Taxis volants à Paris : un projet qui tombe à l'eau
Paris enterre le projet de «taxis volants»
C’est un revers majeur pour la lubie futuriste des taxis volants à Paris. Le mercredi 18 décembre, le Conseil d’État a annulé l’arrêté ministériel qui autorisait l’installation d’une plateforme de décollage et d’atterrissage flottante sur la Seine au niveau du quai d’Austerlitz. Une décision qui marque un coup d’arrêt presque définitif pour ce projet ambitieux.
Retour sur un projet prometteur mais controversé
Conçu pour révolutionner les mobilités urbaines, le projet des « eVTOL », ou aéronefs électriques à décollage et atterrissage verticaux, était porté par le constructeur allemand Volocopter et le groupe Aéroports de Paris (ADP). Ce dernier voyait dans cette expérimentation une opportunité de présenter une mobilité décarbonée lors des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.
Malgré un premier feu vert provisoire donné en juillet par le Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative a finalement tranché en faveur des requérants – notamment la Ville de Paris et des associations engagées contre les nuisances aériennes, telles que l’Union française contre les nuisances des aéronefs (UFCNA). Leur principal argument : l’absence de consultation de l’Autorité de contrôle des nuisances aériennes (Acnusa), pourtant obligatoire selon la loi.
Des échecs techniques et financiers
Le projet avait déjà accumulé les difficultés avant cette décision. L’entreprise Volocopter n’a pas obtenu la certification nécessaire de l’Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) pour transporter des passagers en toute sécurité. Ce manque de certification a entravé les ambitions des porteurs du projet, qui espéraient encore organiser des vols avant la réouverture de Notre-Dame en décembre 2024.
À cela s’ajoute l’annulation, en novembre dernier, d’une subvention de 1 million d’euros par la Région Île-de-France. Même Valérie Pécresse, initialement fervente soutien des taxis volants, a reconnu les nombreux retards techniques et réglementaires du projet.
Une remise en cause politique et environnementale
Au-delà des obstacles financiers et techniques, le projet a fait face à une forte contestation sur le plan écologique. La Gauche communiste, écologiste et citoyenne a qualifié l’expérimentation de «revers considérable», dénonçant les tentatives des porteurs du projet de contourner les avis défavorables émis lors de la commission d’enquête publique de février 2024 et par l’autorité environnementale à l’automne 2023.
Le Conseil d’État a également condamné l’État à indemniser la Ville de Paris et les associations requérantes, à hauteur de 6 000 euros pour frais de justice.
Quelle suite pour la mobilité aérienne en France ?
Face à ce nouvel échec, le ministère des Transports et ADP préfèrent désormais orienter le débat vers les usages humanitaires ou médicaux des taxis volants comme les transports d’organes ou les évacuations sanitaires plutôt que des déplacements luxueux réservés à une minorité.
Cependant, sans certification européenne ni adhésion publique et politique, la perspective de voir des « taxis volants » survoler Paris semble pour l’heure s’éloigner durablement.