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L’essentiel sur l’impact environnemental des data centers
1. Définition
Un centre de données est une construction (ou un ensemble de constructions) qui permet de stocker des données numériques. Pour cela, le data center est composé de matériel informatique (serveurs de traitement des données, système de stockage des données et une infrastructure réseau pour gérer et sécuriser les communications avec l’extérieur). Des dispositifs logiciels assurent la cybersécurité des données, tandis que des équipements d’alimentation électrique assurent la continuité du fonctionnement de l’ensemble. Le système de refroidissement permet de maintenir la température des équipements.
Les data centers permettent différentes activités selon le matériel informatique : bases de données, calcul, entraînement d’IA, échange de données, … À chaque envoi d’e-mail, utilisation de services numériques “cloud” ou utilisation d’outils d’intelligence artificielle, des data centers sont mobilisés.
Le terme « centre informatique » serait plus adapté, mais l’usage s’est établi sur le terme data centers ; nous garderons le sigle DC.
2. Typologie des data centers
De nombreux types de data centers et modèles de service existent. Leur classification varie selon leur appartenance à une ou plusieurs entreprises, les technologies qu’ils utilisent pour le traitement et le stockage, et même leur consommation d’énergie. Les principaux types de data centers sont les suivants :
- Data centers d’entreprise : le data center peut être détenu et exploité par une seule entreprise pour ses activités propres : il est généralement hébergé sur le réseau local de l’entreprise. Le data center peut aussi être utilisé géré par un tiers (fournisseur de services managés) : l’infrastructure loue l’équipement et l’infrastructure mais le data center ne sert qu’à ses activités.
- Data centers partagés (de colocation)
Dans ce type de data center, l’entreprise loue un espace dans un data center détenu par d’autres et situé en dehors de ses locaux. Le data center partagé héberge l’infrastructure : bâtiment, refroidissement, bande passante, sécurité, etc., tandis que l’entreprise fournit et gère les composants, y compris les serveurs, les systèmes de stockage et les pare-feu. - Data centers dans le cloud : les data centers situés hors site, les données et les applications sont hébergées par un fournisseur de services cloud comme Amazon Web Services (AWS), Microsoft (Azure), IBM Cloud, ou d’autres fournisseurs de cloud public.
Les data centers destinés à alimenter l’IA utilisent des GPU (Graphic Processing Unit : un processeur dont l’architecture composée de nombreux cœurs plus petits est adaptée au calcul parallèle). Or, la demande en calcul pour l’IA est multipliée par 10 chaque année et la puissance de calcul pour entraîner les modèles d’IA est multipliée par 2 tous les 6 mois : cela implique une augmentation particulièrement importante de la consommation d’énergie.
Une puce GPU H100 de Nvidia = 700 watts de puissance (l’équivalent d’un micro-ondes).
3. Implantation nationale et régionale
Il y a au moins 300 DC répertoriés en France, dont plus de 170 en IdF, de 200m2 à 66000m2. L’IdF est le 4ème pôle d’attractivité de DC en Europe. Leur développement est soutenu par le gouvernement, qui souhaite «Faire de la France une puissance de l’IA».
4. Impacts négatifs des Data Center
4.1 Consommation électrique
Ressource : Comprendre la différence entre MW, MWh, MWc et MV
À l’échelle mondiale, la consommation électrique des centres de données pourrait passer de 530 TWh en 2023 à 1490 TWh en 2030 (et 3000 TWh en 2035).
GW et TWh : Puissance et consommation :
Un gigawatt (GW) mesure une puissance instantanée installée.
Un térawattheure (TWh) mesure une quantité d’énergie consommée sur une période donnée (ici, une année) avec un certain profil31.
Ordre de grandeur et comparaison :
100 GW ? En 2024, 100 GW de capacité électrique c’est l’équivalent de 10 fois l’intégralité de l’industrie française (RTE, 2025c). Pour illustration, les trois réacteurs nucléaires de Flamanville ont des puissances respectives de 1,3, 1,3 et 1,6 GW (Wikipédia, s. d.).
420 TWh ? La consommation électrique française en 2024 est de 450 TWh (RTE, 2025a).
Deux variables pour décrire l’évolution énergétique de la filière des centres de données :
Les TWh permettent de mesurer la consommation récurrente d’électricité, par exemple chaque année.
Les GW renseignent eux sur les infrastructures : à la fois en termes de taille des sites de centres de données en décrivant la puissance informatique (IT) installée (en GW), mais aussi en termes de capacités de production électrique à allouer ou à construire pour alimenter (en GW).
Source : The Shift Project – Attention : la puissance dont on parle ici est la puissance électrique (en GW). La puissance informatique correspond plutôt aux flops.
4.1.1 Indicateur d’efficacité énergétique
L’indicateur de puissance énergétique (PUE : Power Usage Effectiveness) indique quel est le ratio entre l’énergie totale consommée par l’ensemble du centre d’exploitation (avec entre autres, le refroidissement, le traitement d’air, les UPS (onduleurs)…) et la partie qui est effectivement consommée par les systèmes informatiques que ce centre exploite (serveurs, stockage, réseau). Ne sont pas inclus dans le calcul du P.U.E. tout ce qui n’est pas directement relié au fonctionnement des installations informatiques ou des installations nécessaires à leur bon fonctionnement tels que les espaces bureau, les zones de préparation et de stockage, les corridors, les salles vides, l’éclairage extérieur…[2]
Il a été développé à partir de 2007 par le consortium The Green Grid.
L’incorporation de panneaux solaires, hydroélectricité ou autres sources de courant ne vient pas diminuer le P.U.E.. L’énergie produite par des panneaux solaires et consommée doit être comptabilisée dans le calcul. En effet, le P.U.E. mesure le rendement d’un data center et n’est pas une référence en économie d’énergie, quand bien même elle y contribue financièrement. Il n’est donc physiquement pas possible de descendre en dessous d’un P.U.E. de 1. Toutefois, la chaleur générée par les serveurs peut être réutilisée pour chauffer certaines zones en hiver afin d’améliorer le rendement.

Indicateur d’efficacité énergétique (Power Usage Effectiveness : PUE) : en moyenne = 1,46 (2023) : “pour chaque kWh consommé par les équipements informatiques, le datacenter dans sa globalité, consomme 1,46 kWh” ; et en amélioration avec une moyenne PUE = 1,35 pour les nouveaux DC. L’Etat souhaite améliorer l’efficacité énergétique de ses DC.
