Agriculture & Alimentation

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Le numérique comme les autres secteurs émetteurs de Gaz à Effet de Serre doit agir sur le volet de la sobriété.

Face à l’émergence de ces data centers dans notre région et aux risques qu’ils posent pour l’environnement, FNE Ile-de-France a décidé de rassembler différents experts du sujet lors d’un événement le 13 novembre à l’Académie du Climat. Cet événement a notamment été l’occasion pour nos intervenants de présenter la situation actuelle des data centers en Ile-de-France, les perspectives pour les années à venir ainsi que les risques qu’ils représentent mais également des pistes pour appréhender leur croissance rapide dans notre région. Découvrez dans cette note de position pourquoi nous estimons que la région Ile-de-France doit s’axer sur la sobriété face à la quantité de data centers sur son territoire.

Qu’est-ce qu’un Data Center ?

Un Data Center est un bâtiment sécurisé contre l’intrusion et les risques naturels et technologiques, abritant différents équipements électroniques (routeurs, commutateurs, ordinateurs, équipements réseaux et télécommunications, serveurs, des contrôleurs d’interface réseau, baies de stockage ou disques durs), des ordinateurs, des équipements de télécommunications. Il sert à traiter, organiser, sécuriser, et conserver des données informatiques.

D’autre part, ils sont dotés de systèmes de distribution du courant électrique, de dispositifs de sécurité et de contrôle de l’environnement (climatisation).

LA CONSOMMATION ÉLECTRIQUE DE L’ILE-DE-FRANCE VA PRESQUE DOUBLER D’ICI 2040, ESSENTIELLEMENT DU FAIT DE L’IMPLANTATION DES DATA CENTERS.

L’Ile-de-France, une zone dense en data centers

  • Il existe environ 170 data centers en Ile-de-France allant d’une surface qui va de 200 m2 (Cogent au sud de Paris) à 66000 m2 (TeleHouse 3 à l’ouest de Paris), soit un peu plus du tiers référencé sur tout le territoire français.
  • La région Île-de-France est l’une des plus attractives d’Europe pour l’accueil des data centers, au 4ème rang européen, derrière Londres, Francfort et Amsterdam, et devant Madrid (Des chiffres qui évoluent très vite). 
DATA CENTERS EN IDF
Source : Répartition des Data Centers en Ile-de-France - Institut Paris Région.

Globalement, de nombreux motifs plaident pour un renforcement de la position de l’Île-de-France sur le marché européen des data centers. Dans un rapport de 2021, le leader international des data centers de colocation Equinix identifie Paris au sein du marché européen, comme le « centre métropolitain qui connaît la croissance la plus rapide et un important écosystème pour les secteurs du transport, de l’énergie et des services publics ». Les raisons principales :

  • Des réseaux de transports divers et nombreux,
  • Des politiques publiques nationales et locales volontaristes,
  • Un maillage électrique fiable,
  • Un réseau dense de sous-traitants,
  • Une bonne qualité de sécurité informatique.

L’impact environnemental

L’écosystème numérique serait responsable de 2 % à 4 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales. En 2040, cela pourrait représenter 7%, bien plus que les émissions prévues de carbone du transport aérien, 4.2%.

Aujourd’hui, plus de la moitié de la population mondiale est connectée. Avec les développements démographiques, économiques et techniques, cette proportion d’utilisateurs, souvent addictifs aux multiples sollicitations numériques générées par les GAFAM principalement, devrait inéluctablement augmenter.

Pour autant, la multiplication des constructions de data centers sous leur forme actuelle, est-elle tenable et compatible avec l’objectif de la neutralité carbone en 2050 ?

