La bétonisation s’accélère dans la métropole capitale
Métropole du Grand Paris, JO 2024, appels à projets urbains de Paris ou de la MGP, voilà de bons prétextes que les élus et l’État saisissent pour accélérer la bétonisation de Paris et de sa région. FNE Ile-de-France revient sur les chantiers qui fâchent, les risques évidents de contradiction avec les engagements de l’Accord de Paris sur le climat et sur les combats des associations qu’elle soutient plus que jamais.
Loin de nous l’idée de contester les efforts engagés à Paris pour réduire la circulation automobile, donc la pollution atmosphérique, pour végétaliser les espaces publics, promouvoir des écoquartiers ou encourager le développement des transports en commun. Mais le rythme des nouvelles constructions prend une nouvelle ampleur.
La liste des chantiers qui fâchent s’allonge
Le feu vert a été donné à la multiplication des tours à Paris : tour Duo dans le 13 e arrondissement, tour Triangle dans le 15 e , demain la ZAC Bercy-Charenton et, peut-être, des tours à la Défense. La densification urbaine grignote les trop rares espaces verts et certains équipements sportifs. Enfin, la destruction des serres d’Auteuil et le projet d’Arena II sur le parc de Bercy sont conduits sous le faux prétexte d’accueillir les épreuves des JO 2024.
Hors de la capitale, les installations prévues pour les JO empiètent sur des espaces protégés. En Seine-Saint-Denis, les associations contestent le tracé des futures lignes de métro du Grand Paris Express, notamment les lignes 17 et 18 qui favoriseront la spéculation foncière autour des gares avec des constructions majoritairement dédiées aux bureaux.
En grande couronne, ce sont les terres agricoles qui sont menacées, sur la ZAC de Gonesse comme sur le plateau de Saclay. Malgré un avis défavorable du commissaire chargé de l’enquête publique, le projet EuropaCity est l’illustration de la démesure des investisseurs et d’une stratégie de bétonisation qui bat en brèche toutes les déclarations publiques sur l’autonomie alimentaire de l’Île-de-France ou les « vœux pieux » des états généraux de l’alimentation.
Des contradictions majeures
Tous ces chantiers qui fâchent traduisent une prise en main croissante de l’espace public par les intérêts privés, ceux des promoteurs et constructeurs, au détriment de la qualité de vie des Parisiens et des Franciliens.
Ils contredisent les engagements de la France dans l’Accord de Paris pour contenir à 1,5° la hausse de la température en 2050.
Les déclarations flamboyantes sur « Paris ville durable », sur l’excellence environnementale des futurs JO ou les enjeux du tout nouveau Plan Climat parisien sont-elles destinées à faire passer la pilule ?
Réduire de 55 % l’empreinte carbone aux JO 2024 par rapport à Londres et Rio est-il réaliste avec la multiplication d’opérations génératrices d’artificialisation des sols, de puits de chaleur, de pollution atmosphérique ?
Enfin, l’information des habitants est toujours insuffisante ainsi que le dénonce le collectif Bercy-Charenton et Monts 14 à propos du projet d’Arena II. Quant aux enquêtes publiques, elles sont souvent confidentielles et/ou téléguidées.
Plus que jamais, affirmer nos positions et proposer une alternative
Les armes des associations sont simples : d’abord informer et alerter l’opinion, mobiliser les habitants, bâtir des propositions alternatives comme le projet Carma sur le triangle de Gonesse ou la couverture du périphérique pour l’extension de Roland-Garros.
Et aller plus loin : engager des contentieux comme sur les serres d’Auteuil, les lignes 17 et 18 du Grand Paris Express, la tour Triangle, la ZAC puis le PLU du triangle de Gonesse.
Il ne s’agit pas de déclarer la guerre permanente à la modernité, mais de veiller à la cohérence des engagements et de privilégier un cadre de vie de qualité, seule garantie de la durabilité du développement.
Pourquoi est-ce si difficile à faire entendre aux édiles ?
Muriel MARTIN-DUPRAY
Vice-présidente de FNE Ile-de-France
©DR
Tours Duo - Paris 13ème
Tour Triangle - Paris 15ème