Source du graphique : ARCEP →
Plus le DC est important, plus le PUE est faible.
Contrats de raccordement signés de 6GW et en cours d’instruction par RTE de 6GW pour les data centers.
Jusqu’ici, les DC avaient des puissances de raccordement de 1 à 20 MW, mais des projets de 50 à 200 MW sont arrivés récemment ; et un projet à 1,4GW à Fouju (77): augmentation exponentielle des puissances de raccordement.
IDF : En 2040, ils pourraient consommer 40 TWh : le tiers de la consommation régionale.

En France : Les DC consomment entre 2,4 et 10 TWh par an selon les sources, soit autant que un à plusieurs millions d’habitant.es. Ce chiffre pourrait atteindre 50 à 70TWh en 2035.
La consommation d’électricité de toute la région IdF était de 65,4TWh pour l’année 2024, et devrait atteindre 120 TWh en 2040. Consommation moyenne en France : 2.223kWh par personne par an.
Pour comparaison : Fin 2024, la puissance du parc solaire photovoltaïque atteint 25,3GW ; la puissance du parc éolien français atteint 25GW (projets en cours d’instruction : 16,5 GW) ; la capacité de production d’électricité avec le biogaz est de 589 MW.
Dans le monde : L’Agence internationale de l’énergie (AIE) considère que les DC pourraient consommer 13 % de l’électricité mondiale avant 2035, contre 1,5% actuellement (415 TWh en 2024). ⅔ de cette consommation sert aux équipements informatiques, et ⅓ pour le refroidissement et les activités tertiaires. (Sources: La Relève et la Peste ; CESE ; ARCEP).

Aux États-Unis, l’essor rapide des data centers alimente la relance des énergies fossiles : centrales à gaz et au charbon.
Un data center d’une puissance de 1,4GW qui fonctionnerait constamment à 50% de sa pleine puissance consommerait plus de 6,13 TWh d’électricité par an, soit environ 10% de la consommation actuelle d’électricité de la région et autant que les habitants de Seine-et-Marne et de l’Essonne. (EPR Flamanville : 1,6GW et moyenne d’un réacteur nucléaire français : 900MW ; 8,5 milliards d’euros investis, pour entraîner l’IA de la start-up française Mistral AI (associée au fonds émirati MGX et financée par Bpifrance). (Source : Le Monde, MRAe)) Un data center d’une puissance de 200MW consommerait environ autant que les habitants de la Métropole de Saint-Etienne pour leur consommation personnelle.
D’après l’AIE, la génération par IA d’une vidéo de 6 secondes à 8 images par seconde requiert environ 115 Wh, soit l’équivalent de la recharge de deux ordinateurs portables.
A titre de comparaison, en partant de l’hypothèse selon laquelle le DC fonctionnerait à 50% de sa puissance de raccordement (en réalité, on observe plutôt une consommation d’environ 60% de la puissance de raccordement) :
Puissance de raccordement du data center (MW) | Consommation électrique annuelle (50% de la puissance) (MWh) | Consommation électrique annuelle observée (MWh) | Équivalent en consommation électrique de X habitant.es /an (50% de la puissance) | Équivalent en consommation électrique des habitant.es de X ville/an (50% de la puissance) |
1400 | 6132000 | 2 758 435 | 10% IDF ; Habitants de Seine-et-Marne + Essonne ; Plus que les habitants de Paris ou du département du Nord (le plus peuplé de France) | |
700 | 3066000 | 1 379 217 | ||
250 | 1095000 | 492 578 | ||
200 | 876000 | 394 062 | Habitants de la Métropole de Saint-Etienne ou du département du Tarn | |
100 | 438000 | 197 031 | Habitants de l’agglomération de Pau | |
80 | 350400 | 157 625 | ||
70 | 306600 | 137 922 | ||
50 | 219000 | 98 516 | ||
20 | 87600 | 39 406 | Habitants de Garges-les-Gonnesses, Melun ou Massy ou Le Lamentin (2ème commune de Martinique) | |
10 | 43800 | 19 703 | ||
0,00025 | 1,1115 | 1 |
La loi 15 novembre 2021 visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique en France demande plus d’engagement de la part des opérateurs de communications électroniques en faveur de la transition écologique et renforce les conditionnalités environnementales pour bénéficier du tarif réduit de la taxe intérieure de consommation finale d’électricité (TIFCE).
Effet rebond : les puces GPU sont de plus en plus efficaces, mais la demande augmente énormément (3,7 millions livrées en 2024). Le PUE diminue mais la consommation d’électricité des data centers augmente, avec des DC plus gros. D’après Bon Pote, ces effets rebonds directs sont souhaités par l’industrie pour rentabiliser leurs investissements en augmentant les usages. «Un seul GPU haut de gamme (par exemple la puce H100 de Nvidia) a une puissance d’environ 700 watts, soit autant qu’un micro-ondes.»
4.1.2 Enjeu d’approvisionnement en Énergie
La consommation des futurs DC étant encore incertaine, le dimensionnement du réseau est difficilement prévisible : RTE souhaite anticiper les demandes pour adapter le dimensionnement du réseau. Cela permettrait d’adapter les zones d’implantation et les DC au réseau (et inversement). Il existe la possibilité pour les opérateurs de conclure des contrats de vente directe d’électricité (PPA : Power Purchase Agreements) avec EDF (vente d’électricité sur le long terme) (Source : Le moniteur des travaux publics). Or, les scénarios de planification énergétique, qui tiennent compte des objectifs climatiques, n’intègrent pas l’augmentation importante de la consommation d’électricité par les centres de données, qui pourrait représenter une augmentation de 200 TWh d’ici 2035 en Europe. 
Le Projet Régional d’Aménagement (PAR, composante non opposable du SDRIF-E) indique que les nouveaux projets doivent «tenir compte des capacités du réseau électrique local». Les demandes de raccordement de centres de données sont encore mal anticipées par RTE, ce qui pourrait mettre en danger d’autres projets nécessitant un raccordement électrique de grande ampleur, comme ceux participant à la décarbonation de l’industrie française et des transports.

La consommation électrique d’IDF est majoritairement importée (95% : 3,4TWh produits localement contre 65TWh consommés) : enjeux de souveraineté énergétique.
