L’écologie populaire au centre de la 29ème étape du Tour Alternatiba 2024 à l’Ile Saint Denis (93)
Au loin, des voix chantent en chœur «on est plus chaud, plus chaud, plus chaud que le climat» et un drapeau «Tour Alternatiba» se distingue au milieu de triplettes, ces vélos à trois places qui surprennent plus d’un passant. Les cyclistes du Tour Alternatiba arrivent sur l’Île-Saint-Denis pour leur 29ème étape de leur tour de France à vélo, une occasion de rencontrer les associations locales PikPik Environnement et FNE Île-de-France et d’échanger autour de l’écologie populaire.
Le Tour Alternatiba 2024 est une mobilisation citoyenne visant à mettre en avant les transformations collectives des territoires en faveur de la transition écologique. À vélo, les volontaires parcourent les régions de France pendant quatre mois consécutifs, de Nantes à Marseille, en s’arrêtant auprès d’associations qui leur ouvrent leurs portes pour présenter leurs initiatives.
Cette 29ème étape a débuté par une visite de l’éco quartier de l’Île-Saint-Denis avec Séverine Delbosq, conseillère municipale au pôle écologie d’une commune qui compte 70% de logements sociaux. L’éco quartier veut allier l’économie d’énergie, l’accès aux espaces verts et favoriser le lien des habitants avec le fleuve. Bientôt va s’ouvrir dans l’éco quartier la future maison d’écologie populaire, un lieu dédié aux habitant.es et outil de soutien aux initiatives nouvelles alliant justice sociale et justice environnementale.
Après les observations, le temps des échanges est venu autour d’une table ronde traitant des initiatives pour l’écologie dans les quartiers populaires. Y ont participé Juliette Caroulle de Alternatiba, Kamera Vesic, directrice de PikPik Environnement, Muriel Martin-Dupray, co-présidente de FNE Île-de-France, et Séverine Delbosq.
Dans un premier temps, Juliette Caroulle dresse un constat: les personnes les plus précaires sont les plus vulnérables face au dérèglement climatique et les moins responsables de cette situation. Elle ajoute: “aujourd’hui, les alternatives existent, nous en rencontrons à travers le Tour Alternatiba. Ce n’est pas un défi technique mais politique qui nous attend, nous devons aller vers ces alternatives pour les rendre systémiques”.
Kaméra Vesic rebondit: “il existe de multiples dominations (classes sociales, genre, race, etc.) donc si on n’a pas une approche systémique, on n’y arrivera pas. Le projet est politique mais apartisan, la politique est dans la vie de tous les jours” et précise que «les problématiques environnementales touchent une certaine catégorie de la population plus que d’autres, tandis que d’autres catégories ont des préoccupations quotidiennes différentes». Selon elle, prendre conscience de cette réalité différente face aux enjeux environnementaux permet d’éviter toute condescendance et stigmatisation envers les habitant.e.s des quartiers populaires, qui ont par ailleurs une empreinte écologique minime.
“L’écologie populaire ne doit pas être condescendante”
Face à ce constat, l’écologie dans les quartiers populaires évolue, tout comme le nombre d’initiatives qui ne manquent pas. La future maison de l’écologie populaire de l’Île-Saint-Denis portée par PikPik Environnement en est un exemple concret, visant à rapprocher les acteur.ices locaux, à se tourner vers eux et à construire des initiatives à partir de leurs réalités. «Il y a des mines de solutions dans les quartiers», conclut Kaméra Vesic.
Table ronde «quelles initiatives dans les quartiers populaires?» animée par Léon Lamotte, animateur du groupe de travail écologie populaire à FNE Ile-de-France.
De son côté, FNE Île-de-France se rapproche du Pacte du pouvoir de vivre, un réseau qui rassemble divers acteurs de la société civile: associations de protection de l’environnement, de solidarité et syndicats autour d’un objectif commun de justice sociale et environnementale. Cette démarche vise à décloisonner les luttes et à promouvoir une approche systémique, où les problématiques environnementales, économiques et sociales sont abordées de manière intégrée. Muriel Martin-Dupray partage “Notre priorité actuelle est d’acculturer les membres de notre réseau à l’écologie populaire, qui prône le dialogue environnemental, dans un cadre plus large et transversal”.
Enfin, la présence en Seine-Saint-Denis a été l’occasion d’évoquer le travail de suivi de FNE Île-de-France concernant l’impact des Jeux Olympiques sur ce territoire. La fédération certifie devoir procéder après les JO à un bilan pour vérifier si les promesses concernant l’environnement et l’héritage en termes de développement durable et de solidarité sociale ont été tenues. Muriel Martin-Dupray complète “nous allons veiller à ce que ces Jeux Olympiques ne soient pas seulement un événement sportif mais aussi un modèle de responsabilité environnementale et de bénéfice durable pour les populations locales en Seine-Saint-Denis”.
Les populations les plus vulnérables face aux aléas écologiques sont celles qui en sont le moins responsables. Cette journée sous le thème de l’écologie populaire a permis de souligner la convergence des enjeux sociaux: il n’y aura pas de justice climatique et environnementale sans justice sociale.
“Soyons les abeilles de l’écologie et butinons les différentes fleurs qui s’offrent à nous” invite Kaméra Vesic de PikPik Environnement. Prenons nos vélos, rejoignons le Tour Alternatiba pour promouvoir les initiatives d’écologie populaire et imaginons ensemble les alternatives politiques qui construiront le monde de demain, écologique, solidaire et juste.