FNE Ile-de-France visite un méthaniseur agricole
Produire du gaz renouvelable en utilisant des biodéchets est une bonne solution, oui mais ! Plusieurs projets de méthaniseurs agricoles sont contestés par nos associations.
Afin de promouvoir les pratiques vertueuses nous avons demandé à notre partenaire GRTgaz d’organiser la visite d’une des installations qui alimentent leur réseau.
La région Île-de-France et l’État soutiennent l’implantation de méthaniseurs agricoles dans notre région. Cent cinquante unités doivent voir le jour dans les dix ans qui viennent, ce qui interpelle les associations de défense de l’environnement. Nous avons souhaité visiter une installation dont les pratiques durables puissent servir de modèle. GRTgaz, qui achemine le gaz des fournisseurs vers les consommateurs raccordés à son réseau (gestionnaires des distributions publiques qui desservent les communes, centrales de production d’électricité et plus de 700 sites industriels) nous a proposé de visiter Bassée biogaz à Noyen-sur-Seine (77)
FNE Ile-de-France en visite
Une douzaine d’adhérents, venant de différents départements, ont visité les installations de Bassée Biogaz le 30 août dernier. Carine Mallier et Lionel Boursaud du bureau d’étude Artaim Conseil conduisaient la visite et Pascal Hainaut de GRTgaz était là pour répondre à nos questions.
Le méthaniseur a été implanté en 2017 sur les terres de Nicolas Brunet, qui gère une exploitation de 900 hectares à Noyen-sur-Seine et Jaulnes. D’une capacité initiale de 10 000 tonnes/an d’intrants, il a été porté à 22 000 tonnes/an en 2019 et produit aujourd’hui l’équivalent de la consommation annuelle de près de 2 000 foyers chauffés au gaz ou de 100 bus roulant au gaz.
Que mange-t-il ?
Un méthaniseur est un énorme « estomac » dans lequel des bactéries produisent du gaz en digérant des résidus de culture (pulpe de betteraves, déchets de pommes de terre…), des cultures intermédiaires (CIVE) destinées à couvrir les terres agricoles entre deux cultures principales et des biodéchets issus de la restauration. A Noyen, toute la biomasse utilisée provient de l’exploitation de Nicolas Brunet. Les biodéchets, également appelés « soupe » car ils sont livrés sous forme liquide, représente 30 à 35% des 60 tonnes de « nourriture » ingérés quotidiennement par le méthaniseur.
Plusieurs associations s’inquiètent de ce que des terres agricoles puissent être détournées de leur vocation alimentaire pour produire de l’énergie, ici ce n’est pas le cas. Moins de 10% des intrants proviennent de cultures dédiées. Carine Mallier insiste sur le fait que les bactéries ont besoin d’une alimentation stable qui leur est apportée par les CIVE. La soupe, elle, n’est jamais la même et peut, si l’on n’y prend pas garde, nuire à la production de biogaz.
Une soupe de biodéchets
Dans une région densément peuplée comme l’Île-de-France, les déchets alimentaires sont une ressource de tout premier plan. Aujourd’hui, la majeure partie des biodéchets est incinérée, ce qui est une hérésie car ils sont essentiellement composés d’eau et n’ont aucun pouvoir calorifique. En 2024 leur collecte et leur valorisation seront obligatoires. Il importe donc de s’en préoccuper et de les considérer comme LA source d’approvisionnement de demain. L’expérience acquise grâce à la méthanisation agricole est donc particulièrement utile. Elle nous apprend qu’il faut veiller à la qualité des biodéchets utilisés pour ne pas détruire les bactéries qui produisent le biogaz. Il importe également d’apporter un soin tout particulier à la manière dont les biodéchets sont collectés et triés. En effet, si les épluchures sont mélangées à des plastiques ceux-ci se retrouvent dans les digestas qui ne peuvent plus être utilisés pour fertiliser les terres.
Pourtant, comme le rappelait Pascal Hainaut : « La méthanisation est une des clefs de l’économie circulaire, il faut apprendre à bien l’utiliser ».
Luc BLANCHARD
Co-président de FNE Ile-de-France