→ Amsterdam Métropole (surface, durée, coût des stations haute et très haute tension)
Les Data Center accaparent les ressources en électricité, sans flexibilité car ils doivent être constamment alimentés. Ainsi, des conflits d’usage pourraient émerger : c’est déjà le cas en Irlande. (C)
«Sur le plan opérationnel, les centres de données provoquent déjà des dysfonctionnements du réseau électrique : surchauffe des équipements électriques par surcharge, fluctuations dangereuses de la tension qui peuvent endommager les appareils, perturbations de la qualité du courant électrique, et instabilités du réseau provoquant des variations de fréquence. Lorsqu’une perturbation du réseau pousse un centre de données à basculer sur son alimentation de secours, cela retire brutalement une charge massive du réseau, pouvant provoquer des changements de tension ou de fréquence et potentiellement déclencher des coupures en cascade.» Source : Bon Pote, AIE
Les raccordements au réseau des nouveaux data centers pourraient aussi être un obstacle à la construction de nouvelles infrastructures : les temps d’attente de connexion peuvent atteindre 10 ans dans certains pays.
Depuis août 2025, le dispositif Use It Or Lose It (UIOLI, art. L. 342-24 du Code de l’énergie) permet à RTE de revoir à la baisse la puissance allouée à une infrastructure si elle ne l’utilise pas entièrement.
4.2 Impacts environnementaux et sanitaires
Des DC sont prévus à proximité des ERP sensibles (Établissements Recevant des Publics Sensibles) : écoles, crèches, EHPAD, … Cela pose particulièrement problème car les data centers émettent des pollutions sonores (bruit permanent) et atmosphériques (lors de l’utilisation des groupes électrogènes). Ils contribuent également aux îlots de chaleur urbaine. Par exemple, le data center de Goodman à Tremblay-en-France est installé à quelques centaines de mètres d’un lycée.
Les data centers sont alimentés par des lignes à très haute tension (225 ou 400kV) qui émettent des rayonnements électromagnétiques, ce qui peut entraîner des problèmes de santé pour les publics vulnérables. La MRAe recommande la prudence sur ce sujet (éviter les implantations à côté d’ERP sensibles par précaution) en raison des incertitudes sur les conséquences exactes de l’exposition aux rayonnements électromagnétiques.
Le Projet Régional d’Aménagement (composante non opposable du SDRIF-E) indique que les nouveaux projets doivent «tenir compte […] des enjeux environnementaux (ressource en eau, effet d’îlot de chaleur urbain, valorisation de la chaleur fatale, etc.)». Les orientations réglementaires du SDRIF-E obligent les nouveaux data centers à limiter leur impact environnemental (exemplarité énergétique, maîtrise des pressions sur la ressource en eau) et doivent s’insérer dans le territoire urbain ou dans le paysage.
Pour soutenir le développement de data centers les moins nocifs possible et encourager la transparence, le CESE recommande la création d’un éco-score de l’IA.
Un exemple de data centers affectant directement les personnes vivant aux alentours, aux Etats-Unis.
4.3 Cycle de vie des Data Centers
Le cycle de vie des data centers comprend le cycle de vie des bâtiments, mais aussi celui des composants électroniques.
De plus en plus de data centers sont installés dans de nouveaux bâtiments, construits spécialement pour cet usage, souvent sur des friches industrielles (mais parfois aussi sur des ENAF). De nombreux impacts environnementaux sont causés par les travaux de construction des data centers : des risques existent de pollution des sols, des eaux, de l’air et sonore.
La construction puis le démantèlement des data centers entraînent l’émission de gaz à effet de serre et la production de déchets : cela doit être pensé en amont, afin d’éviter, puis réduire et enfin compenser les effets de la production de bâtiments.
Les DC contiennent des serveurs qui doivent être renouvelés de manière régulière. Or, ils contiennent des substances qui peuvent être dangereuses pour la santé et l’environnement, telles que du plomb ou du mercure. Les data centers génèrent ainsi des déchets dont le traitement peut être difficile ou dangereux : batteries, lampes fluorescentes, solvants, réfrigérants, …
Les terminaux et autres équipements, dont le renouvellement s’accélère avec le développement de l’IA, posent aussi problème quant à leur recyclage : leur éco-conception est donc essentielle.
Tous les composants électroniques d’un DC (CPU,GPU, mémoires, etc….) comportent ,en particulier, des terres rares dont l’extraction minières à travers le monde pose des problèmes environnementaux et d’exploitation des travailleurs (logiques d’exploitation néo-coloniales). La localisation des ressources importantes en terres rares dans certains pays comme la Chine a des impacts socio-économiques et politiques sérieux. Les composants obsolètes (GPU en particulier) sont envoyés dans des décharges de pays d’Afrique, ce qui expose encore les populations aux polluants et métaux toxiques.
Comme l’indique le rapport de l’ONU, la production de déchets électroniques a augmenté cinq fois plus vite que leur taux de recyclage.
4.4 Pollution Atmosphérique
Les groupes électrogènes (fonctionnant majoritairement au fuel) doivent être testés tous les mois, ce qui émet inévitablement des polluants (NOX) dans l’air. Cela s’additionne à la pollution environnante déjà émise par les transports, les autres DC ou les industries. Cependant, comme ces générateurs sont des équipements «destinés aux situations d’urgence», aucune norme n’est imposée. Le fioul servant à les alimenter doit être constamment préchauffé pour être utilisable le plus rapidement possible en cas de coupure de courant. La MRAe relève que le risque de pollution est «encore insuffisamment documenté lorsqu’une panne systémique intervient (incendie, tempête, grève), aux Ulis, les groupes électrogènes ont fonctionné 11 jours : un risque pour les populations situées à proximité».
Par exemple, pour le data center Interxion PAR7 de La Courneuve, d’une puissance de 64 MW, 8 groupes électrogènes de plus de 6 tonnes chacun peuvent être mis en service. Pour cela, 280 000 litres de fioul sont stockés, et préchauffés.
Pourtant, le réseau français est très fiable : le réseau haute tension a une disponibilité de 99,9995 %, les pannes de plus de 3 minutes survenant moins d’une fois tous les 10 ans (3 à 4 ans pour les pannes plus courtes).
De plus, les recommandations de l’OMS et les nouvelles normes européennes de qualité de l’air pour 2030 n’ont pas encore été transposées. Par conséquent, des équipements très polluants pourraient être utilisés. De plus, l’hydrogène et les HVO ne sont pas encore suffisamment développés pour être utilisables à échelle suffisante et compétitifs économiquement. Les pollutions causées par les générateurs entraînent une hausse des cas d’asthme.
4.5 Pollution Sonore
Les data centers sont des infrastructures bruyantes. Leur impact peut être atténué avec des écrans acoustiques ou l’ajout de silencieux aux groupes électrogènes. Cartographie du bruit des transports en IdF.
