Baignade au lac Daumesnil, une étrange conception de la biodiversité
La décision du 8 mars de reporter et, peut-être, d’abandonner définitivement le projet de baignade sur le site protégé du lac Daumesnil est une nouvelle inespérée. Il est vrai que la mobilisation citoyenne a été extrêmement vive et elle l’est encore, les communes limitrophes et plus lointaines étaient aussi montées au créneau, avec leurs maires parfois. De manifestations en réunions et pétitions (celle du Feu au lac a atteint les 15 000 signatures), une marée contestataire a pour ainsi dire noyé l’enquête publique sous les avis défavorables, du jamais vu ! Ce branle-bas face aux attaques environnementales dont Paris est victime devient de plus en plus marqué et organisé. La coordination des associations parisiennes prend de l’ampleur : FNE Paris y a sa part au côté d’A.R.B.R.E.S, SOS Paris, Paris Historique, Monts 14, La Plateforme des associations, la Coordination du bois de Boulogne, et tant d’autres… Ce front uni d’opposition a certainement contribué au retour à la raison des décideurs politiques en ces temps incertains de reconfiguration municipale.
Si l’idée d’une baignade naturelle est heureuse, le choix du site protégé de l’ile de Bercy, abritant ses oiseaux, paons, canards ordinaires et extraordinaires et arbres séculaires reste incompréhensible. L’ile de Bercy dite Ile aux oiseaux est jugée pourtant si exceptionnelle qu’elle bénéficie d’une double protection, au titre de la loi de 1930 concernant les sites classés et au titre de la protection, inscrite au PLU, sur les espaces boisés. Mais à quoi servent les protections, si cet écrin peut, au gré du vent municipal, devenir le berceau d’un véritable écocide ?
Nous passerons sur les problèmes insolubles de goulets d’étranglement, de sécurité, de congestion et de stationnement. En fait d’aménagement, temporaire et ultra light selon la Mairie, il s’agit d’un saccage patrimonial et environnemental en règle avec excavation du lac et bétonisation massive. Cerise sur le gâteau de la biodiversité, de multiples dispositifs d’effarouchement d’oiseaux et d’animaux seront de la partie !
Pour faire nager et barboter nos enfants, pourtant, bien d’autres lieux sont possibles. Aucune étude alternative n’était cependant mentionnée dans le résumé non technique de l’étude d’impact, alors que d’autres lieux de baignade peuvent être programmés au sein de la ZAC Bercy Charenton ou du Grand Paris. Comme dans le cas des serres d’Auteuil, les projets alternatifs raisonnables n’ont pas eu droit de cité ! Oui, la mairie a une tendance fâcheuse à préférer les écrins patrimoniaux pour y installer ses projets à médiatiser : une dérive que FNE Paris est décidée à ne pas laisser s’installer. Les espaces naturels parisiens ne sont pas des friches à construire, qui plus est, s’ils sont protégés !
La préservation et le développement de la biodiversité sont des questions trop cruciales et vitales pour être sacrifiées sur l’autel de la communication municipale.
Christine NEDELEC
Présidente de FNE Paris
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