Projet de prison à Noiseau, la mobilisation ne faiblit pas
Le 27 avril, plus d’un millier de personnes ont bravé une pluie battante à Noiseau, petite ville du Val-de-Marne, avec banderoles et drapeaux pour redire « NON » à l’implantation d’un établissement pénitentiaire de 800 places au milieu des derniers champs agricoles cultivés de la petite couronne parisienne.
Les voyants environnementaux sont tous au rouge
L’État a jeté son dévolu sur une zone humide aux abords d’un arc boisé classé (forêt Notre-Dame) menaçant une riche biodiversité et des espèces protégées. Ces champs séculaires sont issus d’un défrichage de la forêt, l’humidité y est telle que depuis le XVIIe siècle des drains en terre cuite régulent le ruissellement des eaux vers les rus alimentant la rivière du Morbras.
En mars dernier, à la suite d’une pluviométrie élevée, l’emplacement pressenti est resté inondé pendant plusieurs semaines. Les pluies ont finalement alimenté la nappe phréatique de Champigny, une des plus grandes d’Ile-de-France. Avec ce projet sur une zone inondable, toutes les craintes sont permises tant sur la structure du bâtiment que sur une artificialisation horizontale à outrance.
Un front uni et transpartisan : associations, élus et citoyens
Les élus de tous bords ont conscience de l’importance environnementale de cette zone et ont inclus sa protection dans tous les documents d’urbanisme : PLU, SCOT, SDRIFE, SRCE, PPAEN (en cours). Les risques hydrologiques qui résulteraient de ce projet et la crainte d’inondations dans les villes voisines sont connus. Pourtant l’État signe sa volonté de s’affranchir de tous ces documents en imposant une qualification de PIG à ce projet (projet d’intérêt général).
Les associations de défense de l’environnement connaissent cet environnement privilégié et protecteur pour une faune et une flore vivant aux abords de denses zones d’urbanisation. Ce poumon vert doit être préservé pour les Franciliens. Les terres agricoles fertiles proches de la capitale qui produisent en circuit court seront irrémédiablement perdues alors qu’aujourd’hui est prônée la résilience alimentaire.
99 % des citoyens ont officiellement exprimé un refus du projet lors des concertations et consultations réalisées par l’administration pénitentiaire. Le site retenu ne peut pas offrir des infrastructures nécessaires : absence d’accès aux grands axes routiers, absence de transports en commun, manque de logements pour le personnel… Ce projet mettrait en difficulté un jeune agriculteur de dix-neuf ans, tout juste diplômé, prêt à reprendre l’exploitation familiale. Le dernier coût évalué du simple bâti du projet est de 240 millions HT, en augmentation de 60 % en dix-huit mois et ne comprend pas les coûts de réseaux, du mobilier et de compensation agricole. Cela sera financé par les impôts des citoyens.
À Noiseau, l’État a réussi l’exploit d’unir l’ensemble des forces citoyennes, politiques et associatives contre ce projet. La biodiversité silencieuse peut compter sur elles pour continuer la lutte, les raisons et le courage ne manquent pas !
Le Bureau de l’ARUCHE, Association rurale de protection du cadre de vie, de l’habitat et de l’environnement, et l’Association du collectif citoyen actif et engagé pour Noiseau