Le bruit des data centers peut être entendu jusqu’à des centaines de mètres à la ronde : un bruit constant, particulièrement bien entendu par l’oreille humaine car la fréquence correspond à la voix humaine. Cela peut causer des pertes d’audition, un taux élevé d’hormones du stress (cortisol), de l’hypertension, des insomnies ou encore des maux de tête.
Par exemple, pour le data center d’Aulnay-sous-Bois, l’étude d’impact mentionnait une augmentation de 6dB aux abords du site lors d’une situation d’urgence (utilisation des générateurs), après mise en œuvre des moyens d’atténuation.
4.6 Prélèvement et Consommation d’Eau
Une fois le data center en service, l’eau sert à son refroidissement (température entre 18 et 27°C), au traitement de l’air (humidité entre 20 et 80%), au rechargement des circuits fermés, au nettoyage et à l’arrosage des équipements techniques des data centers, ainsi que pour les activités tertiaires (sanitaires, usage par les employés).
681 000 m3 ont été prélevés par les data centers en 2023 : +19% par rapport à 2022. L’eau utilisée est majoritairement de l’eau potable, ensuite rejetée dans les réseaux d’eaux usées ou d’eaux pluviales. De manière indirecte, la production d’électricité utilise aussi de l’eau (notamment les réacteurs nucléaires) : au total (direct et indirect), 6 millions de m3 ont été prélevés ou consommés en 2023 (autant que 100 000 personnes). Les systèmes d’IA pourraient consommer en 2027 entre 4,2 et 6,6 milliards de mètres cubes d’eau à l’échelle planétaire, soit une consommation légèrement supérieure à celle du Danemark.
Dans un contexte de multiplication des sécheresses, limiter la consommation d’eau est un enjeu crucial, d’autant plus que France Stratégie prévoit une hausse des prélèvements durant les mois les plus chauds et les vagues de chaleur (plus de refroidissement nécessaire), donc lorsque la ressource en eau est le moins disponible.
Plusieurs systèmes de refroidissement existent (Sources : France Datacenters ; DC Mag ; Telehouse ; AKCP ; The shift project) :

- Systèmes de refroidissement adiabatiques (par évaporation) : lorsqu’un flux d’air chaud passe à travers un filtre humide, l’eau présente sur ce filtre s’évapore, absorbant la chaleur de l’air. L’air est ensuite diffusé. (schéma →)
- Refroidissement liquide direct (DLC) en boucle : il peut être utilisé très près des composants mais pose des risques de pollution de l’eau.
- CRAC : climatiseur avec soufflage d’air et réfrigérants (très consommateur d’énergie)
- CRAH : circuit d’eau glacée, dans les régions naturellement froides
- Refroidissement Two-Phase : utilisation de PFAS
Types de refroidissement (selon taille du centre de données et technologies disponibles) :
- Le refroidissement par climatisation. Ce système repose sur la réfrigération mécanique à compression de vapeur, assurée par un climatiseur. Les salles informatiques sont équipées de dispositifs permettant de diriger l’air froid vers les serveurs.
- Le « free cooling ». Cette méthode consiste à utiliser l’air frais extérieur pour refroidir les serveurs, éliminant ainsi le besoin de climatisation. Elle est efficace tant que la température extérieure ne dépasse pas 25°C. Elle est souvent combinée avec un refroidissement par évaporation d’eau.
Les refroidissements liquides:
- Les latines e natio lies cs encome amer avertien in remariest raigue
soutenir le refroidissement à air traditionnel- Le « Direct Liquid Cooling ». Dans ce système, un liquide froid circule à travers des tuyaux en contact
Boucle fermée ou ouverte
L’eau permet d’évacuer la chaleur au moyen de systèmes à boucle fermée ou ouverte. Dans les boucles ouvertes, l’eau est prélevée d’un environnement naturel (comme un fleuve ou une nappe phréatique), passe par des échangeurs thermiques où elle capte la chaleur, puis est rejetée, souvent sous forme de liquide ou de gaz après un réchauffement, via un procédé de refroidissement adiabatique où l’eau est évaporée.
Pour comparer plusieurs utilisations d’eau, on peut utiliser l’indice d’efficience en eau (WUE : Water Usage Effectiveness). En moyenne, il se situe entre 0,15 et 0,5 L/kWh : un bon WUE est donc aux alentours (voire en dessous) de 0,2L/kWh, voire à 0 si le système de refroidissement n’utilise pas d’eau (ce qui risque cependant d’être nettement plus énergivore).
Le SDRIF-E comporte des orientations réglementaires et un projet d’aménagement régional :
- Obligations réglementaires (opposables): concilier préservation de la biodiversité et développement des activités économiques : préserver les berges non artificialisées, respecter l’écoulement naturel des cours d’eau ; maîtriser la pression exercée sur les capacités de ressource en eau (OR 20)
- Projet d’aménagement régional (non opposable): réduction des prélèvements liés aux activités industrielles et anticipation des conflits d’usage de l’eau pour les nouveaux projets
Bonne pratique : Limiter le recours à la climatisation, par exemple en passant la température des salles de 21 à 23 °C, soit 1 à 10% de réduction de la consommation d’énergie (Source : France Datacenter)
4.7 Acceptabilité Locale et Sociale
Les data centers entraînent relativement peu de création d’emplois pérennes, même indirects : environ 30 000 personnes pour la filière en 2023, et 1000 à 2500 nouveaux emplois par an (20 fois plus de personnes travaillent pour l’agriculture). (Sources : France Datacenter, ZD NET, Insee)
Les DC rapportent de l’argent aux communes (ex : 30M€ environ par des loyers à Meudon pour 1 DC, sur 18 ans (source à vérifier)), et leur permettent d’assurer du chauffage (ex : piscines, équipements et infrastructures collectives).
4.8 Aménagement du territoire
Les data centers et les projets sont concentrés : les nuisances aussi. Environ la moitié des DC d’IdF sont dans Paris, et une seconde moitié dans les communes urbanisées moins denses.
Dans une perspective de sobriété foncière et de préservation de la pleine terre, il existe un enjeu de réutilisation des sites de data centers existants et des friches en milieu urbain ; et un enjeu d’utilisation optimale des sites de data centers, en extension comme en renouvellement. Il faut aussi s’assurer que les DC seront intégrés dans le territoire et les activités locales.
