La concertation continue, vraiment ?
Communiqué de la Coordination EAU Île-de-France, de France Nature Environnement Île-de-France, du MNLE 93 Nord est parisien
Suite au débat public, tenu en 2023, «L’eau potable en Île-de-France» concernant le projet du Syndicat des Eaux d’Île-de-France (SEDIF) de mettre en place l’osmose inverse basse pression (OIBP) dans ses usines de production d’eau potable, le dialogue de sourds est entré dans sa phase terminale avec le lancement de « la concertation continue » mercredi 13 novembre à Paris.
Le projet se poursuit, en effet, à marche forcée et à rebours de l’avis et des questions du débat public et de l’ensemble des acteurs franciliens de l’eau (associations, collectivités, régies, entreprises à l’exception notable de Veolia). Ce qu’a également constaté la Commission nationale du débat public (CNDP) : « la poursuite du projet et les grands principes de sa mise en œuvre, notamment son envergure, ses coûts et impacts, sont confirmés par les maîtres d’ouvrage dans leur globalité, sans attendre l’actualisation des études discutées lors du débat public, et sans engager davantage de discussions avec les autres autorités organisatrices de l’eau en Île-de-France ».
Pour répondre aux inquiétudes des citoyen.ne.s, des associations et des acteurs de l’eau franciliens, suscitées par le projet sur la préservation de la ressource, le SEDIF a multiplié les faux-semblants. Ainsi de nouvelles études sont annoncées pour 2025. Mais que pèsent quelques dizaines de milliers d’euros d’études face au plus d’un milliard d’euros HT d’investissements du projet (en augmentation de 20%) ? Cela démontre au contraire la priorité écrasante accordée par le SEDIF au curatif sur le préventif.
Le concentrât de polluants, rejeté en Seine, a été rebaptisé refus membranaire, ce qui ne résout aucun problème.
Il n’y a toujours pas de réponses claires aux questions qui sont posées depuis des mois sur les éléments essentiels du projet, comme le dispositif de traitement de l’eau. Les techniciens de Veolia et d’OTV ont indiqué qu’il s’agirait d’une technologie hybride, conjuguant nanofiltration et osmose inverse basse pression. Ils ont réfuté tout ajout de sels minéraux et tout mélange d’eaux. Un ingénieur du SEDIF a expliqué au contraire qu’il s’agissait bien d’un mélange d’eaux, d’un mix, dont les proportions pourraient varier entre un tiers d’eau osmosée pour deux tiers d’eau nanofiltrée et deux tiers d’eau osmosée pour un tiers d’eau nanofiltrée…
Le SEDIF a présenté un récent sondage indiquant que 30% de ses usagers ne trouvent déjà pas supportable une augmentation de 15€ par an et par personne du tarif de l’eau pour le projet d’OIBP. Il est clair que le projet va impacter fortement la facture d’eau des plus démuni.e.s : les premières augmentations sont annoncées dès le mois de janvier. Nous demandons une remise à plat de la tarification du SEDIF pour éviter un choc social supplémentaire.
Au-delà de la concertation continue qui va à présent se réduire à une réunion de suivi annuelle dans les trois villes où sont situées les usines de production d’eau potable du SEDIF, nous exprimons notre détermination intacte à combattre le projet du SEDIF et ses conséquences néfastes pour l’environnement et la population.
Nous en appelons au sens de l’intérêt général et au bon sens des autorités de l’État pour refuser les autorisations de réaliser ce projet contesté par tous les acteurs des services publics de l’eau. Aucun représentant de l’État n’a participé au débat public et aucun avis n’a donc été formulé à ce stade. D’ores et déjà, il est acquis que l’Agence de l’eau ne financera pas le projet.
Plus que jamais, la tenue d’un Grenelle de l’eau en Île-de-France est une nécessité urgente !
Contacts
France Nature Environnement Ile-de-France : Luc Blanchard - luc.blanchard@fne-idf.fr - 06.63.07.25.87