Pour la santé et le climat plafonnons le trafic aérien !
Alors que le trafic aérien repart désormais à la hausse et pourrait doubler d’ici à 2040, une coalition d’associations, dont FNE Ile-de-France, s’appuyant sur les témoignages de médecins et de climatologues, dénonce la croissance du trafic aérien, une menace majeure pour la santé et le climat.
À l’appel du réseau Rester sur Terre et de l’UFCNA*, des rassemblements ont eu lieu le 13 mars dernier à travers la France pour réclamer le plafonnement du trafic aérien au-dessous du niveau de 2019. En Ile-de-France, les manifestations concernaient Roissy, Orly, Toussus-le-Noble et Pontoise. Dans un sketch humoristique, la France malade du nombre excessif d’avions, préoccupée par la dégradation de son état de santé, est examinée par des spécialistes. Elle se voit prescrire le « plafonnement du trafic aérien », lequel doit être administré par le ministre délégué chargé des Transports, Patrice Vergriete.
Au-delà de la symbolique, les impacts sur la santé et le climat sont bien réels :
Le bruit est un problème de santé publique majeur : troubles du sommeil, troubles cognitifs, hypertension, maladies cardiovasculaires. Rien qu’en Ile-de-France, le coût social du bruit aérien a été estimé à 4,1 milliards d’euros annuels.
Chaque année, la pollution de l’air provoque plus de 48 000 décès en France, et l’aviation y contribue localement de manière significative. En Ile-de-France, le secteur aérien, responsable de 11 % des oxydes d’azote émis dans la région, est le deuxième pollueur après le trafic routier. Ses émissions ont augmenté de 18 % entre 2005 et 2019. Les particules ultrafines émises par les réacteurs d’avion, plus petites que celles des moteurs Diesel et donc plus toxiques, ne sont pas réglementées.
L’aviation commerciale contribue à hauteur de près de 7 % aux émissions de CO2 de la France.
Or, les solutions technologiques mises en avant par le secteur pour modérer ces impacts ne sont ni suffisamment efficaces ni suffisamment rapides pour les endiguer, car leurs bénéfices sont systématiquement annihilés par la croissance rapide du trafic.
Le 15 mars, une délégation a été reçue par le nouveau conseiller en charge du transport aérien du ministre Patrice Vergriete. L’objectif est d’obtenir la confirmation de l’engagement de Clément Beaune, pris il y a presque un an, d’étudier des scénarios de plafonnement du trafic des aéroports.
Les associations espèrent que leurs demandes parviendront au ministre – destinataire d’une pétition pour le plafonnement du trafic ayant recueilli près de 24 000 signatures – et que le dialogue pourra se réinstaller sur ces sujets urgents. En effet, malgré les promesses, et depuis des décennies, les nuisances et les émissions n’ont cessé d’augmenter, suivant la croissance effrénée du trafic.
Les élus locaux ont renouvelé la demande de rencontrer directement le ministre afin de lui présenter les résultats de la consultation publique en ligne soutenue par 147 villes : du 11 au 24 mars, toutes les personnes résidant en France de plus de seize ans étaient appelées à répondre à la question : « Pour votre santé et face à l’urgence climatique, souhaitez-vous la réduction des vols et leur interdiction entre 22 heures et 6 heures sur les aéroports de Roissy, Orly, Le Bourget et Beauvais-Tillé ? » Plus de 50 000 personnes ont répondu, avec un résultat sans appel : 97 % disent OUI à la réduction du trafic aérien et à l’arrêt des vols la nuit !
* UFCNA : Union française contre les nuisances des aéronefs
Françoise BROCHOT
Présidente de l’ADVOCNAR