Les orientations réglementaires du SDRIF-E mentionnent que les nouveaux data centers doivent être prioritairement installés dans les sites d’activités économiques existants. 35 sites «clés-en-main» en France ont été identifiés par le gouvernement pour accueillir des DC destinés à alimenter l’IA. Cependant, l’acceptabilité locale n’est pas garantie pour tous.

Sites identifiés par le gouvernement, dont 4 premiers sites «fast track» :
- au sein de la ZAC des Bordes à Fouju (Seine-et-Marne, Ile-de-France) pour une capacité initiale de 700MW;
- à l’emplacement de l’ancienne centrale EDF de Montereau à Vernou-la-Celle-sur-Seine et La-Grande-Paroisse (Seine-et-Marne, Ile-de-France) et pour une capacité initiale de 700MW.
4.8.1 Comparaison Clusterisation ou dissémination ?
Vaut-il mieux rassembler tous les data centers au même endroit (en 1 ou plusieurs clusters) ou les répartir sur le territoire ?
Clusterisation | Dissémination |
Arguments pour :
| Arguments pour :
|
Arguments contre :
| Arguments contre :
|
4.8.2 Intégration spatiale du data center

Source : IPR
4.9 Contribution au réchauffement climatique
Le numérique représente environ 4,4% de l’empreinte carbone en France en 2022 (contre 2% en 2019 et 6,7% projetés pour 2040 dans un rapport de 2019) dont 46% est causée par les DC , mais en tenant compte des hébergements offshore, les émissions liées au numérique en France passent de 29 à près de 50 MtCO₂e par an. Les émissions du secteur numérique augmentent de 2 à 4% par an en France. Les émissions du secteur pourraient tripler d’ici à 2050 si les tendances actuelles se poursuivent (La Relève et la Peste), et les tendances actuelles empêchent toute possibilité d’atteinte des objectifs de décarbonation du numérique en France : «Tenir l’objectif 2050 ne peut donc se faire qu’en limitant l’installation de nouveaux centres de données en France quand bien même notre électricité est relativement décarbonée ; ceci ne pouvant se faire sans une réflexion sur la structuration de l’offre dans la filière centres de données et de ses modèles d’affaires.»
Il est impossible de connaître précisément l’empreinte carbone de l’IA : les quelques informations données par les entreprises proposant des modèles d’IA n’est pas vérifiable : ces entreprises affirment qu’une requête «moyenne» (une page de texte) ne requiert que très peu d’énergie ; mais estiment pourtant qu’une large partie des productions d’électricité doit être orientée vers l’IA. L’empreinte carbone de l’IA se décompose en deux parties : l’entraînement des modèles, puis l’utilisation pour chaque requête. 
Les data centers sont responsables d’émissions de gaz à effet de serre en raison de leur utilisation, mais aussi lors de leur construction.
Les gaz à effet de serre induits par la production d’électricité par les data centers pourraient passer de 458gCO2e/kWh en 2023 à 312 gCO2e/kWh en 2030 à l’échelle mondiale.
Si les Etats respectent leurs trajectoires politiques actuelles, cela représenterait 600 MtCO2e d’émissions de GES pour les centres de données dans le monde en 2030, soit x2,5 par rapport aux 250 MtCO2e de 2020, ou 1,2 % à 1,4 % des émissions de GES mondiales en 2030.
«À l’échelle mondiale, et à date, on estime que pour les centres de données, la répartition de l’empreinte carbone est la suivante : 75 % pour l’utilisation et 25 % pour l’empreinte embarquée.» En France, en raison du faible coût carbone de l’électricité, la part pour la fabrication des data centers et du matériel qu’ils contiennent est plus importante.
Les groupes électrogènes fonctionnent au fuel et émettent donc des gaz à effet de serre, parfois autant que le reste de la commune d’implantation.
Les systèmes de refroidissement utilisés sont aussi des sources potentielles de GES : les gaz HFC utilisés comme réfrigérants ont un pouvoir réchauffant jusqu’à 14 800 fois celui du CO2, lorsqu’ils sont libérés dans l’atmosphère (fuites). Leur utilisation est donc dangereuse, et devrait se terminer en 2050 selon le protocole de Montréal (complété par le protocole de Kigali).
La production d’électricité en France est responsable de 21,3kg CO₂eq/MWh (2024) (moyenne de 292 g dans l’UE (2023)).
Il n’est aujourd’hui pas démontré que le numérique contribue de manière importante à la décarbonation : si les solutions numériques peuvent accompagner les changements, elles ne sont généralement pas pensées pour la transition et nous n’avons pas de certitudes sur les effets futurs de la digitalisation sur le changement climatique et l’environnement.
4.10 Vulnérabilité au changements climatiques et aux évènements extrêmes
Les data centers sont dépendants des infrastructures qui les alimentent : réseaux d’eau, d’électricité, de communication, … qui sont eux-mêmes dépendants des conditions météorologiques et climatiques, et vulnérables aux événements climatiques extrêmes. Par conséquent, les coûts d’assurance des data centers vont aussi certainement augmenter. (Source : XDI)
Exemple : lors d’une panne de grande ampleur comme en ont connu l’Espagne et le Portugal cette année, les data centers ne seraient plus approvisionnés en énergie électrique, et dépendraient donc de leurs groupes électrogènes.
4.11 Le risque d’incendie dans les data centers
Le risque d’incendie dans les data centers n’est pas négligeable : les data centers font l’objet d’analyses de risque incendie lors de la préparation du projet.
Les batteries au lithium-ion présentent un fort risque d’incendie, en particulier lorsqu’elles sont soumises à de fortes chaleurs.
5. Enjeux d’aménagement du territoire
5.1 Enjeux d’aménagement du territoire
Le gouvernement a annoncé 109 milliards d’euros d’investissements futurs dans les data centers et l’IA, lors du Sommet de l’IA en février 2025 (7 milliards annoncés en 2024 : énorme bond) mais absence de planification (sous-destination logistique, aucune condition posée à la récupération de la chaleur fatale dans le SDRIF-E, proximité avec un réseau de chaleur urbain).
Le gouvernement souhaite soutenir les grands consommateurs d’électricité, en particulier les data centers, avec :
- Une réduction fiscale de 10,5 €/MWh pour les grands centres de données, sous conditions de performance environnementale (pour comparaison, EDF s’est fixé un objectif de prix moyen de vente de l’électricité nucléaire existante de 70 €/MWh jusqu’en 2040, hors taxes et frais de réseau) ;
- Une remise de 5,7 €/MWh sur le tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité (« TURPE ») pour les sites fortement consommateurs d’électricité qui présentent un profil de consommation prévisible et stable (ce qui est le cas des DC) ou anticyclique.
