Plan Local d'Urbanisme de la commune de Gonesse
FNE Ile-de-France est la fédération régionale des associations franciliennes de protection de l’environnement ; elle est membre de France Nature Environnement. Elle a été créée en 1974, agréée pour la protection de l’environnement en 1981 et habilitée au dialogue environnemental en 2012.
L’objectif principal de la révision du PLU de Gonesse est de rendre constructible 300 hectares du Triangle de Gonesse, actuellement classés agricoles, pour permettre la réalisation du projet de centre commercial et de loisirs EuropaCity entouré d’un centre d’affaire équivalent en nombre de mètres carrés de bureaux au quart de la Défense. De tels projets ont au moins une forte dimension régionale. C’est pourquoi FNE Ile-de-France souhaite exprimer un avis lors de cette enquête publique.
Les spécificités du Triangle de Gonesse
Le Triangle de Gonesse est, en Ile-de-France, la pénétration la plus avancée de terres agricoles non fragmentées par l’urbanisation. L’enclavement de ce triangle par deux aéroports et des axes routiers, mais aussi sa contribution au bon fonctionnement des aéroports sont probablement les raisons de cette préservation unique en Ile-de-France.
L’intensification urbaine consécutive au doublement de la production de logements et à la création de parcs d’activité prévue en Ile-de-France rendra cette présence d’activité agricole encore plus exceptionnelle. En trente ans, sur le territoire du Grand Roissy, 6 700 ha de terres agricoles ont disparu, les surfaces d’activité sont passées de 1 700 ha à 3 200 ha et pourtant le chômage a progressé. Ce territoire est à contre-courant des tendances actuelles observées en Ile-de-France.
Un équilibre nécessaire entre urbain et agricole
Le code de l’urbanisme, dans son article L 101-2, rappelle que l’action des collectivités publiques en matière d’urbanisme vise à atteindre notamment l’équilibre entre le développement urbain maîtrisé et une utilisation économe des espaces naturels, la préservation des espaces affectés aux activités agricoles et forestières et la protection des sites, des milieux et paysages naturels. La spécificité des villes européennes repose sur l’intégration des différentes affectations, des différentes formes urbaines, des différentes populations, etc… L’intégration de l’activité agricole dans les emprises de la métropole du Grand Paris pourrait constituer une nouvelle différence que les aménagements urbains auraient désormais à intégrer pour enrichir la vie urbaine et prendre en compte les objectifs de la COP 21.
Offrant par ailleurs un passage franc du rural à l’urbain, ces terres agricoles ménagent une porte d’entrée verte de la capitale par les routes mais aussi par les voies ferrées et même par les aéroports. Là aussi le Grand Paris peut donner à voir la volonté délibérée des aménageurs de considérer les espaces agricoles comme un des éléments de l’urbanisme francilien. Des espaces naturels et le parc Georges Valbon prolongent le Triangle de Gonesse dans le milieu urbain pour en faire un élément structurant de la trame verte.
EuropaCity, un modèle à bout de souffle
Le projet EuropaCity et le centre d’affaires qui l’accompagne, en augmentant le trafic routier dans un territoire déjà congestionné, porteront atteinte à la qualité de l’air. La destruction des sols vivants sur la majeure partie des emprises de ce projet limitera d’autant leur capacité à fixer les particules et les oxydes d’azote. Présenté comme un équipement touristique particulièrement attractif, le projet EuropaCity, en plaquant sur ce site un parc des neiges, un parc aquatique, ne valorise pas les ressources et l’originalité de ce territoire.
Bien au contraire, ce faisant, il les tient pour négligeables et discrédite ainsi les initiatives des populations et des acteurs locaux, inscrites dans la durée, pour requalifier les lieux de vie. Tout cela pour orienter leurs modes de vie vers un modèle consumériste sans identité culturelle que l’on peut retrouver dans plusieurs dizaines de pays et qui s’avère à bout de souffle dans le monde entier, même quand il se pare d’oripeaux culturels ou « expérentiels ».
Le projet de ZAC dit préserver une coulée verte Nord Sud en son centre, mais ne la prend en compte qu’à l’état de trace plutôt qu’à l’échelle de la métropole et de façon trop restreinte pour pouvoir compenser les services rendus par les 300 hectares de sols vivants qu’il détruit irrémédiablement.
