les mobilités : une question multifactorielle qui doit se tourner vers l’intérêt général, avec Claude Carsac :
Plusieurs facteurs à prendre en compte lorsqu’on développe la mobilité :
- Les pollutions atmosphériques
- Les pollutions sonores
- L’accès aux bassins d’emploi
- L’engorgement des grands axes
- …
Trois thématiques ont été prises pour exemple :
- Le Grand Paris Express
- Dans le livre “L’imposture du Grand Paris Express, un éléphant blanc qui trompe énormément” Jacqueline Lorthiois et Harm Smit soutiennent qu’il faut rapprocher les bassins d’emploi des bassins de main-d’oeuvre plutôt que de chercher à continuer de développer les lignes 17 et 18 du Grand Paris Express.
- Les lignes du Grand Paris Express les plus contestées par les associations environnementales sont celles qui ont bénéficié par la suite du plus d’études et qui ont été présentées comme les plus rentables. Les études sont réalisées par des cabinets de conseil qui répondent à un cahier des charges et à un objectif. Cette tentative de manipulation des données par l’étude démontre le poids que pèsent les associations et les invite à contrer ces résultats grâce à des données techniques.
- En réalité, les retombées en terme d’emplois dans les villes avoisinant les nouvelles infrastructures de transports ne sont pas aussi importantes qu’estimées : par exemple l’augmentation du trafic à Orly (ligne 14 notamment) devait dynamiser l’emploi dans la ville de Goussainville, ce ne fut pas le cas.
- Finalement, les travailleurs souhaitent travailler à un endroit précis, dynamique qui leur offre certains avantages, et vivre dans un autre endroit qui offre d’autres avantages.
- Les autoroutes en zone urbaine dense
Les autoroutes en zone urbaine dense sont pointées du doigt : elles créent une pollution atmosphérique aux particules fines et une pollution sonore qui se révèlent être un vrai problème de santé publique.
- Trois grands projets de route urbaine (la Défense, Bagnolet, périphérique) sont en train de voir le jour.
- Ils sont à suivre de près par les associations de lutte environnementale.
- Le prolongement de la ligne 1 jusqu’à Val-de-Fontenay
- Le projet de prolongement de la ligne 1 demande la modification du PLU de Paris dans l’objectif de pouvoir creuser sous le bois de Vincennes.
- Ce prolongement est-il vraiment une nécessité ?
- Les associations environnementales se sont mobilisés auprès de la Région Île-de-France. Un atelier de travail est attendu.
Réactions dans la salle :
- Il faudrait un consensus sur l’étalement urbain
- C’est ce que le ZAN envisageait avant d’être détricoté
Conclusion :
Il y a nécessité pour les associations environnementales, collectivités et élus de coopérer pour avancer sur des problématiques qui ne peuvent être résolues en silo, notamment l’adaptation au changement climatique qui est multifactorielle.
Le morcellement des processus de décisions sur différentes échelles ne permet pas de mettre en place des politiques publiques efficaces et rapides. Cette fragmentation favorise aussi la dissimulation de scandales sanitaires, sociaux et la ré-interprétation de données techniques dans l’intérêt d’un acteur spécifique.