Toutefois, le CESE recommande de concentrer les financements publics en matière de recherche et d’innovation sur les IA à finalité directement environnementale et sur les IA frugales (termes à manier avec précaution en raison du risque de greenwashing) car les acteurs économiques ont déjà intérêt à financer le développement des IA à finalité d’optimisation des ressources. Il préconise aussi de porter le sujet de l’impact environnemental des systèmes d’IA au niveau international, et de développer l’écoconception et l’usage frugal de l’IA pour la France.
L’IPR plaide pour l’élaboration d’une stratégie nationale sur les data centers : types, quantité, localisation, intégration dans les SCoT, SDRIF, …
Dans le cadre du Projet de loi simplification vie économique déposé en avril 2024 par le gouvernement, une CMP doit se réunir pour proposer un texte qui mette d’accord les sénateurs et les députés :
- Le PS propose de réserver l’implantation des DC en France aux entreprises de pays avec assez de garanties pour que les Etats étrangers ne puissent pas avoir accès aux données stockées en France
- L’article 15 pourrait permettre l’installation de data centers d’une surface de plus de 40 ha (400 000 M2), en leur attribuant le statut de “Projet d’Intérêt National Majeur” (PINM). Ces DC bénéficieraient d’une réduction sur le prix de l’électricité, ne seraient pas soumis à la loi ZAN, pourraient être dispensés d’étude d’impact pour le raccordement électrique, …
- Une Raison Impérative d’Intérêt Public Majeur pourrait être reconnue, permettant de déroger à la protection d’une espèce protégée et de prioriser ou accélerer les raccordements électriques.
⇒ En réponse, La Quadrature du Net et le collectif marseillais “Le Nuage était sous nos pieds” demandent un moratoire de deux ans sur la construction des DC d’envergure, et la tenue d’un débat public sur le sujet.
La proposition de loi n°348 visant à encadrer l’implantation des centres de données sur le territoire français (PPL Datacenters) a été déposée au Sénat par des sénateurs du Parti Socialiste le 17 février 2025. Elle est encore en cours d’examen par la Commission des affaires économiques du Sénat.
Cependant, la planification pourrait servir le développement et l’intensification des projets : l’IPR souligne que «les pays qui réussissent le mieux dans ce défi de numérisation des territoires (place des GAFAM, sobriété numérique, contribution financière des acteurs privés aux renforcements d’infrastructures publiques, etc.) sont ceux qui ont entamé une démarche concertée entre acteurs publics de la planification urbaine et de l’énergie.» (exemple de clusters à Dublin ; Amsterdam ; Stockholm où des conflits d’usage des sites et de l’énergie émergent)
Les data centers peuvent être considérés comme des infrastructures fournissant des services critiques. C’est pourquoi ceux servant pour les institutions financières, les hôpitaux, les sites officiels gouvernementaux ou encore les fournisseurs de services de santé peuvent fonctionner même en cas d’importante tension sur le réseau électrique.
L’objectif du gouvernement est, outre de favoriser la croissance économique de la France, d’assurer la compétitivité du pays, en s’appuyant sur des arguments relatifs à l’autonomie et à l’indépendance numérique de la France (alors même que nos centrales nucléaires tournent à l’uranium importé et que les composants des DC ne sont toujours pas français). C’est d’ailleurs ce que préconise l’UE : lors des marchés publics, il faut absolument privilégier des produits et services qui respectent au moins les spécifications techniques relevant du niveau «essentiel» dans les critères pertinents de l’Union en matière de marchés publics écologiques ou d’autres critères nationaux équivalents pour, notamment, les centres de données, les serveurs et les services en nuage.
Il faut s’assurer de la résilience des infrastructures (y compris en termes de cybersécurité). En effet, la protection des données vis-à-vis des autres acteurs (Etats qui voudraient avoir accès aux données stockées dans des DC détenus par leurs investisseurs par exemple) et des risques posés par le changement climatique est cruciale. (Source : France Datacenters)
Aux USA : Meta fait construire une ferme de panneaux solaires pour s’alimenter avec 600 MW (destinés uniquement à sa propre consommation) : “Ce fonctionnement en silo énergétique offre à Meta une stabilité tarifaire et une prévisibilité en matière d’approvisionnement critique, mais pose également la question de la captation de ressources solaires par des usages privés, au détriment des systèmes collectifs.” Pour parer au plus pressé, des énergies fossiles polluantes sont utilisées (centrales à gaz vétustes pour xAI, de Musk, qui polluent principalement des populations déjà marginalisées et défavorisées), en attendant de pouvoir recourir à la géothermie, à de petits réacteurs nucléaires ou à la fusion nucléaire.
5.2 Récupération de la chaleur fatale
La chaleur fatale peut servir à alimenter des réseaux de chaleur ou à produire de l’électricité (et pourrait faire les deux en fonction de la saison). Le supercalculateur Jean Zay du CNRS alimente l’équivalent de 1000 logements de Paris-Saclay ; le DC d’Equinix chauffe la piscine olympique de Saint-Denis, celui de la banque Natixis alimente les réseaux de Marne-La-Vallée.
Pour bénéficier des tarifs d’électricité à prix réduits, la chaleur doit être réutilisée réellement (Source : MRAe), ce qui n’est pas toujours le cas : des opérateurs affichent cet objectif, mais utilisent une part infime de la chaleur, ou sont positionnés loin des réseaux de chaleur.
Par exemple, Data4 réutilise la chaleur fatale pour chauffer ses bureaux, mais la part récupérée est trop faible pour justifier le prix réduit de l’électricité : si une contestation était mise en oeuvre, l’argument ne passerait pas auprès du juge (il faudrait raccorder le DC au réseau ou bien enlever les tarifs avantageux). (Source : MRAe)
En Île-de-France, les data centers installés ou en projet depuis quatre ans auraient pu alimenter en chaleur au minimum 1 million de logements. (MRAe)
A partir du 1er octobre 2025, un data center de puissance ≥ 1MW devra obligatoirement valoriser la chaleur fatale, sauf s’il est démontré que cela n’est pas techniquement ou économiquement faisable. Sinon, passible de sanctions administratives et d’une amende pouvant aller jusqu’à 50 000 euros.