L’activité agricole : une opportunité pour Gonesse et pour la Métropole
En l’absence de SCOT, au lieu de prendre appui sur les spécificités de la commune dans le cadre de la politique d’aménagement régional, la révision du PLU a consisté depuis 2011 à adapter le document d’aménagement de la commune à la réalisation d’un unique projet totalement dépourvu de liens avec le territoire : Europacity.
A quelques 16 km de la Cathédrale Notre Dame, espace ouvert sur la vaste plaine de France très fertile, l’ensemble agricole du Triangle de Gonesse représente une véritable opportunité en termes d’approvisionnement alimentaire par des circuits courts et de proximité.
Confrontées aux demandes des urbains franciliens riverains, les pratiques culturales devraient évoluer vers une meilleure prise en compte de l’environnement et de la qualité des produits : agroforesterie, polyculture élevage, agroécologie, agriculture biologique, etc… Autant de possibilités de créations d’emplois et de mises en place de formations directement liées à ce territoire. L’avenir reste à définir à condition de ne pas détruire la ressource non renouvelable des sols vivants. Pourtant, c’est ce que la ZAC du Triangle de Gonesse provoquerait sur presque la totalité de la surface.
Les objectifs de la révision du Plu sont :
- Inscrire le territoire dans le projet du Grand Paris.
La préservation d’une pénétrante agricole dans la métropole du Grand Paris remplit cet objectif.
- Permettre l’émergence de projet d’envergure.
Un projet agricole innovant sur l’ensemble des terres du triangle de Gonesse intégré à la Métropole est une initiative du XXIème siècle audacieuse.
- Accompagner le renouvellement urbain engagé afin de répondre au besoin des habitants et de conforter l’attractivité de Gonesse.
Les habitants auront un plus grand linéaire de lisière en laissant rentrer l’agriculture et la nature dans ce territoire très carencé en espaces verts. Gonesse sera d’autant plus attractive qu’elle saura ainsi tirer parti de ce qu’elle a de spécifique : Un triangle agricole très fertile en tissu urbain.
- Prendre en compte le patrimoine naturel dans les projets en préservant les espaces naturels et agricoles
Cet objectif est incompatible avec la destruction des sols vivants affectés à l’agriculture sur le triangle de Gonesse.
Les intentions environnementales (trame verte Nord-Sud, milieux humides, etc.) du Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) et de l’Orientation d’Aménagement et de Programmation (OAP) du triangle de Gonesse sont antagoniques avec la destruction des sols de ce territoire.
Le PLU de Gonesse n’est pas compatible avec le SDRIF
Selon le SDRIF, le Triangle de Gonesse n’est pas un secteur de développement prioritaire alors que pour le PLU de Gonesse c’est l’enjeu principal. Le projet de PLU n’indique pas les solutions étudiées pour éviter ou réduire cette perte de surfaces agricoles. La compensation par classement de N en A des hectares agricoles prévus au PLU de 2006 pour un projet de golf ne peut être considérée comme une réelle compensation. Le SDRIF recommande d’enrayer la prolifération des surfaces commerciales, EuropaCity serait surtout un centre commercial dans un territoire saturé de centres commerciaux. Le SDRIF conditionne l’urbanisation de 300 hectares maximum au maintien d’au minimum 400 hectares agricoles d’un seul tenant. La condition de 300 hectares maximum semble être respectée dans le projet de PLU, mais ce n’est pas le cas pour les 400 ha agricoles. On ne trouve dans le document mis en enquête publique aucune justification de la réalité de l’existence des 400 ha, comme nous ne l’avons pas trouvée dans les dossiers des enquêtes publiques précédentes. Le fort du Merlu, le centre de tir, les routes ne peuvent être comptés comme surfaces agricoles ainsi que la lisière de 11 ha qui est induite de la création de la ZAC et non du carré agricole.
Conclusion :
Pour toutes ces raisons, FNE Ile-de-France exprime un avis défavorable sur le projet de modification du PLU de la commune de Gonesse mis en enquête publique.
Pour le Conseil d’administration de FNE Ile-de-France
La Présidente – Dominique DUVAL
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