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Projet de création d'une baignade dans le lac Daumesnil

Publié le 9 mars 2018

FNE Ile-de-France, fédération des associations franciliennes de protection de l’environnement, est concernée par le projet de la mairie de Paris de créer une baignade extérieure sur l’île de Bercy dans le lac Daumesnil dans la mesure où il engendrerait la destruction d’un écosystème unique et rare dans la région.

L’Île de Bercy a été construite en 1865 en même temps que le lac Daumesnil.

Comme le souligne l’avis de l’autorité environnementale en date du 24 novembre 2017, « le paysage du site présente un intérêt pittoresque et une valeur d’authenticité exceptionnels » (Page 1). En effet, cette île n’a subi que très peu d’altérations et a gagné parmi les promeneurs son surnom d’«île aux oiseaux ». Elle est l’une des rares îles parisiennes à abriter une faune unique et aussi l’une des plus sauvages. Dans une région sur-urbanisée, cette biodiversité installée doit être précieusement préservée, ce qui passe notamment par la protection de ces rares zones humides.

En l’espèce, ce projet semble méconnaître plusieurs documents juridiques destinés à assurer la protection de l’environnement :

*La Charte pour l’aménagement durable du Bois de Vincennes, signée par la maire de Paris et les municipalités riveraines en 2003, stipule que les signataires s’engagent à «…garantir un espace naturel de qualité́ offrant une diversité́ de milieux propice à la biodiversité́ et à l’accueil des promeneurs », « la réhabilitation des paysages et la restauration des milieux naturels » « l’organisation et la réduction du stationnement », reconnaissent que « la trame d’eau et la recréation de milieux humides sont essentiels à la diversité des paysages et à la dynamique des bois » « la sur-fréquentation de certains sites prestigieux doit être régulée » et s’affirment « conscient(s) de la valeur écologique et patrimoniale du bois et soucieux de le protéger et de le valoriser en mettant un terme à sa dégradation,… ».

*Le plan de biodiversité 2011 distingue le bois de Vincennes comme une zone écologique importante pour Paris et l’ensemble de la métropole.

* Le Schéma régional de cohérence écologique (SRCE) d’Ile de France de 2013 considère que le bois de Vincennes est un réservoir de biodiversité, reconnu comme faisant partie de la trame verte à l’échelle du territoire francilien et demande à la Ville de porter une attention toute particulière au Bois de Vincennes. Le lac Daumesnil s’intègre dans le bois de Vincennes qui constitue un réservoir de biodiversité à l’échelle régionale et est identifié comme tel dans le SRCE d’Île-de-France. Bien que lesabords du lac Daumesnil s’apparentent plus à un parc urbain qu’à un boisement naturel, ces milieux sont considérés dans le SRCE comme « autres secteurs reconnus pour leur intérêt écologique en contexte urbain ».

Le lac est alimenté par un cours d’eau en sa pointe est, qui est identifié par le SRCE en tant que « cours d’eau permanent à préserver et/ou restaurer ». Il présente tout de même une continuité avec l’ensemble du bois et reste la dernière zone verte avant l’urbanisation intense de la Porte Dorée de Paris. Le SRCE l’intègre alors en tant qu’« autre liaison reconnue pour son intérêt écologique en contexte urbain ».

Enfin, le SRCE de la région d’Ile de France demande également de limiter la minéralisation des sols qui isole la faune du sol et réduit les habitats disponibles pour la faune et la flore en milieu urbain.

Il est à noter que le rapport de la commission départementale de la nature et des paysages et des sites indique que l’aménagement du lieu de baignade aboutirait à une artificialisation du sol et du sous-sol par la construction d’ouvrages de génie civil à la fois sur l’île, dans les clairières et le lac. Or, le livret bleu sur l’eau adopté par la Ville en mars 2012 demande de favoriser la perméabilité des sols et le plan de biodiversité demande de « limiter l’imperméabilisation des sols » (Action 12).

En outre, l’avis de l’autorité environnementale mentionné précédemment a clairement mis en évidence les très nombreuses lacunes et insuffisances de l’étude d’impact du projet. En plus de solliciter des précisions sur plusieurs problématiques importantes telles que la qualité des eaux de baignade, le dimensionnement du système de traitement et d’épuration, la pollution des sols et les mesures de gestion des accès et de la fréquentation, l’autorité environnementale estime que les études menées au sujet des impacts sur le paysage, le milieu naturel et la biodiversité sont à approfondir rigoureusement (Page 1).

A titre d’illustration, l’autorité environnementale constate au sujet des impacts du projet sur le paysage que « l’impact du projet sur le patrimoine arboré, premier élément constitutif du patrimoine de ce paysage et par ailleurs labellisé sur l’Île de Bercy, n’est pas étudié » (Page 10).

Ainsi, à la lecture de cet avis, les nuisances susceptibles d’être générées à l’encontre de ce site remarquable ne semblent pas correctement appréhendées. D’ailleurs, conscients des lacunes de leur projet, les responsables de celui-ci ont concédé, suite à cet avis, que plusieurs inventaires restent à compléter.

Face à l’ampleur d’un tel projet, il est regrettable que des alternatives n’aient pas été envisagées. A ce titre, l’autorité environnementale a sollicité que soient apportées les raisons de l’absence de considérations pour d’autres sites d’implantation (Pages 9-10). Justifications d’autant plus nécessaires qu’il existe actuellement des alternatives. L’offre existante en piscines proposant une baignade découverte alentours a-t-elle été vraiment prise en compte ? Pourquoi ne pas créer un lieu de baignade arboré sur une zone bétonnée non utilisée à Paris ?

Il faut également rappeler que malgré un développement très important de l’urbanisation et des infrastructures dans la région, l’effort conjoint de l’Etat et des collectivités locales a largement contribué à élargir la surface des forêts ouvertes au public en Île-de-France en réponse à une demande sociétale grandissante. La pression des visites par hectare de forêt s’est accrue, ce qui invite à poursuivre la politique de protection et d’extension des massifs forestiers, plutôt qu’une destruction de ceux-ci.

A l’heure du réchauffement climatique et d’une prise de conscience écologique internationale, la protection de la biodiversité est plus qu’indispensable.

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