Le Projet Régional d’Aménagement (composante non opposable du SDRIF-E) prévoit de mieux valoriser la chaleur fatale. Le CESE préconise la valorisation de la chaleur fatale émise par les DC.
5.3 Non artificialisation des sols
Les data centers sont principalement implantés sur des friches industrielles (ils respectent le ZAN et dépolluent le site avant installation). Le CESE demande que les data centers ne soient pas responsables de l’artificialisation et respectent le ZAN.
Le SDRIF-E comporte des orientations réglementaires et un projet d’aménagement régional) :
- Obligations réglementaires (opposables): réduction de la consommation d’ENAF et de l’artificialisation nette ; sanctuarisation de l’armature verte (espaces naturels sous pression de l’urbanisation) ; interdiction d’urbaniser les espaces boisés et naturels (OR 17) ; limiter les espaces imperméabilisés (OR 39)
- Projet d’aménagement régional (non opposable) : sobriété foncière ; réduction du rythme d’artificialisation, notamment des ENAF
Exemple de refus d’une demande d’agrément pour cause de non-compatibilité avec le SDRIF et le SRCAE : le projet prévoyait d’artificialiser près de 10 hectares et ne prévoyait pas de valoriser la chaleur fatale (projet d’Amazon à Brétigny-sur-Orge)
5.4 Acceptabilité locale
5.4.1 Consultation publique et autorisation
Du point de vue du droit, un data center est un entrepôt. Lors de la procédure d’implantation d’un DC, le projet est soumis à autorisation environnementale car les data centers sont, la plupart du temps, classés ICPE, en raison des groupes électrogènes et cuves de fioul. En IdF, une autorisation spécifique s’ajoute : l’agrément de l’immobilier. (Sources : France Datacenters ; Cécile Diguet) L’évaluation environnementale est obligatoire si le projet «nécessite des groupes électrogènes dont la puissance thermique est égale ou supérieure à 50 MW ou présentant une emprise au sol égale ou supérieure à 40 000 m² en dehors des zones urbaines du plan local d’urbanisme, de la carte communale ou, à défaut, des parties urbanisées de la commune (rubrique 39 a) du tableau annexé à l’art. R. 122-2 C. env.).» (Source : Le moniteur des travaux publics et du bâtiment)
La loi industrie verte (23 octobre 2023, applicable pour les demandes déposées à partir du 22 octobre 2024) :
- Procédure de consultation du public via procédure parallélisée : Consultation passée de 1 à 3 mois, mais avec l’avis de la MRAe disponible uniquement dans le dernier mois (par conséquent, de nombreux avis sont déposés avant d’être informés précisément sur les conséquences environnementales du projet). (Source : MMRAe)
- CNDP ne sera plus compétente pour les projets de DC (Source)
- Réduction du délai optimal de la procédure d’autorisation : passé de 9 à 6 mois (Source)
- Suppression du double degré de juridiction : simplification des procédures contentieuses (gain de 9 à 18 mois) (Source)
- Création du statut de « Projet d’Intérêt National Majeur » (PINM) pour les grands projets industriels (hors centres de données pour l’instant, mais devraient être inclus avec une proposition de loi de «simplification de la vie des entreprises»). Ce statut permet d’accélérer l’adaptation des règles d’urbanisme local (si nécessaire), de sécuriser les dérogations à la protection des espèces (si nécessaire) et de garantir un raccordement rapide au réseau électrique. (Source) Ce statut est censé accélérer et sécuriser le projet. (Source : Le moniteur des travaux publics et de bâtiment)
Dans les dossiers des Maîtres d’ouvrage, les avis de la MRAe sont soit absents, soit dans les pièces annexes (donc pas accessibles) ⇒ rappel à l’ordre de la part de la MRAe aux maîtres d’ouvrages. (Source : MRAe ;
Les projets de DC sont soumis à l’avis du public dans le cadre de la demande d’autorisation environnementale :
- Une enquête publique environnementale (min. 30 jours) avant l’examen de la demande par l’administration
ou
- Une consultation publique spécifique de 3 mois, superposée à l’examen de la demande (depuis le 22 octobre 2024)
⇒ On constate une disparité des niveaux d’ambition dans la consultation, en fonction des villes : minimum syndical jusqu’à une vraie écoute avec nombreuses contributions. (Source : MRAe)
Par exemple, pour Wissous, Argenteuil : il y a un saucissonnage des projets : Amazon développe des data centers en 3 parties, sans présenter l’intégralité du projet (ce qui est pourtant obligatoire), pour contourner les procédures de consultation et d’autorisation.
5.4.2 Projet général de société
Amsterdam : projet de cluster à 1GW, qui s’inscrit dans le cadre d’un développement économique au service des intérêts privés des entreprises (internet des objets), dans une perspective de «dématérialisation» et de recherche de croissance.
Arthur Grimonpont interroge l’utilité des DC, qui servent un système économique dangereux. Agir pour l’Environnement demande la tenue d’un débat public sur les data centers et l’IA.
6. Cadre législatif et réglementaire
- Décret tertiaire (juillet 2019) et ses arrêtés d’application
- Loi économie circulaire (AGEC) (février 2020) : les fournisseurs d’accès à internet «informent également leurs abonnés de la quantité de données consommées dans le cadre de la fourniture d’accès au réseau et indiquent l’équivalent des émissions de gaz à effet de serre correspondant»
- Loi convention citoyenne sur le climat : feuille de route décarbonation du numérique
- Améliorer les systèmes de refroidissement et limiter l’utilisation de gaz frigorigènes ; installer les DC sur des friches industrielles, en utilisant du béton bas carbone ; allonger la durée d’usage des équipements ; valoriser la chaleur fatale ; sensibiliser les clients et le public à l’impact environnemental des DC ; utiliser des énergies renouvelables, carburants bas carbone et la production d’énergie sur site ; mettre en place une stratégie de fin de vie du service numérique et du jeu de données
- Loi REEN (novembre 2021) : article 28 sur l’éco-conditionnalité du taux réduit de TIFCE : valorisation de la chaleur fatale
- Directive relative à l’efficacité énergétique (2023) article 12 : obligation de rendre compte de la performance énergétique et de la durabilité des centres de données. En application de cette directive, la Commission européenne a publié en mai 2024 un règlement délégué sur l’efficacité énergétique des centres de données, qui définit les informations que les exploitants de ces centres doivent fournir à la base de données européenne lorsque la puissance demandée par les technologies installées est supérieure à 500 kW. Doivent être fournis, notamment :
- Superficie au sol du DC, puissance installée, volume annuel de données entrantes et sortantes, volume de données stockées et traitées au sein du DC
- Indicateurs de performance du DC pour l’année précédente, au minimum : consommation d’énergie, utilisation de puissance, consignes de température, utilisation de la chaleur fatale, consommation d’eau et utilisation d’énergies renouvelables
7. Acteurs importants
7.1 En France
- Élus locaux : PLU(i), autorisation des projets
- Préfet : autorisation des projets
- Porteurs de projet :
- Exemple pour Rungis : SEGRO (Foncière immobilière européenne spécialisée en plates-formes logistiques, distribution urbaine et parcs d’activités)
- Citoyens & associations locales : fédérations locales de FNE, Le Nuage était sous nos pieds (Marseille), associations locales de défense des habitants ou de l’environnement, …
- Associations pour le numérique à l’échelle nationale : Data4Good, Green IT, La Quadrature du Net, …
7.1.1 Opérateurs
Français :
- Iliad (fondée par Xavier Niel) : maison-mère avec plusieurs filiales :
- Opcore
- Scaleway
- OVHcloud
- Outscale
- Cloud Temple
Autres opérateurs :
- Data4 : fonds d’investissement canadien Brookfield
- Equinix
7.2 A l’international
- USA : projet Titans de Meta (Mark Zuckerberg) avec des clusters de data centers de 5 GW : déjà 65 Milliards de $ d’investissement prévus pour 2025. Le premier cluster (Prometheus), de “seulement” 1GW devrait être opérationnel en 2026.