Les préconisations de FNE Ile-de-France à propos de l’implantation de data centers en Ile-de-France

  1. A l’aide de matériaux recyclables, construire les data centers avec des normes architecturales de qualité, sur des surfaces industrielles ou résidentielles déjà bétonnées pour éviter les effets négatifs sur la biodiversité, éviter de perturber les écosystèmes et la dégradation des ressources en eau.
  2. Alimenter ces centres de données avec des énergies renouvelables : l’éolien, l’hydraulique ou le photovoltaïque. Les GAFA (sauf Amazon), font déjà tourner les leurs à 100% aux énergies renouvelables. Ils sont conçus avec en prenant en compte la gestion de l’eau et de l’énergie ou la faible production de CO2 dès leur conception. On les appelle les “Green Data Centers”. En complément, ils utilisent des technologies à faible consommation d’énergie et/ou des EnR comme énergie, et qui réduisent donc au mieux leur impact sur l’environnement. Enfin, investir dans des contrats d’achat d’énergie renouvelable peut garantir une utilisation de sources d’énergie propres.
  3. Récupérer et réutiliser la très forte quantité de chaleur émise. L’idée est de tirer parti au maximum des calories émises par les machines pour la valoriser et ainsi en faire de véritables sources de calories. Rejeter cette chaleur en pure perte est un non-sens écologique. Des pompes à chaleur permettent de récupérer les calories sous une forme exploitable. Plus cette élévation de température est faible, meilleur est le rendement. Cette chaleur doit être exploitée quelque soit la saison. Produire de l’eau chaude sanitaire à 65 °C toute l’année est un bon exemple car cela sert aussi en été. Alimenter un réseau de chaleur à 90°C peut sembler intéressant, mais Il y a 2 écueils : le rendement de l’installation est plus faible (plus grand écart de température) et le réseau de chaleur doit fonctionner en toute saison, ce qui n’est pas forcément le cas en été.
  4. Il a été démontré que 77% des serveurs des data centers sont suréquipés (étude Control Up), que des appareils électroniques tournent quelquefois à vide**. Il serait souhaitable que des contrôles extérieurs réalisés par un organisme indépendant, puissent avoir lieu,
  5. Réutiliser et recycler obligatoirement les équipements obsolètes ou défectueux.
  6. Conditionner aux aides de l’État et des collectivités locales, la construction de data centers « vertueux »,
  7. Une grande partie de la population ignore, ou ne veut pas connaitre, les conséquences d’une utilisation déraisonnable de l’internet. Par des campagnes d’informations, les pouvoirs publics doivent sensibiliser et éduquer dès l’école, les populations sur des bonnes pratiques digitales.
  8. Des masses considérables de données stockées en data centers, ne sont jamais utilisées, et donc inutiles (mails, archives, etc …). En revanche, elles sont souvent exploitées à des fins commerciales, et cela participe donc aux consommations d’énergies considérables de ces data centers. Il y aurait donc lieu d’encadrer cette pratique afin que le prix du service tienne compte du coût environnemental.

*En 2019, Microsoft et Naval Group ont inauguré un programme expérimental consistant à immerger en mer des datacenters. Une infrastructure compilant plus 864 serveurs a ainsi été plongée sous 35 mètres de fond au large des îles Orcades, au nord de l’Écosse. L’objectif étant maintenant d’étudier le cycle de vie des serveurs, puis de créer une installation plus grande.

**Facebook a adopté un système (Autoscale) qui réduit le nombre de serveurs allumés pendant les heures creuses. Economie : 15%.

Approfondir sur le sujet : 

  • L’Union européenne souhaite que les data centers soient neutres en carbone d’ici 2030 malgré la croissance prévue en matière de consommation énergétique : devrait augmenter de 28 % d’ici 2030. Un Code de Conduite Européen sur les Data centers a été publié, il partage toutes les bonnes pratiques en vue de verdir ces infrastructures et tendre vers l’efficacité énergétique.

 

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VISUEL DATA

Réconcilier protection de l’environnement et agriculture

Les récentes déclarations du gouvernement visant à annuler un grand nombre de dispositions protectrices de l’environnement nous affligent, tout comme notre fédération nationale et nos homologues en région.

