Une piste cyclable à la place d'un chemin forestier ?
YVELINES
À Triel-sur-Seine, un projet inquiète habitants et usagers de la forêt. La municipalité veut relier la ville (en bas) au hameau (en haut) en aménageant un chemin forestier de 1,6 km avec abattage de près de trois cents arbres, un revêtement en dur et de l’éclairage. L’objectif serait d’y créer une piste cyclable… ou une voie verte.
Le massif de l’Hautil est situé au nord-ouest de la région parisienne. Extrémité du Vexin français, d’une surface de plus de 1 600 hectares dont 1 250 en espace boisé classé (EBC), il est l’un des poumons verts de notre région. Depuis très longtemps son sous-sol a été exploité pour l’extraction du gypse jusque dans les années 1950 ; une partie du massif est donc classée en plan de prévention des risques naturels (PPRN) pour les risques d’effondrements liés aux anciennes carrières. D’une altitude d’environ 180 mètres, il est l’un des points hauts de notre région. Le massif de l’Hautil est partagé par deux départements (Yvelines et Val-d’Oise) et par seize communes, auxquels s’ajoutent des propriétaires privés et des parcelles orphelines.
Bien vivre à l’Hautil a dû lancer une pétition pour la préservation du chemin forestier des Picardes
Bien vivre à l’Hautil et d’autres associations ont appelé à se mobiliser contre le projet de la mairie de Triel-sur-Seine de transformation du chemin des Picardes en piste cyclable bétonnée. Une pétition a été lancée. En plus, ce chemin forestier traverse une zone forestière dangereuse avec des sous-sols instables que cet aménagement fragilisera davantage, présentant un risque accru pour ses usagers. Malgré nos propositions, la municipalité ne travaille pas avec les représentants de nos associations sur aucun des sujets sur lesquels nous avons une expertise, que ce soit l’urbanisme, les transports, la biodiversité, la préservation des ressources naturelles ou la lutte contre les pollutions atmosphériques et sonores… Dans le cas présent, les utilisateurs n’ont pas été consultés. Vététistes, randonneurs et cavaliers privilégient les chemins de terre et les cyclistes préfèrent des routes partagées.
Une biodiversité exceptionnelle
Le massif n’est pas protégé dans sa totalité, mais on y trouve deux ZNIEFF* de type 2 et une ZNIEFF de type 1. Une étude faunistique menée récemment par la LPO, avec l’appui de Bien vivre à l’Hautil, sur la période des dix dernières années révèle que sur les 330 espèces observées 54 sont patrimoniales, soit 16 % de l’ensemble. Cette proportion remarquable témoigne d’un fort enjeu écologique. Au sein des différents taxons, la biodiversité et la proportion des espèces patrimoniales sont importantes. On y retrouve douze des seize espèces d’amphibiens et la moitié des espèces franciliennes d’odonates (libellules et demoiselles).
* ZNIEFF : zone naturelle d’intérêt écologique faunistique et floristique de type 1 : secteurs d’une superficie limitée, caractérisés par la présence d’espèces, d’associations d’espèces ou de milieux, rares, remarquables, ou caractéristiques du patrimoine naturel national ou régional.
ZNIEFF de type 2 : ensembles géographiques qui désignent un ensemble naturel étendu dont les équilibres généraux doivent être préservés. Ils sont généralement de taille importante et incluent souvent une (ou plusieurs) ZNIEFF de type 1.
✍️ Bien vivre à l’Hautil
Cette article est issu du Liaison n°201 spécial forêts franciliennes : Consulter le Liaison 201.