- Les Emirats Arabes Unis (EAU) investissent en Afrique :
- Hub d’innovation au Ghana pour l’IA, financé par la Ports, Customs and Free Zone Corporation (PCFC)
- Kenya : data center, innovation et développement, financé par Microsoft et G42 (EAU)
- Éthiopie : programme de formation de 5 millions de codeurs, en partenariat avec les EAU, dans le cadre de l’initiative « Digital Ethiopia 2025 »
- Zimbabwe : programme similaire qui cible 1,5 million de bénéficiaires
- Rwanda : protocole d’accord tripartite avec les EAU et la Malaisie, pour promouvoir la coopération en matière d’IA, de cadres de gouvernance et de développement des compétences
- Développement général des data centers sur le continent africain (opportunité économique mais risque de dépendance technologique) : Égypte, …
Le développement très rapide de l’IA et l’accélération de la demande rend le marché des data centers particulièrement mouvant : les data centers conçus il y a quelques années et livrés aujourd’hui pourraient déjà être obsolètes : manque d’efficacité énergétique (PUE trop élevé), capacités inadaptées pour les nouveaux équipements, …
8. Check-List pour vérifier l’impact d’un projet de data Center
Consommation électrique et énergie :
Cohérence avec des stratégies nationales de sobriété énergétique : Stratégie Nationale Bas Carbone, Programmation Pluriannuelle de l’Énergie
Cohérence avec le PCAET
Efficacité énergétique (PUE < 1,3 et idéalement moins)
Alimentation en électricité : part des énergies renouvelables ; absence de greenwashing sur la «sobriété énergétique»
Résilience du système électrique
Impacts sanitaires et environnementaux :
Analyse du cycle de vie du projet : depuis sa conception jusqu’à la réutilisation du site et des matériels, en passant par la construction, l’exploitation et le renouvellement des matériels
Système de refroidissement
Efficacité énergétique
Consommation d’eau
Quantité d’eau prélevée et consommée : Différence entre prélèvements et consommation
Origine de l’eau utilisée (eau de pluie récupérée, pompée dans la nappe ou dans un cours d’eau, alimentation par le réseau ?)
Contexte de sécheresse ou de conflits d’usages ?
Qualité de l’eau à sa sortie
Température
Qualité chimique (pollutions)
Qualité physique (température, turbidité)
Impact environnemental sur les écosystèmes environnants (espèces protégées, température, eau)
Qualité de l’air environnant et impact de l’utilisation des générateurs (y compris pour les phases de test)
Cohérence avec le PCAET
Pollution sonore environnante et impact du bruit émis par le DC
Eclairage diminué : éteint ou réduit et lumières tamisées lorsque l’éclairage n’est pas nécessaire
En intérieur (économie d’énergie)
En extérieur (trame noire, protection de la biodiversité, économie d’énergie)
Absence d’artificialisation d’ENAF (SDRIF-E, CESE)
Consommation de ressources et de matériaux pour la construction
Aménagement du territoire :
Valorisation de la chaleur fatale, et vérifier que les réseaux sont bien présents ou prévus dès la mise en service du DC (la valorisation de la chaleur fatale sera obligatoire à partir du 1er octobre 2025)
Compatibilité avec le SDRIF-E (depuis le 13 juin 2025), notamment pour l’agrément spécifique à la région IdF
Compatibilité du permis de construire avec les documents d’urbanisme locaux (SCoT, PLU(i)), eux-mêmes devant être conformes au SDRIF-E (même si l’incompatibilité du permis de construire avec le SDRIF-E ne suffit pas pour faire annuler le permis de construire)
Artificialisation ou non ; et si oui, est-ce dans l’armature verte définie par le SDRIF-E ?
Emprise foncière et emplacement : acceptabilité locale, insertion dans l’organisation urbaine et le paysage
Procédures, acceptabilité locale et consultation :
Respect de la procédure de consultation : enquête publique ou consultation spécifique
Le préfet DOIT refuser la demande d’autorisation environnementale dans 3 cas (et peut motiver un refus par ailleurs)
L’un des avis conformes nécessaires est défavorable
Le projet contrevient à des réglementations (ressource en eau, ICPE, sites classés, zones protégées, alignement d’arbres, …)
Le projet contrevient aux règles d’urbanisme
Autres :
Compatibilité avec la Stratégie Numérique Responsable, que les maires de villes de plus de 50 000 habitants ou présidents des EPCI-FP de plus de 50 000 habitants doivent élaborer (à partir du 1er janvier 2025)
Quel usage, quels clients ? ⇒ Quel modèle de société est promu ? (DC pour Amazon ≠ DC pour l’administration ou la recherche)
Questions de souveraineté quand DC détenus par des investisseurs étrangers, qui pourraient exiger d’avoir accès aux données : pose problème pour les données sensibles, comme par exemple pour les données de santé confiées à Microsoft.
- Mobiliser les 3 leviers (levier physique, levier gouvernance, levier logique) pour proposer des améliorations des data centers, selon le cadre proposé par l’association Green IT