Nous tenons à rappeler l’importance, pour la biodiversité, le climat, la santé des habitant.e.s et des agriculteurs, et l’agriculture elle-même, de concilier agriculture et protection de l’environnement.

Un peu d’histoire

En 80 ans l’agriculture française a subi une mutation qu’aucun autre secteur économique n’a vécu. Dix millions d’agriculteurs en 1945, et aujourd’hui moins de 400 000 exploitations et 250 000 ouvriers agricoles. L’île-de-France a suivi encore plus rapidement ce mouvement puisqu’elle n’abrite plus que 4425 exploitations, dont 79 % en «grandes cultures». Seuls 6,8 % de la surface agricole utile sont cultivés en agriculture biologique, ce qui représente 14,9 % des exploitations.

La course au machinisme et l’agrandissement des parcelles cultivées dans les plaines et plateaux franciliens ont entrainé la diminution de tous les types d’élevage (moins de 10 000 bovins en Ile-de-France) donc moins d’amendements naturels, la suppression des haies pour le passage des machines et le recalibrage des rus pour un drainage des sols. La polyculture s’est transformée en une monoculture quasi industrielle basée sur le tryptique : céréales, oléagineux, protéagineux auxquels s’ajoutent betteraves et pommes de terre.

Le maraichage intense qui permettait de nourrir en partie les grandes villes franciliennes a disparu, les sols ayant été bâtis. Heureusement, un groupe d’agriculteurs s’est tourné vers des modes de cultures plus respectueuses de la nature et près de 500 exploitations bio sont actuellement en activité auxquelles se joignent des exploitations en agriculture de conservation.

Les méthodes de cultures actuelles hors bio entrainent une intense perte de la biodiversité (48 % d’oiseaux en moins), les sols perdent une partie de leur microflore (bactéries et microchampignons), ils sont compactés par les lourdes machines et l’eau de pluie y percole moins (croute de battance). Ajoutés à cela les excès d’utilisation des engrais dont on retrouve les nitrates dans toutes les eaux de ruissellement et dans les nappes phréatiques ainsi que les produits phytosanitaires qui polluent les plantes, les sols et l’air.

De manière générale, l’agriculture francilienne s’en sort plutôt bien, mais les agriculteurs bio sont à la peine ; une nouvelle révolution agricole se fait attendre, et elle doit être agroécologique.

Pourvoir aux besoins du plus grand nombre dans le respect du vivant

Au total, si la révolution chimique et phytosanitaire a permis une augmentation très forte des productions végétales, elle a eu une contrepartie qui actuellement interroge. Ce n’est pas en s’affranchissant des règlementations sur les usages de la chimie agricole et de la disposition des eaux que se règleront les soucis actuels de l’agriculture, mais en protégeant les agriculteurs bio, les terres menacées par la bétonisation comme à Gonesse, Saclay, Val Bréon et tant d’autres, et en soutenant les projets d’avenir comme Grignon 2026.

Auguste Comte disait déjà au XIXème siècle « Savoir pour prévoir afin de pourvoir », nous savons grâce aux sciences agricoles et médicales où nous en sommes, nos technologies permettent les prévisions alors essayons de pourvoir au plus grand nombre dans le respect du vivant.

Nous avons dès lors signé la tribune « Agriculteurs et écolos : nous refusons d’être catalogués comme ennemis » de Terre de luttes.

Et partageons les communications de FNE national :

Suite à ces publications, FNE a été sollicitée par de nombreux médias, ce qui a été l’occasion de défendre sa vision de l’agriculture et de la nécessaire transition agroécologique. Une liste non-exhaustive des interviews des derniers jours :

-          Antoine Gatet (président FNE) sur France Info et de nouveau ici et ici
-          Antoine Gatet (président FNE) et d’autres ONG dans le Monde-      
-          France 3
-          Arnaud Clugery dans France Info
-          Antoine Gatet au 20h de France 2
-          Raoul Leturcq sur France Info
-          Laure Piolle sur BFM Paris Ile de France
-          Thibault Leroux sur RMC

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